"Je me tue parce que vous ne m'avez pas aimé, parce que je ne vous ai pas aimé. Je me tue parce que nos rapports furent lâches, pour resserrer nos rapports. Je laisserai sur vous une marque indélébile. Vous ne pensiez pas à moi, eh bien, vous ne m’oublierez jamais !" – Alain, dans Le Feu Follet
Tout d’abord sachez que l’animé Bungaku Shojo est une seule et même histoire étonnamment morcelée en différents supports de visionnages (OVA, film). Ma critique les traitera tous à la fois.
Chronologiquement, on recense :
- Un OVA Trailer du film, sorti en décembre 2009.
- Le fameux film, en mai 2010 : Bungaku Shojo
- Trois OVAs complémentaires, sortis début mai 2010 aussi, mais qui semblaient servir de préquelle de ce film : Bungaku Shojo Memoire
Globalement, tous ces machins traitent la même histoire sous différents angles, même si parfois certains détails changent par-ci par-là, sans altérer le fondamental (par exemple comment les personnages se sont rencontrés, etc …). A part le trailer, tout vaut la peine d’être visionné pour pouvoir comprendre/apprécier pleinement le tout ; il faut ensuite faire le mélange vous-même dans la tête pour agencer correctement les évènements. Le résultat obtenu vaut l’effort !
Si vous ne savez pas trop par où démarrer, commencez par les 3 OVAs, puisqu’apparemment, c’était prévu ainsi. Personnellement j'ai tout vu dans le désordre, ce qui n'a pas d'importance tant qu'on peut faire après le tri dans son esprit.
Bungaku Shojo est évidemment un drame, une romance qui ne parvient pas à se déployer aisément sans avoir recours à la souffrance, envers l’autre comme soi-même. Si tout semble démarrer lentement et sans accroche (voir très enfantin), vous découvrirez bien vite qu’on ne peut juger quelqu’un à son apparence enjouée, tant qu’il essaiera de vous fermer son passé. Avec la littérature comme échafaudage central, cet anime déploie avec originalité les hantises de l’écrivain trop exigent envers soi-même : la peur de la page blanche, l’incapacité d’écrire, de retranscrire la beauté du monde, le manque de confiance en soi, la pression de la demande, de la concurrence,…
Un décor/chara-design classique et savoureux qui peut rappeler Amagami SS (ooh la comparaison foireuse, ne fuyez pas!). Des musiques parfaitement adaptées qui s’insèrent discrètement dans le fil de la narration pour épouser les sentiments des protagonistes.
Entre comédie romantique gentillette et malentendus fatals, cet anime rassure aussi avec une tendance moraliste, en exposant les bienfaits de la littérature, qui peut certes emprisonner votre imaginaire dans un cercle de solitude, de sueurs et de larmes, mais peut tout aussi bien le libérer.
Le seul problème de mon côté (hormis quelques passages un peu surjoués/absurdes/fantaisistes qui ne gâchent rien), vient de la présentation de ce qui semble être le personnage féminin principal : Tōko Amano, la "Bungakou Shojo", soit la "fille littéraire". C’est pourquoi il faut ABSOLUMENT éviter le OVA Trailer, qui est une daube absolue puisqu’il traite de la particularité de ce personnage : cette fille est en fait tellement passionnée de littérature qu’elle dévore ses livres…
Pardon ? Les dévore des yeux ? Ah non non non, elle les BOUFFE littéralement, et évalue l’histoire de la page qu’elle a mangé en comparant à une friandise (boissons, sucreries,…). Il paraît même qu’elle en fait ses uniques repas.
W - T - F !? Tu parles d’une métaphore bâclée. Elle bouffe les livres de la bibliothèque cette chienne !!
De toute façon le premier OVA de la série des 3 suffit à vous présenter le personnage, vous en aurez assez vu. EVITEZ LE TRAILER !
Ah et aussi, la notion d’accident mortel est très originale dans cet anime, comment dire…. Très optimiste. Bref, un manque de crédibilité frappant de ce côté-là. Fermons l’œil sur quelque facilité scénaristique.
Comédie romantique pour jeunes, ou tragédie à morale universelle ? Cet anime jongle entre les deux avec réussite, de façon aussi inattendue qu’un School Days, pour nous confesser l’étendue des difficultés à surmonter pour atteindre ses rêves les plus précieux, et les plus fragiles.