C'était un jour de pluie...

» Critique de l'anime Berserk (TV 2016) par GTZ le
31 Décembre 2016

*Yakuzas mais histoire de pas se faire couler dans le béton et jeter dans la baie de Tokyo on les appellera ainsi dans le reste de la critique.


C'était un jour de pluie, un jour où le soleil se cachait, inquiet. La machine à billets tournait. Les Zouzous* comptaient leurs billets, professionnels, pas un mot n'était échangé. Même la jeune idole attachée au fond de la pièce, attendant patiemment sa reconversion dans le cinéma amateur, ne pipait un mot, fascinée, ou plutôt terrifiée, par cette pesante ambiance de travail bien fait.

Rien ne semblait pouvoir perturber ces matadors de la finances, pas même les gémissements croissant de Sadako (pseudonyme), anciennement seiyu d'un personnage tertiaire de Tekyuu TV 37. Le bâillon était un peu trop serré, la peur panique de mourir étouffer commençait à l'emporter sur l'élégance suffocante de la situation. Mais le destin en voulu autrement, un événement vint bouleverser cette banale journée de bureau. La porte de ce local miteux de Nerima s'ouvrit.

Perçant cette obscurité à peine contrariée par les grésillements timides de l'unique tube fluorescent de la pièce, la lumière du jour s'engouffra. Sadako qui sentait sa fin venir, accueillit la clarté avec humilité et consolation, le paradis était surement à sa portée. Mais l'ombre reprit rapidement le dessus.
L'homme entra, la lumière ne pu résister. La première chose qu'il fit, fut de retirer le bâillon de la jeune fille. Il était de bonne humeur.

L'homme s'installa à la table, une place était libre, la sienne. Les Zouzous continuaient leur digne besogne, à peine perturbés par le nouveau venu.

Sadako se dit que c'était l'occasion. Le local était prêt d'une rue passante, si elle criait, surement quelqu'un pourrait l'entendre et saborder sa carrière dans le cinéma d'auteur à petit budget.
L'homme parla. Sadako se tut, les mots prononcés étaient porteur de calamités. Une terreur presque animale envahit la jeune fille. Les paroles de l'homme étaient marquées du sceau du sacrifice.

Comme s'il parlait du beau temps, l'homme énonça son méfait. Une connaissance lui devait de l'argent. Un mec sale, avec des affaires pas propres, il lui devait beaucoup de lessives. Lors d'une soirée poker geisha, il a plumé l'incongrue. Pour éviter la nouvelle paire de chaussure en béton, le misérable lui donna une jolie compensation.

Les Zouzous cessèrent leur illustre occupation, l'homme avait toute leur attention. Il sorti une enveloppe de la poche intérieur de sa veste de son costume Armani et la posa sur la table. C'était des droits d'adaptations, ceux d'un manga, somme toute connu, de quoi remplir un bon sac, de billets.

A la lecture du titre Sadako fut prise de tremblements compulsifs.

"Mais Jimmy" (pseudonyme), demanda un des coléoptères humain attablé, "C'est pas notre came, tu sais très bien qu'on fait dans la drogue dure, en plus ça va nous faire lâcher de l'oseille. On aime pas ça lâcher de l'oseille". Patrick (pseudonyme) attrapa la machine à billet si violemment qu'il en interrompit les tremblements de la future star du petit écran altermondialiste. Patrick n'aimait pas qu'on touche à l'oseille, surtout s'il venait de le compter, sentiment partagé par toute l'assemblée.

Le silence reprit, à peine perturbé par les frottis frottas de Sadako qui venait de réussir à détacher ses mains et ses pieds, ses convulsions ayant en partie défait ses liens. Elle avait disparu de la pièce pour les Zouzous, seule comptait la réponse de l'homme.

Elle ne tarda pas.

L'idole libérée de ses liens auraient pu s'enfuir, franchir la pièce et passer la porte. Malgré tous les obstacles, elle avait une chance. Mais son corps se figea, l'homme sourit.

