"Pourquoi s'embêter à parler de quelque chose dont tout le monde se fout?" Telle est la question qui m'est parfois posée par un collègue à laquelle je lui réponds : "Parce que si j'en parle peut-être que ton tout le monde s'en foutra un peu moins."
Rokudenashi majutsu koushi to kinki kyouten, pour faire simple Akashic Records, n'est pas un anime qui a spécialement retenu mon attention, à moins de débattre des heures interminables sur le pourquoi d'un nom aussi long (blague qu'on ne fait plus). En plus, ce n'est pas ma tasse de thé. Je me souviens l'avoir regardé à l'époque saisonnière en deux temps : d'une traite pour les 6 premiers épisodes, et chaque semaine pour les suivants. Elle était divertissante, c'est-à-dire un peu drôle, distrayante, un poil intéressante et peut-être même entraînante. C'est pour toutes ces raisons que je ne l'ais pas critiqué, à commencer par le simple fait que je ne ressentais pas l'envie d'écrire à son sujet. Mais ce n'est pas parce que je n'ai pas critiqué cette série que je n'ai pas d'opinion, et que sous-entendu elle n'en mériterait pas.
Il est vrai qu'à en juger a priori par l'affiche, le synopsis et les tags, ces 3 fameux paramètres que je dirais pour rire extrêmement fiables, je rangeais l'anime dans le troisième panier. Pour donner une idée de mon tri habituel, le premier panier recense les "à voir absolument", le deuxième les "ptêt ben que oui, ptêt ben que non, faut voir ce que ça donne", le troisième les "pfff laisse tomber, peut-être plus tard" et le quatrième les très brefs et expéditifs "NON!". Après, j'ai des surprises, y compris dans les "NON!", notamment Steins;Gate à qui j'avais collé un râteau au moins 2 fois et aujourd'hui je brûle un cierge en son honneur ... c'est évidemment une blague.
Puisque le souci de la transparence sur ma sincérité est de rigueur, comment ais-je évalué le potentiel de cette série à partir de ces paramètres? À force de regarder de la japanimation, j'ai vu de nombreux école-fantasy-magie-comédie-ecchi et compagnie qui tendent invariablement à la même chose et n'apportent pas grande originalité d'où mon choix du panier. Je suis malgré tout souvent attiré comme certains de mon entourage qui raffolent de ces animes. Ils sont pourtant parfois les premiers à les qualifier, comme pour se moquer d'eux-mêmes afin de retirer tout crédit à ceux qui le feraient, d'abrutissantes, stupides, consuméristes et j'en passe. Avoir du monde autour de soi qui regarde aide à regarder soi-même. Intrigué après quelques échanges, on finit par y jeter un œil. Comme ça tout simplement! D'autres ne suivent que si c'est la hype! La vague! Le tendance! Le populaire! Et tout ce qui est digne de recevoir un avis. Le reste? Du tout, on n'en parle pas! On crache dessus sans avoir de raisons, on fait silence sur le sujet, on refuse même d'écouter. Les goûts et les couleurs je veux bien mais le déni je ne peux pas accepter.
Mais bref, je m'égare. De quoi parle Akashic Records? Glenn Radars, un ancien mage impérial est forcé par une amie à remplacer un professeur dans son école de magie. Embêté de sortir de sa longue période d'inactivité, en exerçant de plus dans un milieu avec lequel il ne veut plus se mêler, il refuse de jouer le jeu. Pour notre plus grand plaisir, le professeur ne fait rien de ses cours. Sa glandouille exaspère au plus haut point ses élèves privés d'enseignement. En première ligne une fille du nom de Sistine a de quoi se faire des cheveux blancs car elle y mise son rêve, poursuivie avant elle par son grand-père, en prenant très au sérieux ses études de magie. Le début est donc très amusant. Le protagoniste adopte un comportement enfantin et a cours des discussions des attitudes arrogantes, provocatrices et blessantes. En face, on assiste à des crises de nerfs, des incompréhensions et des stupéfactions devant le si peu de sérieux du personnage sensé être leur professeur, adulte responsable et exemple à suivre. Franchement, je me suis fendu la poire et j'ai trouvé que ça faisait une très bonne accroche pour changer du lot habituel.
