Je n’aurai certainement jamais commencé la série sans avoir lu par hasard que Natsume Ono était l’auteur du manga original. Et, chose rare, le manga est intégralement adapté : pas de fin ouverte ni tronquée à l'horizon. J’ai dans ma bibliothèque Ristorante Paradiso et les trois volumes de Gente. J’ai également lu un one-shot assez lourd mais inédit chez nous, Not Simple. J’ai également vu l’adaptation de Saraiya Goyou il y a quelques années. J’accroche beaucoup au style et au ton très raffinés de cette mangaka. Son trait unique donne à ses personnages un caractère austère et mystérieux. C’est donc ce nom qui m’a incité à voir ACCA 13-Ku Kansatsu-Ka, et même à persévérer car les premiers épisodes m’ont quelque peu décontenancé par leur rythme et leur monotonie.
ACCA, c’est le nom d’une organisation qui assure la paix dans les 13 districts du royaume de Dowa. Le personnage principal, Jean Otus, est un inspecteur d’ACCA chargé de contrôler les activités de l’organisation dans chaque district. Un poste jugé obsolète alors qu’on s’apprête à fêter le centenaire du royaume. Mais la paix est fragile et un coup d’état se profile. On profite de sa petite tournée d’inspection pour visiter les 13 districts de cet étrange royaume.
L’histoire met beaucoup de temps à se mettre en place comme on prend énormément de soin et d’application à poser le contexte, l’organisation du royaume, les relations au sein d’ACCA. Puis la série prend une tournure quelque peu épisodique en se focalisant sur les voyages de Jean dans les différents districts. C’est l’occasion de visiter des régions assez éclectiques, aux paysages et cultures variées. L’ambiance semble toujours bon enfant malgré les complots qui se trament en toile de fond. Un mélange aigre-doux pour le moins étrange et qui se retrouve bien chez notre héros, goutant les spécialités locales, toujours une cigarette au bec… Car si le pain a des senteurs particulières dans chaque district, les tensions politiques dégagent également un parfum propre à la situation de chaque population et à leur façon de considérer le pouvoir royal.
Le héros de cet histoire, Jean Otus, frappe à la fois par ses qualités d’inspecteur et sa maladive nonchalance. Tantôt il fait preuve de beaucoup de flair quand il s’agit d’enquêter par exemple sur une affaire de corruption au sein d’ACCA, souvent il montre un véritable talent d’observation sans émettre d’hypothèses hasardeuses. Bien davantage que sa petite manie de fumeur, c’est son apathie, son caractère réservé qui attire le regard du spectateur, ses mouvements du regard et ses sourires. Autant d’expressions qui font qu’à la fin on trouve Jean plus familier qu’il ne le paraît et on ne doute pas un seul instant des intentions d’un personnage qui s’exprime pourtant très peu.
Mais Jean n’est pas seul dans ce petit univers et les relations qu’il tisse avec son entourage ont souvent un réel intérêt pour le récit. Le spectateur ne passera pas à côté de son admiration pour le général Maure, de son affection pour sa petite sœur Lotta et les fujoshis auront toutes flashé sur sa relation avec son ami de toujours Nino. 12 épisodes ne suffisent pas à approfondir tous ces liens mais malgré tout, on éprouve beaucoup de sympathie à l’égard de chacun et les révélations qui jonchent le dernier tiers de la série ne nous laissent pas indifférent.
ACCA 13-Ku Kansatsu-Ka, c’est l’histoire d’un type profondément amoureux de son pays, de ses différentes cultures. Et à ses côtés, on s’est pris d’affection pour ce petit univers en forme de volatile. Si vous voulez savoir comment la visite de multiples pâtisseries et boulangeries peuvent déboucher sur un coup d’état, donnez sa chance à cette petite série et ne vous laissez pas désarçonner par la lenteur des premiers épisodes. Les derniers sont suffisamment riches en péripéties et révélations pour qu’on s’y replonge plus tard, comme on redéguste avec plaisir un bon vieux millésime, comme on tire avec délectation une bouffée de cigarette.