Aranami.
Parfois y faut un peu de temps pour digérer les choses.
Un peu comme Minare.
La vie se suit, prend, reprend, choque, en gros soit tu surfes soit tu prends la vague.
Minare reste sur la plage.
Surfer pas surfer, cela est un peu la question de la série. Adulte, actif, vivant pleinement son temps, est-ce que cela définit l'épanouissement ? Il suffit d'un peu pour que tout s'écroule, une relation qui se termine ou bien d'un job qui prend fin abruptement ou d'une coupure d'internet.
Minare reste sur la plage.
Un soir bourrée, un coup de trop pour la bonne poire, elle s'épand. Bonne vivante - et en cela belle performance de la doubleuse qui pour peu la frontière était fine entre le dissonant et l'appréciable - elle parle, et elle est marrante, vraiment. Un quadratère (c'est de bibi ce mot à vous de deviner) l'écoute, y bosse dans les ondes, y se dit "y a moyen d'avoir le nouveau Michaël Youn ! Y a potentiel ma couille !". Ni une ni deux, il prend l'occaz, c'est un ancien, il a le nez fin, il laisse pu rien passer. Il l'amène au stud', elle est chéper, elle s'en bat les ovaires. Elle y va elle balance sa sauc' "Fais péter le Mic Bro !".
Une star est née.
Les lendemains de cuite sont toujours difficiles. Surtout une fois passé vingt ans. Une fois à vingt-cinq ans on comprend qu'y a des choses dans le corps qu'aiment pu trop l'alcool. A trente ans, on comprend qu'on perd des carac' après chaque cuite. Elle est à la bonne période, elle peut encore s'en sortir.
Mais c'est sa période misère.
Vingt-six ans quoi. T'as passé le cap, le fameux quart, c'est là que tu te mets les vrais misères. En particulier si tu te l'es pas mis(e) avant. Enfin bon, chacun sa tambouille elle c'est son cas. Je vous baratine, je prends le temps, vous en vous doutez un peu, si vous avez pris le temps, ici, là, je vous parle pas de légume de bas étages.
Misère après, y nous arrive de faire des conneries, parmi beaucoup de celle qu'on regrette, alcool aidant, pour s'en dédouaner, mais de celle qu'on aurait faite. Parmi cette pléthore d'errances du vivant, certaine joue de dé, comme des coups du destin qui sont à prendre ou à laisser. A tenter sa chance parfois on gagne, mais avoir le courage de bouger, de changer, ceci est la véritable épopée.
N'est pas question que tout doit arriver un soir bourré où on dérape, mais est question de savoir prendre le bâton tendu quand une fois présenté. Possibilité, impossibilité, changement et devoir, regret et remord faisant bon ménage.
Minare va t'elle resté sur la plage ?
C'est là notre aventure et en particulier la sienne. Qui se fait en écho et en image.
De tranches de vie, ou plutôt d'une jonction de vie, vous vous attendez à un certain format.
Défaut pouvant en être, que le montage se fait abrupte parfois même confus, pour n'avoir pas lu le manga, je ne saurai faire la comparaison sur son rythme. Mais le déroulement est parfois déroutant, pas frontalement mais laisse planer un sentiment de confusion dans la suite des événements.
Qui porte tout son sens dans les sentiments de Minare et son positionnement. C'est par son prisme que nous suivons ce chamboulement et c'est par son prisme que la réalisation a misé. Œuvre non terminée l'adaptation l'est dans ce qu'elle en exprime.
S'en joue par les couleurs choisies, un style qui ne se remarque pas de suite mais qui frappe dans une sorte de tramage bizarré de l'image, et un soin plus particulier dans le chara design, comme une volonté d'honorer l'art du mangaka. Cela donne un cachet cumulé avec ce déroulé qui peut sembler rushé, voir maladroit, dans tous les cas vivant.
Une fois accepté, la non action, ennuyante et inconséquente pour le non emporté, aspiré nous finissons dans le typhon qu'est cette croisée des vents, qu'est la vie de Minare à cet instant. Dans le tourbillon provoqué, par cette imagerie inspiré, vivante, ses personnages réelles et touchants, transformés par une interprétation convaincante, mêlé à une direction sonore toute propre au thème traité, Nami yo Kiite Kure, charme par les pérégrinations sans distance de son héroïne qui en voyageant peu nous emporte loin tout en étant au plus proche de nous.
Minare a quitté la plage.
7.5