L'homme reprit la parole, expliqua son plan. Non, ils n'allaient pas avoir à lâcher beaucoup d'oseille, Patrick fut rassuré, il avait déjà tout préparé. L'affaire était simple, quelques mangas achetés dans n'importe quel bordel, un scanner et une équipe. "Une équipe ?", souligna Joe la Griffe (pseudonyme). L'homme connaissait des gens, pas cher, qui maitrisaient les trucs sur ordinateurs.

Un silence gênant s'installa, à peine rompu par les reptations discrètes de Sadako, de quoi rendre jaloux Solid Snake, en direction de la sortie. "Mais Jimmy, tu nous parles de 3D, t'as trop picolé dans les bars à Ginza. On tape peut être dans la dure, mais on fait de la qualité".

"En tout cas, on dirait que c'en est". Corrigea Patrick, qui le premier reprit leur noble activité.

L'homme, imperturbable, ne se laissa pas démonté. Là était l'astuce, le manga en soi suffisait. Numériser les pages, les animer, les clients n'y verraient que du feu. Pareil pour le texte, il savait bien que ce n'était pas la spécialité des personnes attablés, le répliquer au mot près suffirait. Le boulot pour les doubleurs était déjà fait. Il en connaissait deux trois qui lui devaient quelques faveurs. Il n'y a pas de petites économies. De même pour la musique, il connaissait aussi un vieux junky, un habitué du produit, il fera parfaitement l'affaire. On lui laisse carte blanche, ses écarts seront retenus sur son salaire. Et il va en faire.

"Mais qui va faire tourner ça ? On a personne qui taffe dans la tatanne". S'inquiéta Joe la griffe.

Sadako était arrivé à la porte. Par miracle elle avait réussit à traverser toute la pièce, elle n'existait plus pour les Zouzou. Sa main, avec prudence et patience, se tendit vers la poignée. Elle allait la toucher, la tourner, mais un éclat de rire, une chorale vint paralyser la future icônes des webs-séries pour publique averti.

La tablée rigolait, se fendait la poire. La réplique de Joe était horripilante, un comble, surtout pour cet homme qui travaillait si bien au couteau.

L'homme remit de l'ordre. En un regard, il recaptura l'attention de ses comparses aux mœurs chaleureuses, et celle de Sadako. "Le même que d'habitude, le matos est de première qualité, il est pas coupé, même une loutre pourrait le réaliser.", répondit-il à Joe, "Pour ce qui est de l'action, tout homme veut briller et montrer qu'il en a dans le pantalon. Avec la 3D, ils n'auront même pas besoin de dessiner. Jouons sur leur ego, et payons les pareils. On diffuse ensuite le colis en censurer, on fait ça mal. Et après on retouche derrière, avec des vrais, sur la version Bluray. Quand les couillons ils auront déjà craché l'oseille, là on en lâchera un petit peu pour la suite. Mais on se sera gaver ! Car tous ils voudront la vraie came ! Ces putains de drogués !".

Et l'homme qui n'avait pas participé à l'esclandre précédente, ne put se retenir, ne put contenir sa joie féroce, sa fierté. Il s’abîma dans un rire. Un de ceux qui glace les veines, qui gèle les cœurs, raidisse les membres, tue les personnes âgées.

La scène était infernale, et c'est seulement l'horreur de la situation, la sainte terreur et le dégoût ressenti, devant cette assemblée au regard suintant la concupiscence face à ce paquet de pognons promis, que Sadako trouva la force, le courage, l'héroïsme de quitter la pièce.

Sadako couru à travers la ville, le pays, pour prévenir l'atroce catastrophe en devenir. Personne n'écouta, les mises en gardes, les prophéties, les cries désespérés de la jeune fille.

Berserk 2016 sortie.


Oui je sais c'est pas des Yakuzas qui ont produit cette anime, oui moi aussi j'ai un peu aimé (mais je ne la cautionne pas) cette série animée, mais elle s'est quand même un peu foutu de ma gueule. Un peu beaucoup.

3.5

Verdict :4/10
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