Le défenseur du diable..ou du vampire ?

Strike the Blood, c'était un peu la série de cet automne 2013 que j'avais à coeur de suivre, épisode par épisode, semaine par semaine, sans réellement lui reconnaître de véritable qualité et en lui admettant même de nombreux défauts.

Tout d'abord, Strike the Blood c'est quoi ? L'histoire prend place dans le District des Démons, une île au large du Japon alimentée en énergie par des "veines de dragons", et où sont rassemblées toutes sortes de créatures fantastiques, et il y en a pour tous les goûts : vampires, magiciens, alchimistes, lycanthropes et j'en passe. Dans ce joyeux bordel de monstres, on retrouve Akatsuki Kojou, un adolescent qui s'est récemment retrouvé en possession de pouvoirs faisant de lui le 4ème Fondateur, le vampire le plus puissant du monde. Habitué jusque là à n'être qu'un simple humain, il va cumuler sa malédiction d'immortalité vampirique, et ce qui va de paire, avec l'arrivée de Himeragi Yukina, une gamine de 15 ans envoyée par une organisation top-secrète-mystérieuse-de-la-mort-qui-tue pour le surveiller et s'assurer que ses pouvoirs ne s'éveillent pas et qu'il reste inoffensif.

On a un pitch de départ assez sympa, et je dois dire que de mon point de vue, le rendu de l'univers est pas si mal, en fin de compte. Il y a matière à faire un scénario énorme dans tous les sens mélioratifs du terme, tant les possibilités offertes par la diversité de type de personnages, d'institution où de lieux est grande. Mais malheureusement, l'anime stagne dans une progression par arcs allant de 3 à 5 épisodes chacun, ce qui empêche de développer sérieusement un monde qui le mériterait pourtant. Premier gâchis.

Niveau personnages, on a quoi ? Akatsuki Kojou, le fameux 4ème Fondateur qui a hérité de pouvoirs vampiriques. Au début, le côté un peu paumé du mec est assez crédible : donnez-moi l'immortalité, des pulsions sanguines, des familiers géants et des assassins aux trousses et je peux vous assurer que je saurais pas trop comment gérer le problème. Mais au fur et à mesure des arcs, et pour le coup ceux-cis sont censés accélérer la maturation du personnage,et alors même que tous ses potes lui répetent à longeur de temps qu'ils sont avec lui, Kojou se retrouve toujours dans les mêmes situations relevant du fan-service, a toujours les mêmes doutes, et se retrouvent toujours à jouer la même scène dans les combats :

"J'arrive en mode badass, je fais peur à tout le monde. Level-up du méchant, je suis en difficulté, Himeragi vient à mon secours. Mince, on est toujours pas assez forts..."vas-y Sempai, prends mon sang". Arrivée d'un familier surcheaté, victoire écrasante et fin de l'arc".

C'est très réducteur comme scène, surtout qu'encore une fois avec la diversité de pouvoirs mis à disposition il y avait largement moyen de faire mieux, beaucoup mieux.

Ensuite, on a Himeragi Yukina. Chamane épéiste de la société secrète du Roi Lion de son état (sisi, le Roi Lion), elle n'en reste pas moins une gamine de 15 ans : malgré des premiers, mais tout premiers abords, où on pouvait deviner une psychologie sympa pour une jeune fille chargée de grandes responsabilités (plus puissant vampire du monde, please) on voit très vite son côté dur la transformer en tsundere des plus basiques. Elle n'est qu'une humaine, mais a en sa possession une arme lui permettant d'annuler toute magie. Ça vous dit rien l'annulation de magie comme atout principal ? Tant pis, je vous parlerai pas de Toaru Majustu No Index...N'en est-t-il pas moins qu'elle se retrouve à habiter juste à côté de chez Kojou, et que très vite elle se rapproche de lui, sans jamais vouloir avouer ses sentiments, préférant toujours engueuler son bien-aimé. Mais attention, quand il faut, elle se révèle bien évidement être toute mimi devant son Sempai d'amour, allant jusqu'à lui donner son sang plusieurs fois !

On va passer le reste vite fait, parce que le duo principal Akatsuki/Himeragi prend toute la place dans l'animé, au point de pas laisser sa chance à d'autres qui auraient sûrement bien mérité d'être mis plus en avant, Asagi, Nastuki et surtout Motoki en tête. Au fil des épisodes, un harem bas de gamme se met en place puis s'agrandit petit à petit, constitué essentiellement de jeunes vierges au coeur pur ayant des tendances tsundere. D'habitude, dans un harem on a le droit à tout, bah là c'est comme ça, ceux qui sont pas contents tant pis pour eux.

Le rendu visuel et acoustique, c'est bien au moins ? Comment vous dire...oui, mais non. Enfin pas tant que ça, quoique si des fois, mais en général bof. Bof bien là, bof pas super ici. Moyen sur une moyenne, bon par moment, dégueulasse parfois. Vous me suivez ? On aura beau critiquer certains aspects de l'anime, Strike the Blood reste une production 2013/2014, et de ce fait le rendu couleur est plus que passable. C'est lumineux, c'est coloré, on a de beaux effets spéciaux (je pense notamment aux cercles magiques et la lance de Yukina). Les décors se font oublier tandis que le chara-design est mitigé : très bon pour certains, à la limite de la caricature pour d'autres. L'animation reste assez faible pour un anime aussi récent, et ça reste pour moi un défaut majeur : on peut pas prétendre à un anime où ça bouge si l'animation ne suit pas. La réalisation par contre, je n'ai rien à y redire, on a même le droit à certains plans assez spectaculaires, et d'autres franchement sympas dans les openings et endings. La musique est présente, mais à la limite de la musique de chambre qu'on oublierait vite. Je veux dire, je les ai en tête 2 jours après, mais sur le moment j'ai toujours la réflexion "Tiens, sympa le thème". Les openings et endings, malgré une certaine dose de fan-service, s'en sortent avec les honneurs, pour dire j'ai regardé chaque épisode intégralement, là où d'habitude je saute opening et ending.

Pour finir, j'en reviens à l'introduction de ma critique : Strike the Blood, c'est un des animes que j'ai pris le plus de plaisir à suivre ces derniers temps, bien que les défauts qui lui sont associés soient légion. C'est vrai que tout développement intéressant est bloqué par ce foutu fan-service.On ajout une animation faible, un rythme saccadé, un rendu irrégulier, un gâchis non négligeable d'un potentiel monstrueux au profit d'un fan-service lourd et dérangeant (pour changer) , mais malgré tout l'anime a son petit lot d'epicness, de moments sentimentaux et une fin franchement bien faite, peut-être annonciatrice d'une future deuxième saison.

A mon humble avis, la série s'est perdue dans sa propre ambition de vouloir faire de tout pour rassembler un maximum de monde, et s'est finalement noyée dans le gâchis qu'elle a de ce fait occasionné.

Strike the Blood est là pour divertir, Strike the Blood divertit. J'aurais beau lui trouver tous les points faibles du monde, toutes les incohérences aussi minimes soient-elles, je ne peux pas renier le bon moment que j'ai passé sur l'ensemble du temps où j'ai suivi la série, et ce n'était en aucun cas une perte de temps de la regarder.

Merci, mais c'est fini.