Les auteurs de ces fantaisies aiment nous vendre des personnages plutôt arrogants, assurés et excentriques, parfois égoïstes sans gêne voir malicieux, et maîtres dans l'art du combat dès le départ. Ce n'est pas le héros classique avec "gentil" écrit sur son front. On essaie de nous faire croire que tout est bien plus nuancé chez lui car il a un "passé sombre", un "passé tragique" qui le tourmente et qui fait de lui aujourd'hui un personnage pas très recommandable ou bizarre ou mystérieux ou ce que vous voulez bien qu'il soit. Bien entendu, le bon fond du personnage demeure, celui-ci a toujours une bonne intention dans tous ces actes et a le souci de faire passer les autres avant lui. Le caractère "gentil" du personnage se démontre très rapidement par la résolution du premier problème en même temps que nous faire découvrir ses talents et son arrogance dont on raffole toujours.
Il est vrai que la tactique marche parce que je ne peux m'empêcher d'être curieux sur le pourquoi du comment mais au final ça ne change pas grand chose. L'absence d'évolution du personnage, ce qui est assez logique vu le train auquel l'histoire avance, est suppléé par la découverte de qui il est; en observant ce qu'il fait, ce qu'il dit, et ce que certains s'apprêtent à lui faire, ce qui stimule fortement l'intérêt qu'on peut avoir pour la série. Et j'ai bien dit qu'on peut avoir. Les goûts et les couleurs vous savez... On ne sait rien sur Glenn que des dires ci et là par ses amis et ennemis avant d'avoir une meilleure idée grâce aux indispensables flashbacks, discussions avec des anciennes connaissances et le petit aveu final qui boucle son pedigree. Et c'est pas si fameux qu'il est suggéré au départ. En vrai, je trouve qu'il n'a rien d'extraordinaire ce Glenn que ce que l'histoire tend à nous faire voir de lui.
Bizarrement, je trouve cela plutôt pas mal. D'habitude, on finit par découvrir que le personnage était impliqué au cours de sa vie dans des évènements propres à changer la face du monde et qu'il y jouait une place essentielle, si ce n'est limite que le monde reposait sur ses épaules. Là, c'est peut-être le cas, ça a l'air d'être carrément le cas. Pourtant, j'ai plus l'impression que Glenn ne savait pas vraiment dans quelle tambouille il était par le passé, et qu'il est de nouveau à son insu aujourd'hui plus dedans qu'il ne l'a jamais été. Je dirais que Akashic Records est grosso modo le quotidien pas très envieux d'un prof qui est mage de secours improvisé à mi-temps, s'amuse avec ses élèves et touche sa précieuse paie à la fin du mois.
Ce qui est justement dommage c'est que la série ne profite pas de cette situation initiale pour faire un ascendant car elle n'apporte rien de palpable à l'intrigue principale. L'anime donne très peu d'informations sur les fameux Akashic Records, donnant le titre à la série quand même, en les citant 2 ou 3 fois et en ne disant même pas ce que c'est! J'étais étonné de voir sur le net que ces Akashic Records existent réellement, associés au bouddhisme et au mysticisme, ce qui aurait pu se révéler fort intéressant vu les enjeux présents dans la série. Dans le même temps, c'est pareil pour l'organisation ennemie. Les évènements nous montrent ce dont les personnages ont besoin et qu'ils visent quelque chose en lien avec ces Akashic Records, mais sans nous éclairer en quoi cela consiste. On a des scènes de combat entre mages qui ne sont pas terribles, des petits sauts par ci par là, des répliques standards mais je vous rassure pas beaucoup d'effets de lumières atroces qui seraient là pour illustrer leur puissance. Mes yeux sont sauvés du massacre. C'est plutôt bête, parce qu'a posteriori je n'ai pas saisi ce que veulent les antagonistes. Je devais assister impassible au rire d'une maid folle. Alors, ou c'est moi qui devrait plus souvent me laver les yeux, ou c'est qu'on retrouve encore une fois ce problème récurrent qui est de faire paraître sans qu'il y ait vraiment quelque chose. Il n'empêche que ça tient la route et les épisodes se suivent en fournissant le divertissement hebdomadaire correcte.
