Bleach, le film 4 - What the Hell

Dix ans !
Dix ans déjà que Tite Kubo a créé cette chose merveilleuse - ou pas - qu’est Bleach. Pour célébrer ce dixième anniversaire, le Studio Pierrot qui se charge de l’adaptation animée du manga a mis les petits plats dans les grands, et nous sert un quatrième film basé sur les aventures de Ichigo et de sa bande. Encore une fois, Kubo-sensei s’implique dans le projet en supervisant le processus créatif, et a même sorti dans le Shônen Jump un chapitre spécial pour soutenir le film ; un peu comme ce qu’Eiichiro Oda avait fait avec son Strong World.
Alors, que vaut ce film ? Nous emmènera-t-il au paradis… ou en enfer ?

Avant de vous le dire, il faut que je vérifie un truc ; est-ce que vous savez ce qu’est que la sakuga ? La sakuga, c’est une technique d’animateur qui rend le mouvement infiniment plus fluide et rapide dans un dessin animé. C’est quelque chose de rare et de très prisé par les amateurs de japanimation. Dans des feuilletons TV comme Bleach, qui sont diffusés chaque semaine, il n’y en a pas toujours beaucoup. Mais dans un film, qui dispose d’un budget bien plus important, il y a moyen de se faire plaisir. Et en l’occurrence, ce quatrième film Bleach n’est ni plus ni moins que le résultat d’une grosse branlette collective d’animateurs.

Ça commence direct par la première scène du film, qui est un extrait du dernier combat d’Ichigo contre Ulquiorra, mais en version sakuga. On est tout de suite mis dans le bain : ça court, ça vole, ça pète, ça bouge, ça claque, ça hurle, et ce n’est que le début. On a déjà la bave aux lèvres, et l’on se dit que si toute la série était comme ça, personne n’oserait plus troller Bleach...

Ensuite commence le scénario proprement dit, qui comme d’habitude prend des libertés avec le déroulement du manga, jusqu’à frôler l’incohérence. Pour rappel, juste après la fin du combat contre Ulqiuorra et donc la fin de l’arc Las Noches, débute l’arc Karakura qui va occuper les personnages jusqu’à l’arc Fullbringer, qui est actuellement publié. Pour la faire simple et sans trop de spoil, les évènements qui se déroulent dans ce film sont IMPOSSIBLES, même en cherchant bien.

Alors qu’Ichigo vaque à ses occupations de lycéen presque normal, des vilains en cape noire débarquent de l’Enfer via une porte trans-dimensionnelle située dans le ciel de Karakura. Tandis qu’une partie de ces intrus va s’attaquer à l’école de nos héros, d’autres s’introduisent dans la clinique Kurosaki et kidnappent Karin et Yuzu, les sœurs d’Ichigo. Alors qu’ils s’apprêtent à repartir vers les limbes, un autre inconnu, Kokuto, en profite pour sortir de l’autre côté et retire Karin des griffes du kidnappeur. Mais ni lui, ni Ichigo, ne peuvent l’empêcher de s’enfuir avec Yuzu.
Kokuto explique alors à Ichigo que depuis qu’il a vaincu Ulquiorra en se transformant en Hollow, certains prisonniers de l’Enfer sont devenus obsédés par sa puissance, qu’ils souhaitent utiliser pour s’évader. Yuzu ne serait donc qu’un appât. Mais comme Ichigo est expert en sauvetage de demoiselle en détresse (Rukia, Orihime, etc…), il fonce avec Kokuto dans la gueule du loup. Heureusement que ses potes sont là pour l’accompagner et s’occuper du menu fretin pendant que lui fonce vers le boss, Shuren.

Le pitch est classique et les nouveaux éléments introduits dans ce film ont toutes les peines du monde à s’insérer correctement dans l’univers - déjà particulièrement bancal - de Bleach. Les méchants ont la classe mais sont très peu développés, tout comme Kokuto qui aurait vraiment gagné à être mieux exploité. Les dialogues se réduisent à peau de chagrin, le principe étant que l’on se tape dessus d’abord et que l’on discute ensuite. Et encore, on discute pas trop longtemps parce qu’une heure trente, c’est bien peu pour montrer toutes les transformations d’Ichigo, dont celle qui a été dessinée par Kubo spécialement pour l'occasion.
Curieusement, ce film ne choisit pas comme les précédents de montrer le maximum de personnages possibles, et ce concentre sur le noyau Ichigo-Rukia-Renji-Ishida. On aura bien un peu de Kuchiki Byakuya, évidemment, mais sinon le film est discret et c’est tout à la fois une qualité (le film est moins lourd) et un défaut (pas assez de fan-service).

Ceci posé, on peut revenir au point principal de ce commentaire, qui est la qualité technique. Comme dit plus haut, ce film explose la série télé, mais explose aussi les autres films Bleach ainsi que pas mal d’autres animes de ces derniers temps. La fluidité des combats est exemplaire, certaines scènes sont vertigineuses, et le deuxième tiers du film est sans doute ce qui s’est fait de mieux en anime de Bleach. Les animateurs se sont fait plaisir, et ça se voit. Une tuerie pour les yeux.
Mais les oreilles ne sont pas en reste. C’est encore une fois le génial Shiro Sagisu (le compositeur des musiques d’Evangelion, bande de noobs) qui nous régale de ses thèmes spectaculaires. Je vous conseille d’ailleurs de jeter un œil - ou une oreille - à l’OST du film, si vous voulez une illustration de ce que signifie le mot « épique ». L’ending est lui un morceau d’Abingdon Boys School, classique donc mais pas mauvais dans le genre.

Ce film rend un travail bien supérieur aux deux précédents, qui étaient honnêtement à hurler de rire (jaune). Paradoxalement, il ne satisfera peut-être pas tous les fans kikoolol de Bleach qui veulent leur Battle Royale avec toute la Soul Society au complet. En revanche, un vrai amateur d’animation saura apprécier le travail fourni sur la technique, qui atteint un niveau que Bleach n’avait qu’effleuré jusqu’alors. Un bon film pop-corn donc, sans autre ambition que celle de divertir et de passer un moment d’anime agréable. 6,5/10

Les plus
- Une animation de fou furieux
- C'est Shiro Sagisu qui régale
- Joyeux anniversaire Bleach !

Les moins
- Bleach = pas de scénario
- Contredit le manga