Bienvenue dans le Manoir Deluxe, un lieu où se chevauchent réalité et fiction… On raconte qu’il y a bien longtemps, cet endroit était habité par un individu passionné d’animation japonaise, à laquelle il avait consacré toute son existence. Mais au moment de sa mort, il n’avait pas fini de regarder ses dessins animés favoris ; son esprit continua donc d’errer en ce monde, sa soif d’anime ne pouvant être étanchée. Et il paraît que le soir d’Halloween, ceux qui se rendent dans son Manoir peuvent entendre la voix de cet esprit leur parler d’animes horrifiques.
Aujourd’hui, cette voix nous guide vingt ans en arrière, vers les profondeurs les plus sombres et les plus secrètes des OAV des années 90. A cet époque, les OAV étaient un marché encore florissant qui permettait à des studios haut-de-gamme de créer des animes indiffusables à la télé. Parmi ces studios, Madhouse était l’un des plus significatifs, avec des productions extrêmes telles que Ninja Scroll ou Wicked City. Des productions qui avaient en commun le fait d’être réalisées par Yoshiaki Kawajiri, le légendaire maître de l’horreur animée. Et ça tombe bien puisque l’anime dont il va s’agir ici, BioHunter, fut également supervisé et écrit par Kawajiri.
Le style de Kawajiri se ressent dès les premières minutes de l’anime, qui débute avec une scène de sexe qui tourne au cannibalisme sanglant. Le récit suit deux universitaires spécialisés en biologie, qui partagent leur emploi de temps entre les cours à la fac et la chasse aux monstres. En effet, un virus démoniaque transforme certaines personnes en créatures terrifiantes qui survivent en dévorant vivant les organes d'innocentes jeunes filles…
Long d’à peine une heure, BioHunter est typique d’un certain genre de production aujourd’hui devenu rare, celui des animes de genre décomplexés tant au niveau du contenu que du propos. Bien qu’il agisse d’une série B, BioHunter fait preuve d’un premier degré très appréciable. Cela passe notamment par un chara-design très réaliste et soigné, qui tranche avec les monstres complètement absurdes et dégueulasses. De plus, la production value de cet OAV est assez bluffante, comme c’est systématiquement le cas avec les animes estampillés Kawajiri de cette période. L’animation et la photographie sont excellentes, et de toute façon la plupart des membres clés du staff connaîtront par la suite de brillantes carrières chez Madhouse ou ailleurs.
BioHunter est un témoignage vibrant de la sincérité et du talent des animes des années 90. Destiné à un public de fans en quête de divertissement pour adultes, cette production est de celle qui ne prend pas de pincettes et met les pieds dans le plat. Couchez les enfants, éteignez la lumière, et c’est parti pour un petit frisson.
Ainsi se conclut notre visite du côté obscur de l’animation japonaise, celui que vous ne voyez pas mais qui pourtant existe bel et bien, tout près de vous. Et à ce sujet, j’ai oublié de mentionner que le fantôme du Manoir Deluxe a tendance à hanter les personnes innocentes qui consultent des critiques d’animes sur Internet, pour se venger d’être mort sans avoir pu finir ses animes favoris. Si vous avez lu cette critique jusqu’au bout, vous n’avez donc pas d’autre choix que de chanter à haute voix et en public le refrain de « Chaud Cacao » d’Annie Cordy, sans quoi vous serez maudit sur 99 générations. Bonne chance… et Bon Halloween.