Anohana demeure l’un des animés les plus édifiants et atypiques que l’univers de l’animation japonaise aura connu ces dernières années.
Avant-propos : les thèmes principaux concomitants au film et à la série ayant déjà été abordés dans une de nos précédentes critiques, celle-ci se veut différente dans son traitement.
Sorti depuis le mois d’août dernier dans les salles japonaises puis le 5 mars suivant en blu-ray, le film d’animation Anohana : "The Flower We Saw That Day" ainsi que l’animé de 2011 n’ont toujours pas connu les joies d’une licence outre-manche, pour un manga qui pourtant pourrait parfaitement trouver son public - succès d’estime aussi bien pour le long-métrage que la série au Japon - et qui comporte des atouts indéniables, dont les qualités techniques et scénaristiques suffisent à en être la gageure.
Sur la forme, le métrage jouit d’autant, voire plus de qualités que son aînée tant un soin très particulier a été apporté au rendu final. Le character-design des personnages et le background sont travaillés (travail que l'on doit au dessinateur du dernier Shinkai), aussi bien pour les nouvelles scènes ajoutées au film que pour une ou deux scènes reconstituées de la série, notamment la rencontre de Yadomi et Menma, le tout accompagné par des soundtracks toujours de qualité (mêmes thèmes que l’animé sans compter un nouveau couple opening/ending sublime du même groupe japonais que l'opening de la série, Galileo Galilei) qui s’inscrivent avec brio dans un script et une intrigue qui ne sont définitivement pas les seuls points forts à mettre en lumière.
Les personnages alternent tantôt apparence adolescente (moments actuels) tantôt enfantine (souvenirs nostalgiques de l’enfance) qui s’ancrent avec appuie dans un décor qui demeure généreux en cascade de couleurs. On retrouve également à nouveau le fameux pont de la ville où a grandit l’excellente scénariste à l’origine de l’œuvre, Mari Okada.
Prenant place peu de temps après l'ascension de Meiko Honma au ciel, le film suit les cinq amis, une année après les évènements liés au fantôme de la jeune fille. Ces derniers décident chacun d’écrire une lettre à cœur ouvert à "envoyer" à cette dernière qui garde une place très présente dans leur esprit et réside à ce jour dans leurs souvenirs, vies et sentiments.
Ces scènes ont ainsi pour double objectif de nous donner un aperçu de ce qui s’est produit après l’expérience surnaturelle du groupe, l’ensemble couplé de flashbacks et agissant comme une sorte d’encadrement au film. En général, ces moments sont intéressants puisqu’ils prolongent la pensée des personnages et se déroulent sous forme de cycle, passant tour à tour de personnage en personnage. On retrouve dès lors par exemple Tsuruko qui, à l'occasion d’une peinture, nous livre ses pensées sur son rapport à son amie disparue, aux joies de leur enfance vécue et les évènements qui se sont produits durant l’année qui vient de s’écouler. De même, le personnage de Anaru n’est pas oubliée , elle qui a du mal à écrire une lettre à son amie en raison de ses sentiments pour Jintan.
La nuit tombée, les protagonistes se retrouvent tous ensemble pour se remémorer les évènements de cette année et leurs souvenirs partagés. Ainsi, l’acte par lequel est transmis les missives se trouve être la fumée, résultat de la combustion des lettres par le feu allumé pour cette occasion. Une fumée qui monte jusqu’au ciel apportant une certaine touche de nostalgie, mélancolie synonyme d'espoir pour le groupe que leurs écrits puissent trouver écho auprès de Menma, là où elle se trouve.
Un prologue et un épilogue de qualité
Outre les scènes liées à l'épilogue, des passages concernant l’enfance et les moments de jeux des protagonistes ont été occasionnellement dispersés durant tout le long du film. A titre d’exemple, des scènes sur la rencontre entre Menma avant son décès et ses futurs amis durant leurs péripéties quotidiennes ou encore la création de leur base secrète sont autant mises en exergue et apportent du baume au cœur au spectateur et/ou aficionados de l’animé.On comprend dès lors que Menma était le centre, le poumon de toute l'action du groupe, son impact et ses effets sur tous ses amis se ressentent à la fois avant et après sa mort. Ces scènes préliminaires ont servi à introduire le rôle et la place de la jeune fille dans le groupe et dans la construction de ce qui sera leur fameux clan, les « Super Busters Pacifique » à leur base secrète mais a également et surtout permis de mieux cerner le lien connexe, puissant qui unifiait Jintan et Menma (le passage de l’escalier, les « Nokemon » etc.) pour comprendre les éléments qui en ont découlé (la promesse de la petite fille à la mère de Jintan ou encore les sentiments de Yadomi refoulés et le regret de ses dires le jour de l’accident).
Le point culminant - à la fois du métrage et de la série – ainsi que les scène d’épilogue et de prologue sont reliées par un thème commun : le jeu de cache-cache. Cette intensité narrative, loin d’être une fantaisie enfantine reprise inopinément accentue l'émotion ressentie face à la situation et se veut une reprise du final de l’animé, sublimement complétée puisque l'on voit ici les actions de la jeune fille lors de la partie, avec la rédaction des lettres qui fait suite aux souvenirs les plus chers de Menma.
Plus que cela, le jeu dans le prologue et l'épilogue a un effet positif en ce qu’il montre des parallèles entre Anaru et Menma dans le déclic de ce qu’elles doivent écrire de plus sincères dans leur lettre.
Le film connaît par ailleurs la reprise de quelques scènes majeures directement issues de la série TV. Ces dernières sont habituellement racontées par celui ou celle qui écrit sa lettre à Menma et sont utilisées pour montrer comment le retour fantomatique de celle-ci a affecté le personnage dont il est question.Ces souvenirs apparaissent dès lors comme de la nostalgie affective pour le connaisseur du manga et c’est avec un réel plaisir que nous revoyons ces éléments.
En Conclusion
Anohana ne fonctionne ici ni comme un film autonome ni comme une totale suite indépendante donnée à la série. Néanmoins, pris au coup par coup, il demeure un excellent prologue et épilogue qui viennent parfaitement compléter le film entrecoupé par les flashbacks fort en émotion de la série TV.
Un métrage à voir absolument pour les nostalgiques de la série tant il se révèle une vraie merveille de douceur, de tranquillité et d'apaisement !