Ame to Shôjo to Watashi no Tegami - Comme une lettre à la poste.

C'est un peu par hasard que je suis tombé sur ce "très, très court-métrage" comme le dit le sous-titre. Mais bon, entre deux épisodes d'une série beaucoup plus longue et pas forcément très intéressante, je me suis dit : pourquoi pas?

Ame to shôjo to watashi no tegami est l'oeuvre d'un amateur, et il est bon d'avoir ça en tête avant de commencer. L'histoire, qui se place du point de vue de Katari, une jeune fille amoureuse qui ambitionne de devenir romancière, n'a rien de bien palpitant. En six minutes, nous avons les monologues intérieurs de la jeune fille sur ses sentiments, une rencontre, et puis c'est tout. Et ça se suffit très bien à lui-même. Il n'y avait ni trop, ni pas assez. Le ton est juste, il n'y a pas d'anicroche et l'héroïne, malgré se présence limitée, m'a attendri. Un juste milieu que l'auteur a su trouver mais qu'il a malheureusement assez mal orchestré, notamment au niveau du rythme. Les premières minutes, surtout, m'ont assez dérouté. Alors que l'ambiance (très réussie) est plus dirigée vers un aspect calme, contemplatif; le réalisateur enchaîne les plans, donnant un côté saccadé au début de ce court-métrage. Cet effet ne convient vraiment pas à cette mélancolie ambiante, et même, dés-harmonise l'ensemble. Cette impression est renforcée par la doubleuse principale qui débite ses paroles sans temps mort. Sincèrement, l'auteur aurait dû rajouter ne serait-ce qu'une minute histoire de prolonger ses plans (et la doubleuse aurait dû boire un petit coup pour se calmer un peu...). Bref, il s'agit du seul défaut véritablement gênant lié à l'histoire, le reste (comme la petite-fille) n'amenant pas directement d’interrogations puisque nous nous cantonnons aux pensées de notre écrivaine en herbe (la petite-fille restera une cliente de sa boutique malgré son étrange apparence et ça me convient parfaitement).

Bref, nous avons une histoire et des personnages agréables, et malgré cette erreur au niveau du rythme, tout est bon. L'aspect technique, par contre, présente une véritable rupture. La première chose qui frappe lorsque l'on regarde cette oeuvre, est la qualité des décors et de la lumière. C'est beau, détaillé, inventif. On se retrouve dans un univers steampunk très agréable, que j'aurais volontiers explorer plus longtemps. Les tons marron et ocre, le gris, les effets de lumière... Tout cela rend vraiment bien à l'écran et il s'agit sans nul doute de la plus grande réussite de l'auteur. Les objets ne sont pas en reste, avec notamment les horloges et les livres, très réussis. La 3D est par ailleurs bien intégrée, avec notamment l'emploi du cell-shading par ci-par là. Dommage par contre que les personnages soient complètement loupés. Le visage de la petite fille ne ressemble pas à grand-chose, les expressions vont au plus simple... Et le cell-shading, utilisé constamment pour l'animation des personnages, est assez visible. Ah bah tiens, justement, l'animation. Ouhlà, le grand écart! Si on compare avec la qualité des décors, on pourrait croire qu'il s'agit d'une personne complètement différente qui s'en est occupée. Même les courtes animations peu travaillées en flash rendent mieux. Ici, nos personnages n'ont pas d'articulation, ça fait un peu bizarre... Ce sont des bâtons un peu plus gros que la normale tâchés de couleurs. D'où la présence d'une majorité de plans fixes et serrés, j'imagine...

Mais quand bien même, pour une première oeuvre, c'est une petite réussite. L'auteur a tout de même réussi a insufflé une ambiance propre à Ame to shôjo to watashi no tegami, et ainsi, une identité, ce que peu de séries peuvent se targuer. Les défauts cités précédemment lui donnent un certain charme, et j'affirme ne pas avoir regretté le voyage. Allez, elle est pour quand votre prochaine oeuvre, monsieur, histoire que j'admire vos progrès?