Il y a de ses animes qui inspirent en eux un je-ne-sais-quoi de fraîcheur :
Une animation qui, dans le flot férocement concurrentiel de l'industrie, attirerait à elle un pan de couverture.
Car la bataille en animation, est avant tout visuelle, ce pourquoi les teasers redoublent d'efforts d'années en années.
Et dont The Elusive Samurai, qui a su alimenter l'attente, illustre parfaitement l'exemple.
À l'ère où les seigneurs féodaux et les Samurais règnent en maître, l'ombre de la guerre plane en permanence.
Hojo Tokiyuki, jeune héritier d'une famille influente, passe ses jours dans l''indolence, éludant la question des lourds devoirs dont il héritera un jour la charge.
Mais le quotidien du jeune seigneur est en passe de changer lorsque son clan subit une trahison funeste...
Tokiyuki parvient à fuir, non sans l'aide inopinée de ce prêtre extravagant qui prétend voir le futur du miraculé survivant.
Un survivant qui décide d'embrasser sa destinée et de reconquérir son trône.
Jeune titre du Weekly Shōnen Jump ayant déjà sa p'tite fame, il n'aura pas fallu longtemps avant de voir arriver la version sur écran de "L'insaisissable Samurai" dont les prémisses annonçaient la couleur :
De l'or pour les amoureux de Sakuga.
La marque du studio Ghibli est évidente dans le dynamisme furieux qui anime les éléments, tel que les denses volutes de fumée "carnivores" issus des brasiers de la guerre du premier épisode ou encore la candeur spontanée des expressions faciales, on pense aux Contes de la Princesse Kaguya notamment, au Vent se lève où encore le plus récent The Boy and The Heron.
On saluera le talent du directeur assistant sur le projet, Yusuke Kawakami notamment sur l'épisode 2 - étape charnière qui aura achevé de poser l'anime sur les rails - et son subordonné en charge de la direction de l'animation, Yuki Ito où encore une séquence de l'epicness en bicolore du key animator Sou Miyazaki.
D'autres noms méritent clairement de figurer à cette liste, mais les membres de la "secte de la beauté animée" auront tôt fait de les trouver ; raison pour laquelle je passe sur un listing exhaustif, car maintenez que vous avez un aperçu de la bête, vous voulez peut-être plutôt savoir si le détail vaut des heures de votre précieux temps ?
Le nom du papa, Yusei Matsui, ne m'a perso' fait ni chaud ni froid, mais peut-être qu'il raisonnera chez les fans de Majin Tantei Nōgami Neuro où encore du plus populaire - du moins hors Japon -Assassination Classroom.
Un mec qui kiffe le mélange des genres et qui fait montre d'un sens de l'humour du style à diviser les foules, prennant sa plus pleine expression, littéralement, dans des tronches qui s'étirent inhumainement.
Cela a au moins le mérite d'être ouvertement partisan et ça va de pair avec le caractère délirant de certains personnages dans l'anime, comme ce fameux prêtre ou encore un certain seigneur de guerre revêche.
Cette caractéristique donne du relief à l'œuvre : une sorte de bordel mystique teinté d'humour déjanté.
Ce changement de registre, qui a quelque chose de déconcertant au vu du cadre planté en premier lieu, relève davantage d'un gimmick cher à l'auteur, qui n'est pas fin dessinateur, à l'image d'un JoJo's Bizarre Adventures ou comment marquer l'emphase dans les mangas.
Sauf que cette façon de rompre la tonalité en utilisant le frein à main pour faire oublier les affres de la guerre une minute plus tôt, me rappelle un peu trop les sketches de forceur de Kimetsu no Yaiba.
C'est d'autant plus frappant que la trame, elle, ne dépasse pas des clous du récit d'initiation standard Shōnenien, avec bien sûr des copains qui rejoindront La Communauté de Nobunag... De Tokiyuki.
Le script en fini accaparé par le défi de donner un temps d'antenne équitable aux personnages qui viennent grossir les rangs de la compagnie, trop vite peut-être pour qu'on en ait vraiment quelque chose à foutre, là encore un classique de Shōnen : privilégier la quantité à la qualité.
C'est assez cocasse quand on voit qu'à l'opposé, tu vas prendre ta race sur la mise en scène de moments clef qui se comptent sur les doigts d'une main, mais qui concentrent tout ce qui fait le sel de l'oeuvre.
À ce titre, l'adaptation anime, à l'instar d'un Jujutsu Kaisen, pose clairement ses billes sur la table lorsque vient le moment de transposer certains passages du manga qui prennent parfois un tout autre cours, mais pour un résultat qui tire la version papier vers le haut.
The elusive Samurai fait parti de ces récits qui avancent par à-coups, plus dans le souci de passer des paliers que dans celui de bâtir un récit homogène.
Soit le manga souffre du prix à payer pour tenir la cadence dans un magazine de renom à parution hebdomadaire soit le calendrier de production de l'anime était trop serré pour ménager les scripts et la composition de la série (comprendre l'écriture de l'adaptation dans sa globalité).
L'un dans l'autre, cela fait de l'anime une œuvre dont la production est dans l'air du temps : Des intentions artistiques, comme en dénote le génie de certaines séquences graphiques, mais pour un résultat inégal sur la durée avec un manque de substance proportionel à l'insert de CGI made in Berserk 2016 de plus en plus fréquent.
Ce genre de chose tend à se banaliser dans l'industrie actuelle qu'a plus le time, tout comme l'éclatement de la production avec plein d'acteurs et sous-traitants différents à l'image des directeurs d'épisodes dont le nombre ne bat toutefois pas celui des directeurs d'animation : proche de la vingtaine sur l'ensemble de la série.
Si vous portez en vous l'amour pour la belle anim', il serait dommage de faire l'impasse sur une production, dont l'effervescence, comme souvent sur les projets hypés, est à la hauteur de la passion, du talent et des efforts de son équipe.
Néanmoins, cela reste le grand argument de vente de l'œuvre qui, en dehors de ses moments d'action qui suspendent le temps, n'a pas grand-chose d'autres à offrir.
Un peu à l'image du studio de production lui-même, Cloverworks.
Le petit frère d'A-1 Picture qui vole à présent en solo, est clairement capable et sait faire preuve de créativité pour servir au mieux les œuvres qu'il porte à l'écran.
Cependant le résultat final reste encore trop variable - Wonder Egg Priority, Promised Neverland 2, Shadow House - pour rejoindre la table des "grands".
Toutefois avec des adaptations comme Bocchi The Rock, Windbreaker où Spy X Family, l'avenir semble au beau fixe pour l'ancien sous-traitant qui a fait ses premières armes sur des projets "inspirés" comme Darling in the Franxx et Personna 5 The Animation.
The Elusive Samurai malgré les regrettables impondérables du métier, a livré la marchandise promise dans le teaser, rejoignant ainsi ces adaptations qui brillent plus par la forme que par le fond.
Ce qui est déjà une victoire en soi, suffisant pour un rendez-vous de saison... pas assez pour rejoindre la légende.
Quoiqu'il en soit, l'oeuvre apporte une belle plus-value à la vitrine d'un jeune studio dont la visibilité est à la hauteur de ses ambitions, loin à présent de l'Hypermarché de Sony.