Blue Period n’est pas le premier anime à traiter de l’art, mais c’est bien la première fois que j’ai été autant scotché devant l’éclosion d’un artiste.
Je peux pour cela remercier Tsubasa Yamaguchi, l’auteure du manga, qui nous comment Yatora va tomber sous le magnétisme de la peinture, et s’y lancer à corps perdu pour tenter de rejoindre la filière universitaire dédiée de Tokyo, et y construire son avenir.
Dès le début, Blue Period m’a charmé grâce à son protagoniste ordinaire et envers qui on peut étonnement s’associer. Sans avoir un iota de fibre de dessinateur en mon coeur, cela ne l’a pas empêché d’être pris par les émois artistiques qui transpirent de l’oeuvre. Il faut dire qu’il sait toucher avec justesse l’essence plus universelle d’un artiste, quand le moi profond se transforme en une expression presque magique capable de mouvoir d’autres êtres. Les coups de peintures sont dans cette série semblables à la vibration d’une plume et la genèse d’un monde imaginaire, à la voix qui se brise durant l’intonation d’un premiers vers, à l’exaltation et l’anxiété qui submergent et consument l’âme une fois que la passion y a pris plein ancrage. C’est la plus grande force de Blue Period de pouvoir ainsi être pleinement dédié sur un sujet presque niche tout en évoquant une sensibilité plus commune.
Même lorsqu’il s’agit de s’engager dans son monde de traits et couleurs, la série l’explore avant tout comme un outil d’expression au sens large. Bien sûr, cela amène à des considérations poussées, parfois techniques, et des interprétations variées étant donné la richesse colossale de cette matière, exploitée autant par les canevas que la sculpture, autant par les crayons que l’huile, autant par la réalisme que l’abstrait, ... L’auteure sait heureusement rendre son récit digeste, grâce à une ligne directrice facilement identifiable qui donne en outre un bon rythme aux 11 épisodes de l’adaptation et une fin qui ne laisse pas trop sur sa faim.
La peinture et Yatora s’allient dans un parcours personnel, autour duquel se forme une toile remplie de relations : connaissances, amis, proches et professeurs qui étendent leur influence, directe et indirecte sur le protagoniste, toujours en nuance. Beaucoup de personnalités qui donnent de plus larges perspectives et une richesse plus abondante aux épisodes. Je soulignerai ici le rôle particulièrement mémorable et appréciable des professeurs, de la filière officielle et du juku, rôle secondaire mais particulièrement appréciable.
Blue Period raconte en somme la poursuite d’un rêve, avec ses hauts et ses bas dans un monde rempli de beauté et de laideur, exigu mais toujours à propos. J’ai beaucoup aimé.