Baby Princess 3D Paradise Love : Une famille en or
Pour ceux qui savent, le monde de la japanimation est un émerveillement sans cesse renouvelé.
Car au milieu des productions dites recommandables, celles qui ont pignon sur rue et dont tout le monde discute librement, il y a une autre japanimation. Une japanime de l’obscur, mature et complexe, qui traite avec discrétion des sujets sensibles de nos sociétés.
Aujourd’hui je me permets d’intervenir au milieu de ces débats où l’on parle sans cesse de ces mêmes animes superficiels, pour faire la lumière sur un OAV d’une grande justesse qui m’a beaucoup touché.
Dans Baby Princess 3D Paradise Love, le personnage principal Yôtaro reçoit une étonnante nouvelle : il a une famille cachée, qu'il n'a jamais connu.
Il a dix-neuf sœurs.
Et ces dix-neuf sœurs ont une particularité : elles ont toutes un âge différent. L'aînée à dix-huit ans, la suivante dix-sept ans, la suivante seize ans, la suivante quinze ans, la suivante quatorze ans, la suivante treize ans, la suivante douze ans, la suivante onze ans, la suivante dix ans, la suivante neuf ans, la suivante huit ans, la suivante sept ans, la suivante six ans, la suivante cinq ans, la suivante quatre ans, la suivante trois ans, la suivante deux ans, la suivante un an, et enfin la cadette qui n’est qu'un nourrisson.
On a donc une famille de vingt enfants, un garçon et dix-neuf filles. Ils ont tous un an d’écart. On ne voit pas le père et il n’y a qu’une seule mère.
Ainsi comme vous le voyez, Baby Princess 3D Paradise Love s’empare une problématique inédite dans les dessins animés : la situation des familles nombreuses dans le Japon du vingt-et-unième siècle.
Comme chacun sait, le Japon connaît un faible taux de natalité qui nuit à son renouvellement de la population. Mais il existe aussi des familles nombreuses, voire très nombreuses, qui vivent une situation particulière dans un pays où ce n’est pas la norme.
A ce sujet, s’ajoute celui du bouleversement familial. Le héros de Baby Princess 3D Paradise Love apprend subitement qu’il a dix-neuf sœurs, et il devra apprendre à vivre avec sa nouvelle famille, ce qui impliquera de nouvelles responsabilités.
Enfin, l’OAV aborde le thème de la monoparentalité : les vingt enfants n’ont qu’une seule mère pour s’occuper d’eux. Une situation particulière qui pose des questions sur notre conception de la famille moderne ; un sujet on ne peut plus d’actualité.
Baby Princess 3D Paradise Love fait preuve d’une grande justesse dans la manière dont il dépeint les enjeux auxquels sont confrontés les personnages. Par exemple, le héros a du mal à s’intégrer dans un milieu exclusivement féminin, ce qui créé des frictions entre lui et ses sœurs, notamment lorsque se pose la question du respect de l’intimité. Les filles ne savent pas bien comment se comporter devant leur nouveau frère, et les réactions diffèrent en fonction des caractères de chacune. Le fait que la moitié des sœurs soient amoureuses du frère est une manière très juste de rendre compte de ce malaise lié à l’adolescence.
Cela vaut également pour le garçon : le fait que celui-ci pratique plusieurs fois dans l’anime des attouchements à caractères sexuels sur ses sœurs, y compris celles de collège ou de primaire, est une manière très intéressante d’explorer la psychologie du personnage.
Le fait que l’anime se déroule principalement lors d’un voyage familial au bord d’une rivière, est l’occasion de montrer tous les personnages en maillots de bain et renforce la sexualisation du récit qui est au cœur du propos de l’anime. Pareillement pour la séquence dans les sources chaudes plus tard.
Mais ce qui fait le génie d’une œuvre comme Baby Princess 3D Paradise Love est que la manière dont est réalisé l’anime, visuellement, s’accorde avec le propos tenu. Ainsi, en faisant des personnages féminins qui ne se ressemblent pas du tout alors qu’elles sont censées être de la même famille, on casse le carcan familial (et génétique) pour aller vers une affirmation de l’individualité de chacune des sœurs. Le fait que les génériques soient de la musique pop avec les sœurs qui dansent devant l’écran nous replace dans le contexte de la jeunesse actuelle pour ne pas perdre de vue l’aspect hautement sociologique, voire politique, de l’OAV.
Le sujet de la monoparentalité est un peu moins traité mais le concept suffit à lui-même à délivrer tout un propos sur cette question. Le fait que les vingt enfants aient la même mère et qu’ils soient tous nés à un an d’écart montre que la mère a vécu une vie probablement uniquement dévouée à la mise au monde de ses enfants, ce qui casse avec la conception post-moderniste de la femme qui s’émanciperait de son devoir de mère pour accéder à une reconnaissance sociale. Le fait qu’elle ait mis au monde dix-neuf filles pour un seul garçon n’est pas le fruit du hasard ; c’est une référence à la tradition du mâle héritier encore souvent en vigueur dans certaines sociétés. Enfin, le fait que la sœur la plus âgée ait dix-huit ans est là aussi une référence, ou plutôt une parodie, de tous ces animes décérébrés pour otakus où l’âge moyen des héroïnes ne dépasse que rarement les seize ou dix-sept ans.
En un mot comme en cent, Baby Princess 3D Paradise Love est une production d’une extrême richesse et d’un grand intérêt pour tout fan d’animes un peu plus adultes et engagés. L’accroche avec « le héros qui a dix-neuf sœurs » peut tromper ceux qui imaginent un énième anime vulgaire et malsain doté d’un concept débile : c’est bien plus que ça.
Car oui, le monde de la japaniation est un émerveillement sans cesse renouvelé.
Les plus
- Concept à mourir de rire (ou de honte)
Les moins
- le combo harem/inceste/loli/pedo/moe
- Dix-neufs soeurs ? What the fuck ?
- Gags même pas super marrants
- Ce chara-design de la loose...