BURN THE WITCH — Son of a Bleach

» Critique de l'anime Burn the Witch par Deluxe Fan le
15 Décembre 2020
Burn the Witch - Screenshot #1

Dans le monde du shônen manga il est difficile d’atterrir, mais il est encore plus compliqué de rebondir. Beaucoup d’auteurs lâchent l’affaire après leur premier gros succès et consacrent le reste de leur activité à compter les billets que les fans déboursent aveuglément devant la première arnaque venue. D’autres artistes, plus conscients de leur talent, poursuivent leur œuvre mais dans des conditions très différentes afin de peaufiner leur art sans contraintes. D’autres enfin, pressés de retrouver la gloire, se cassent la gueule et se voient obligés de prendre une grosse cure d’humilité.

Tite Kubo fait partie de ces auteurs qui ont connu un énorme succès, en ayant été publié pendant quinze ans dans le plus célèbre et le plus compétitif magazine de prépublication de mangas, le Weekly Shônen Jump. Néanmoins son atterrissage fut particulièrement brutal et Kubo n’a pas quitté le Jump avec les honneurs mais plutôt sous les huées et en passant par la porte de derrière. On le disait fini, humilié, détruit… En réalité Kubo préparait tranquillement son retour. Le 18 mars 2020, dans une conférence de presse en forme de come-back, Kubo annonce non seulement que Bleach reviendra en anime, mais également qu’il va publier un nouveau manga intitulé Burn the Witch lequel sera accompagné d’un anime adaptant les premiers chapitres. Et figure-toi que c’est justement de ça dont on va parler.

Burn the Witch - Screenshot #2Avant de commencer il faut signaler que Burn the Witch n’est pas sorti d’un seul coup de l’esprit génial de Kubo ; ce projet a commencé sous la forme d’un one-shot de soixante pages que l’auteur avait publié dans un numéro commémoratif du Jump en 2018. Si je dis ça ce n’est pas juste pour exposer à quel point je connais mon Kubo sur le bout des doigts, mais aussi parce que l’anime qui nous intéresse est une suite directe de ce one-shot que je vous invite donc à lire sur votre site de scans favori. C’est rare que je conseille des mangas parce que je m’en fous d'habitude mais bon là c’est Tite Kubo on va faire une exception.

Depuis des siècles la ville de Londres est menacée par les Dragons, des créatures surnaturelles qui s’en prennent aux humains en secret et causent accidents et disparitions. Ceux qui peuvent agir contre les Dragons sont appelés les Sorciers, et ils vivent dans un monde magique appelé Reverse London. Deux de ces sorcières, Noel Niihashi et Nina Spangcole, sont chargées de gérer les dragons non hostiles. Elles doivent également depuis peu s’occuper de Balgo Parks, un humain ordinaire (et crétin total) qui a le pouvoir d’attirer vers lui des dragons puissants. Tout ce beau monde évolue dans l’organisation des Sorciers de Reverse London, le Wing Bind…

Burn the Witch - Screenshot #3Si vous voyez dès à présent des points communs avec Bleach c’est bien normal puisque Burn the Witch ne se contente pas d’en reprendre la structure, il va carrément jusqu’à se placer dans le même univers. Toutefois, j’ai trouvé que les différences étaient ici plus intéressantes que les ressemblances. Cette opposition entre le monde des humains normaux et celui des sorciers qui luttent en secret contre la menace évoque certes la formule classique du Shônen Jump - dont Jujutsu Kaisen est un exemple récent, mais le cadre londonien et l’utilisation de la mythologie occidentale montrent une inspiration qui va plus chercher du côté des contes de fées et du genre merveilleux. Et contrairement à un truc pourri comme Mashle qui plagie Harry Potter de manière éhontée, Burn the Witch intègre ses influences pour ressortir quelque chose qui, bien que dépourvu de réelle originalité, arrive à se créer une identité propre.

Un des problèmes qu’avait rencontré Bleach vers la fin c’est que l’on se fichait complètement des personnages et de leurs motivations, on voulait juste voir leurs pouvoirs en action. Burn the Witch semble prendre un chemin différent, les pouvoirs en eux-mêmes ne sont pas vraiment importants ce qui compte ce sont les personnages et leurs interactions. Bon ce n’est pas de la grande littérature pour autant hein, le protagoniste Balgo a pour principal objectif de toucher les seins du personnage féminin mais bon au moins il a quelque chose qui le motive, c’est un début. Et comme justement ça ne se prend pas trop au sérieux, on retrouve cette ambiance urban fantasy des débuts de Bleach, il y a juste ce qu’il faut d’enjeux pour tenir l’histoire mais pour le reste on est juste là à passer un bon moment.

Burn the Witch - Screenshot #4Ce bon moment est aussi et surtout dû à la qualité technique et artistique de l’anime. Pour commencer les designs sont évidemment signés Tite Kubo donc moi j’avais des étincelles dans les yeux tout du long mais bon ça c’est mon affaire personnelle. Là où on ne discute plus c’est au niveau de l’animation produite par le studio Colorido. Ce studio jusque-là connu pour des courts-métrages et des spots publicitaires est en train de percer dans le milieu du film d’animation avec notamment le sympathique Penguin Highway sorti l’an dernier et plus récemment encore le long-métrage NakiNeko que je n’ai pas encore vu, même si en voyant Junichi Satô et Mari Okada au script je m'attends à tout. Quoi qu’il en soit le studio Colorido se démarque par son utilisation de techniques d’animation numérique novatrices qui permettent de conserver le style propre à l’animation 2D traditionnelle tout en incorporant certains avantages de l’ordinateur. Le résultat à l’écran n’appelle que peu de commentaires, c’est extrêmement propre et en termes de sakuga on est largement à un niveau OAV. Certes ce n’est pas la folie furieuse de certains des longs métrages de Bleach qui sont des monuments d’animation, mais la qualité est là et en guise de publicité pour accompagner le manga on n’aurait pas pu faire mieux.

Pour un auteur que l’on pensait grillé, Kubo a plutôt bien négocié son retour. Un manga situé dans l’univers de Bleach mais assez différent pour avoir son propre ton, accompagné d’un anime promotionnel d’une haute qualité technique, l’idée n’est pas de concourir dans les hautes sphères du Jump comme autrefois mais de laisser faire l’artiste le temps de quelques tomes. Fais-toi donc plaisir mon Kubo, tu l’as mérité.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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