C'est un mot qu'on dirait inventé pour elle

Je ne m’attendais pas à être la première à écrire une critique sur Belle. Présenté en avant-première mondiale au festival de Cannes 2021, avec une standing ovation de 14 minutes, le film de Mamoru Hosoda est sorti sur les grands écrans français le 29 décembre 2021, soit près d'un mois avant que je n’aille le voir au cinéma. Le réalisateur a donc toujours un public en France. Bien que le film ne soit pas diffusé dans un large nombre de salles, celle où je suis allée hier était comble.

Je n’ai pour ainsi dire vu aucun des précédents films de Hosoda, si ce n’est Le Garçon et La Bête et ne suis pas à même de faire une rétrospective de l’artiste, ni même de savoir dans le détail si des thématiques ont déjà été abordées précédemment ; mis à part le fait que la réalité virtuelle est également mentionnée dans Summer Wars.

Nous sommes face à une adaptation très libre de la Belle et la Bête, dans un monde oscillant entre réalité et monde du jeu vidéo, où chaque personne y est représentée par un avatar créé selon nos caractéristiques physiques propres. Chaque avatar est donc unique et non modifiable mais je me demande encore comment la plupart des avatars qui nous sont montrés dans le film ressemblent plus à des animaux ou des choses incongrues que des humains (hormis Belle et les principaux personnages évidemment).

Le film parvient à mettre en avant des passages comiques qui font mouche, mais reste dans la globalité assez mou du genou. Il se traîne sur deux longues heures, penchant plus vers l’aspect drama que contemplatif. Je retiens également de larges facilités scénaristiques, bien que cet écueil soit assez facile quand il est question de séries ou films d’animation.

Le point fort de ce film reste sans conteste sa bande son et musicale. Celle-ci comprend des bruitages bien réussis et de qualité, ainsi que des chansons aux accords et mélodies fortement appréciables, en contraste avec des paroles plus naïves.

J’ai trouvé en effet qu’une certaine naïveté se dégageait de l’œuvre. Les réseaux sociaux / mondes virtuels sont ici présentés comme un lieu magnifique nous permettant de changer le monde, où l’on peut grossièrement faire confiance à tout un chacun et où il n’y a aucune dépendance ou impact négatif. On voit quelques critiques brèves mais on ne s’arrête pas dessus et peu de monde peut réagir ainsi, en passant complètement outre. Je comprends cette volonté de dégager un positivisme certain d’un endroit souvent décrié, mais cela apparaît comme décorrélé de la réalité et peu adaptable à la vraie vie, alors même que le propos du film (pour résumer : aider son prochain) cherche à faire appliquer ces préceptes. On ressent d’ailleurs la scène finale très proche d’un dénouement à la « Il Était Une Fois », peut-être pour caler à l’image qu’on s’est faite de Belle après Disney, peut-être pour distiller de l’espoir dans notre société actuelle.

Belle est un film qui se laisse apprécier mais qui, à mon sens, s'est fait dépasser par la volonté de porter son message initial du Monde Parfait d'Ilona Mitrecey, et s'est embourbé dans une niaiserie gâchant son propos.