AVERTISSEMENT : cette critique concernera les 3 saisons d’Ani*Kuri.
Ani*Kuri 15 ou l’art d’innover. En effet, au bout des 15 minutes de cette série de court-métrages d’une minute chacun, le premier mot qui me vient en tête c’est « renouveau ». Chaque petit épisode, avec à leur tête un auteur différent, est l’occasion de nous présenter un tout nouvel univers aussi bien scénaristique que graphique. Mais sur 15 travaux si différents, le constat final est bien disparate.
Les intrigues s’approchent généralement plus du concept, c’est bien normal, en une minute chrono, difficile de réellement installer quelque chose. On a de ce fait certains épisodes dont on ne comprend absolument rien à l’idée proposée, à tel point qu’ils en deviennent ennuyant, sans intérêt malgré leurs autres particularités. Mais sur 15 essais, il en fallait bien des réussis, et certains sont donc excellemment bien pensés. 60 secondes apparaissent alors comme bien courtes tant on aimerait en voir plus et, par exemple, la minute décernée à Shinkai Makoto est une minute très bien remplie dont on se demande tout le long où veut en venir l’auteur avec son chat. D‘autres adoptent la forme d’un clip musical, d’une main qui dessine, d’une succession ultra rapide d’images et le résultat totalement hétérogène est finalement très agréable.
Question esthétique, même mixité et même impression mitigée. On aura d’un côté des œuvres superbes, aussi bien dans les couleurs, qui peuvent varier entre le psychédélique et le poétique, que dans les décors où les visages. D’un autre on a ce que je qualifierai d’immonde et imbuvable, et ce n’est pas faute d’avoir essayé (exemple flagrant, on a deux tentatives d’utilisation de la 3D, l’une rend une copie propre parce qu’elle a opté pour une tendance plus artistique dans ses couleurs, l’autre est ignoble parce que l’auteur s’est contenté de livrer une 3D digne du début des années 2000). D’autant que si le graphisme a trop de mal à plaire, on finit par décrocher. Enfin, il y a ceux qui ne prennent aucun risque en se cantonnant à leur style habituel et, aussi beau soit-il (Satoshi Kon, Shinkai…), ça déçoit un peu. Heureusement l’idée de base qui sert de fil conducteur rattrape ce manque d’inspiration pour cette dernière catégorie.
Pour terminer, un mot sur l’ambiance musicale. Tantôt apaisante, elle laisse facilement place à la frénésie (le passage sur les studios Gainax) en passant par la chanson sympathique (cf le clip d’Akemi). Un peu de tout donc histoire d’achever ce melting-pot des influences.
Une critique assez courte au final pour un travail qui semble conséquent. Ma réaction quant au visionnage de ce vaste projet qui a su rassembler de grands noms de l’animation japonaise et sans aucun doute positive grâce à quelques très bons moments passés. Mais il est aussi largement atténué par d’autres passages qui se veulent novateurs mais parfois à la limite du regardable et dont on ne comprend pas bien l’émotion recherchée, parfois même l’histoire racontée, ce qui est plus que pénalisant pour l’ensemble. Aussi une note est juste impossible à octroyer à ce genre de court-métrage, court-métrage que je vous conseille d’ailleurs de voir, rien que pour certaines prestations, et puis 15 minutes c’est bien peu de temps.