En parallèle de ce manque d'informations, l'histoire en profite pour nous balancer les duels scolaires sans traiter vraiment l'univers magique, même s'ils s'inscrivent très bien dans le développement des péripéties, et non pas comme des évènements isolés du reste de l'histoire. Des petites explications sympathiques et cools sur l'utilisation de la magie nous donnent l'illusion d'une matière bien construite, en essayant d'y introduire, il semblerait, un peu de morale qui tente de faire un bout de chemin dans tout ça. Même si la série a su jouer sur ces quelques atouts en nous invitant à lire le light novel, elle fournit trop peu d'éléments à mon goût pour me pousser à suivre l'histoire.
Un autre problème que j'identifie est que, comme tout se centre sur Glenn, les deux autres personnages ne m'ont pas intéressés du tout. Seul le fruit de leurs interactions avec Glenn, et donc par là l'histoire, valait la peine de les supporter. Je dis "supporter" mais elles ne sont pas spécialement ennuyantes ... enfin elles sont juste ordinairement ennuyantes. Avec le temps, j'ai fini par m'y faire. On sait peu de choses sur elles, elles ne s'affirment pas en cours de route et elles sont affectées à un rôle bien précis comme on a l'habitude de le voir dans ces séries. L'une tsundere et shironeko tombe amoureuse de Glenn tandis que l'autre serait une adorable petite sœur à protéger des vilains méchants qui décidément veulent tous lui faire la peau.
Dans l'ensemble, le visionnage des 6 premiers épisodes déjà parus quand j'ai débuté a été facile, alors que j'ai peiné à regarder les suivants au fur et à mesure de leur parution. Je pense que le fractionnement du visionnage y est pour quelque chose. Cependant et vraisemblablement ce n'est pas le motif déterminant parce que je partais avec enthousiasme. Le contenu de la seconde moitié de la série s'avère beaucoup moins entraînant. Je constate une énième fois qu'il n'y a pas vraiment ce que je recherche ou plutôt que ce que je ne veux pas y trouver. L'introduction d'un autre personnage casse le rythme. Certains apprécieront éventuellement mais je ne suis pas friand de ces passages inattendus ... slice of life? Ça alourdit la trame, fait péter le compteur moe, fournit une dose de sentimental et d'amitié et me refait maudire dans mon fond intérieur ces séries alors que je recommençais à les apprécier une énième fois avec celle-ci. Le passage n'est pas inutile, on ne peut pas le retirer de l'histoire vu qu'il s'inscrit tout de même dans l'intrigue. Mais comme je vous ais dit que je doute ce qu'est réellement l'intrigue, je ne sais pas vraiment si c'est indispensable. Quant aux épisodes finaux, ils présentent un dénouement, si je peux me permettre, qui est correcte et qui est là pour nous faire passer le message que Glenn commence une nouvelle vie et rompt définitivement avec son passé. Pour mieux l'affronter sans doute mais comme la série se termine, je dirais que c'est un happy end. Sayonara Akashic Records, sympa de t'avoir connu.
Pour conclure, Akashic Records n'est pas terrible, je ne suis pas surpris. J'y retrouve la même musique mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas apprécié. Même si c'est pour redire et re-redire la même chose, je ne pense qu'elle ne mérite pas qu'on ne parle pas d'elle, et quel que soit l'avis. Je comprends ensuite qu'elle puisse ne pas attirer des foules pour émettre une opinion. Il se peut que cette critique, je l'avoue un peu impertinente, fera sourire un collègue impertinent qui pensait que je n'aurais rien eu à dire dessus parce qu'il n'y aurait "rien à dire". Or ce n'est pas le plus important d'amener ici mes petites querelles de gamins dont "tout le monde se fout", même si je le fais quand même. Je prends toujours plaisir à rendre service à la communauté animekunienne sur ce que je veux et quand je veux en écrivant, encore et encore, sur des "séries dont tout le monde se fout" par la proposition d'une lecture et d'un avis dont "tout le monde se fout". Je ne remets le jugement à tous mes lecteurs que de leur qualité et non pas de leur soit-disante "utilité".
Au plaisir d'être inutile.
PS : Prends ça dans les dents Bob (je t'ai choisi un pseudo, tu l'aimes bien?).