Chers membres d’Anime-Kun, chers lecteurs,
Il m’a fallu du temps pour trouver les mots que je vais vous dire à présent, mais le moment est arrivé où les choses douloureuses doivent être dites. J’aurais pu vous laisser dans le silence, vous laisser comprendre la chose par elle-même, mais cela n’aurait pas été juste à votre égard, vous qui m’avez tant soutenu.
Cette critique que vous lisez en ce moment sera ma dernière. A compter d’aujourd’hui, ma carrière de rédacteur amateur de critiques d’animes prend fin, et ce définitivement.
Il y a cinq ans, sept mois et douze jours, je me suis inscrit sur Anime-Kun sans vraiment savoir si j’allais m’y épanouir, ou si ça allait être juste une autre passade adolescente. Aujourd’hui, je me rends compte que je n’ai jamais été aussi fidèle avec quelqu’un que je ne l’ai été avec cette communauté. Ma passion pour l’animation japonaise a pris un tout autre sens depuis que je suis arrivé ici ; je dirais même qu’avant je ne savais pas vraiment ce que c’était que d’être passionné.
Anime-Kun m’a permis de rencontrer des gens formidables, de participer à des évènements grandioses et de saisir des opportunités dont je n’osais rêver. Ce site et sa communauté font partie intégrante de ma vie et de ce qui constitue mon identité aujourd’hui. Je lui suis redevable de bien des choses, certains qui relèvent de plus profond de ma sensibilité.
Et c’est justement eu égard à cette relation qui s’est inscrite entre moi et AK que je ne pouvais pas partir comme un voleur, sans vous redonner ne serait-ce qu’un fragment de tout ce que j’ai reçu.
Pour mon dernier texte, il me semblait approprié de parler de l’anime qui est sans aucun doute le plus représentatif de ma personnalité en tant que fan. Après tant d’années de passion, mes goûts et mes choix auront été de plus en plus élitistes mais je retiens toujours en moi cette étincelle primordiale qui fait que chaque nouvel anime est une porte ouverte vers la promesse d’une explosion créative et visuelle.
C’est ainsi que Bikini Warriors s’impose, sans grand débat, comme la série sur laquelle je souhaite partir et que je veux vous laisser en souvenir. Il s’agit d’une série du studio Feel, que je n’ai plus besoin de présenter après toutes les éloges que j’en ai fait au cours de mes chroniques et articles. Il s’agit de raconter l’histoire de quatre femmes qui font les aventures dans un monde heroic-fantasy vaguement inspiré de Dragon Quest. L’intérêt c’est qu’elles ont d’ENORMES NIBARDS et qu’elles affrontent le danger en bikini, d'où le titre.
J’ai été personnellement subjugué par cet anime qui, sous ses abords un peu sales, est un vrai bijou d’humour qui tourne en dérision les codes du RPG. Les personnages, qui n’ont même pas de nom, sont parfaitement caractérisés et sont un des meilleurs exemples de la manière avec laquelle les personnages féminins peuvent être traités en japanimation (c'est-à-dire des femmes fortes qui n'ont pas peur d'affirmer leur féminité). L’écriture des gags relève du génie, et on regrette que chaque épisodes ne dure que quatre minutes - ce qui est limite scandaleux lorsque l'on voit qu'une flaque de merde comme Gintama s'étend sur des centaines d'épisodes sans avoir jamais fait rire qui que ce soit. La série ayant été créée à partir des designs d’une gamme de figurines, vous pouvez imaginer tout le lore et tout le world-building qui suinte à chaque plan de chaque épisode, et qui laisse songeur sur l’étendue de cet univers qui fait passer Ginga Eiyu Densetsu pour une fanfiction de collégien attardé.
Je pourrais écrire des pages et des pages sur la beauté et le raffinement de cette série mais je préfère vous laisser en découvrir la teneur par vous-même. La note que j'accorde ici reflète à quel point Bikini Warriors frôle la perfection, son seul défaut étant d'être trop court (vêtu) pour réaliser son plein potentiel. Mais la note seule ne soit pas seulement vous influencer, je vous invite réellement pour ma dernière critique à vous pencher sur l’œuvre en question. Car c’est aussi une des facettes qui m’a le plus plu en tant que critique : ne pas seulement donner mon opinion, qui n’intéresse personne, mais essayer d’analyser chaque série pour en retirer l’intérêt, la substantifique moelle de son existence artistique. Car il n’y a rien de pire pour une série, bonne ou mauvaise, que d’être condamnée à l’oubli par un marché si désincarné et un public qui prompt à l’indifférence.
C’est pour cela que j’espère, peut-être naïvement, que je garderai une place dans votre souvenir. Et également que certains reprendront le flambeau de la critique, car finalement, je pense que l’animation japonaise mérite qu’on lui accorde le privilège d’être critiquée.
En vous souhaitant, à toutes et à tous, une passion toujours plus brûlante,
Deluxe Fan