La révolution est en marche : la célébrissime doubleuse Rie Kugimiya va repousser les limites de son expérience personnelle et de son évolutif talent pour, cette fois-ci, attention mesdames et messieurs, interpréter le rôle d’une petite-tsundere-planche-à-pain-à-longs-cheveux. Oubliez tout ce que vous avez vu dans Zero no Tsukaima, Dragon Crisis ou Toradora, ou tout le reste, car rien ne sera plus pareil. Comble, elle sera de plus accompagnée d’un ado timide au cœur pur dont elle POURRAIT tomber amoureuse, mais ça, qui pourrait le deviner!
Bon mettons de côté les sarcasmes d’otaku blasé, et efforçons-nous d’expliciter avec une certaine sagesse analytique, pourquoi c’est un peu de la merde ce truc.
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Cette gamine clichée dont je vous parlais, c’est cette-fois Lotte, une princesse succube. Oui vous avez bien entendu, une « succube ». Après s’être dit que les vampires étaient un peu trop popularisés (voir carrément old-fashioned), les japonais se sont tournés vers d’autres créatures mythiques pour les commercialiser. Dans nos légendes, ces bébêtes séduisent les êtres humains de leur sexe opposé en revêtant une forme humanoïde ultra irrésistible pour manipuler nos désirs (on parle d’incube pour les succubes masculins).
Ici ces créatures ne sont nullement maléfiques ou manipulatrices, et ont comme particularité physique des oreilles d’elfes et la queue clichée des habitants de Deviluke (référence littéraire). Si elles ont besoin, tout comme les vampires, des humains pour survivre, elles ne doivent pas sucer leur sang, mais bien pomper leur sperme. Disons les choses comme elles sont. Romantiquement, ça donne : « s’abreuver de leur essence de vie », si vous voulez traduire cette série.
Oui au départ ça surprend comme scénario, mais étonnamment ils arrivent à rendre la chose assez puérile pour la vendre à des gamins : stratégie commerciale. Les succubes doivent donc se ressourcer chaque nuit avec un partenaire de leur choix, cruel mode de vie. D’un point de vue masculin mature, je dirais que ces monstres semblent plus sympathiques que les vampires, puisqu’après tout les deux partenaires y trouvent leur compte, et c’est la paix dans le monde…
Lotte a atteint l’âge où elle doit recruter des mâles pour former son harem, afin d’avoir toujours un joujou à proximité pour vivre une belle vie de succube. Mais l’insouciance et la pureté de son âge l’empêchent d’accepter les nécessités de sa nature. Bref, un tableau de fond bien dégueulasse à première vue, mais édulcoré par l’inévitable puérilité des animes de ce jour.
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La « subtilité » de cette œuvre, c’est de toujours faire ressortir le sentimental dans une situation qui semble absurde et licencieuse, de façon à la rendre adaptée à toutes moyennes d’âge. Ils n’hésitent pas à jongler avec toutes formes de notions inconvenantes : fellations, nymphomanie, pédophilie, inceste, harems, pour ne citer que ça. Mais sans jamais tomber dans le tragique punitif chère à l’Antiquité (genre Phèdre) : tout est pris avec une grande légèreté, et un romantisme qui dédramatise les situations.
Une campagne pour le sexe auprès des plus jeunes ? Une dédramatisation de l’acte pour les gens qui y voient encore le mal, le vice ? Un moyen de recrédibiliser les naissances, les gosses, l’amour parental, auprès d’adolescents désillusionnés ? Je ne sais pas trop, mais l’originalité du concept m’a séduit au départ. Ils prennent le taureau par les cornes, là où ça peut choquer, là où ça peut sembler immoral, pour donner au sexe une valeur poétique. Quand je sais que cet anime s’adresse à de jeunes otakus en recherches de repères, je trouve cela adroit.
Enfin on peut passer à autre chose, on tourne la page après le lavage de cerveau moralisateur foireux des pièces de Sénèque ou Sophocle : la morale évolue, le sexe n’est pas le mal. D'ailleurs dans cet anime, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, il n'y pas de morale de bienséance.
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Malgré l’originalité éventuelle, on ne pourra crier au génie, car tout ne respire finalement que le fan-service. C’est bien mon genre de toujours voir plus loin que l’œuvre, d’interpréter un peu trop, mais là je resterais lucide.
Forme très gamine, chara-design/génériques/décors simplets, vus et revus. Histoire clichée malgré tout, dénouement raté. L’avantage de Zero no Tsukaima, c’est que au moins on avait 3 saisons pour faire « évoluer » les relations entre les deux personnages principaux ; ici on a que 12 épisodes…
Anime sans vraiment d'intérêt, autre que celui relevé à propos de la bienséance méta-sexuelle. Histoire trop classique, trop évidente, que j'ai d'ailleurs déjà oublié.
Mais bon, c'est mignon, ça fait pas de mal.