C'est assez difficile de parler d'une franchise au statut presque institutionnel comme Precure. Une grande majorité du public ne s'y intéresse pas tellement et on se retrouve très rapidement à ne juger les série que sur deux critères : est-ce que c'est un bon Precure et est-ce qu'un novice complet de la franchise peut s'y intéresser sans avoir l'impression de se retrouver à la rue. Le problème de cette démarche est qu'elle peine à réellement démontrer l'intérêt de toutes ces séries en tant qu'histoire d'une année entière ; histoire qui présente à chaque fois ses propres sujets, motifs, thèmes et intérêts.
Ce statut fait de Pretty cure une franchise finalement très proche de Gundam et souffre à peu près du même mal. Soit qu'on a du mal a parler d'un Precure en particulier sans finir par parler de Precure en général. Mais en plus d'être représentant d'un courant souvent déprécié, les magical-girl, les Pretty Cure sont également de véritables séries pour jeunes filles sans aucun second degrés ou véritable sens caché. Alors s'il prenait l'envie à un opus de se mettre soudainement à parler, de princesses, de fleurs, de top modèles et des rêves on pourrait difficile envisager autre chose qu'une production difficile à approcher en dehors de son audience première.
A vrai dire, les première annonces de Go! Princess Precure (GoPri, pour faire plus court) n'ont pas réellement soulevées les foules, même parmi les habitués. Parler de princesses dans une série d'animation japonaise après la diffusion d'Utena c'est souvent une bonne occasion de s'invalider avant même d'avoir commencé à raconter quoi que ce soit. Pour ceux qui ne connaissent pas les tenants et aboutissants de cette affaire, Utena est souvent considéré comment étant en partie né de la lassitude qu'éprouvait d'Ikuhara face à certains motifs de Sailor Moon et de l'envie de remettre en question le rôle de princesse passive qui attend son prince charmant en tant que rôle modèle pour les jeunes filles.
Hors ce n'est absolument pas la prétention de GoPri, qui traite son sujet complètement au premier degré sans qu'il y ait un réel second niveau de lecture. Dire que cet opus partait désavantagé est un euphémisme, d'autant plus qu'on nous promettais très tôt plus de séquences en 3D que précédemment dans la série. J'ai moi-même commencé à la regarder me disant qu'elle allait certainement se casser les dents à un moment ou un autre. Et j'avais tort.
On va commencer par mettre de côté le plus évident avant de parler de la série elle-même : Go Princess Precure! est globalement bien réalisé et souvent très bien animé. Si vous avez entendu parlé de la série au cours de l'année, c'est certainement à l'occasion de l'un des ses spectaculaires moment d'éclats. Bien sûr, je mentirais en disant que chaque minute est un oeuvre à part entière, chacune aussi visuellement irréprochable que la précédente. Un paquet d'épisodes sont au mieux pas désagréables, quelques autres sont vraiment pas terribles et une poignée se situent très clairement au dessus du lot. Mais il me parait impossible d'en ressortir avec l'impression d'avoir vu quelque chose de réellement moche, ou de finir sur l'impression que les imperfections sabotait ce qui aurait pu être une bien meilleure série. Même lorsqu'elle n'est pas spectaculaire, la série est régulièrement charmante et amusante.
Par contre, les scènes en 3D sont vraiment laides, jusque dans leur design. Il n'y a pas trop d’inquiétudes à se faire cela dit, vu que ça ne concerne que des stock-shot et personne n'ira vérifier si vous les avez regardés en entier à chaque fois. Après tout, l’intérêt GoPri ne se résume pas qu'aux apparences.
Ce qui fait que cet opus marche en particulier, c'est qu'il est vraiment bien structuré et arrive même souvent à être bien écrit et bien pensé. Si ce n'est pas rare que des séries pour le jeune publique aient des très justes moment d’illuminations elles souffrent souvent de leur indigence générale dû au fait qu'elles s'adressent à des spectateur moyennement regardants. Même s'il est dans la moyenne haute de sa catégorie, Precure n'est pas exempt de ce genres de défauts. Mais GoPri s'en sort réellement la tête haute.
L'histoire est assez bien rythmé pour ne pas être monotone et même si elle surprend rarement dans son cheminement, les enjeux à court terme se renouvellent assez souvent pour éviter d'avoir l'impression de piétiner. De leur côté, les personnages servent bien le récit sans avoir l'air d'être gênant ou agaçant. Haruka est un personnage qui sonne particulièrement juste. Il aurait été facile de la rendre trop transparente ou à l'opposé d'en faire un personnage trop compétent dont les difficultés auraient sonnées fausses. Son évolution au fil de la série est un réel moteur pour le récit et la manière dont le reste du cast va se réunir autours d'elle ne donne pas l'impression d'être forcé. Je vais pas trop m'étendre sur le reste des personnages parce ce ne serait trop long et pas spécialement pertinent, mais comme souvent dans Precure ce sont eux qui sont les réels sujet de l'intrigue. GoPri ne fait pas vraiment exception à la règle, que ce soit pour les protagonistes, les antagonistes et même certains personnages secondaires.
Mais s'il y a bien quelque chose qui vous fais grimacer derrière votre écran (faites pas semblant, je vous ai vus), ça se résume assez facilement : les princesses. Il doit bien y avoir moyen de trouver un thème plus ringard et chargé d'a priori pas toujours injustifiées, mais ce serait difficile. Et pourtant, il est presque impossible de juger GoPri comme étant réellement nocif à ce sujet. La véritable finesse de cette histoire, c'est que si elle ne questionne jamais vraiment l'ambition absurde de son héroïne elle ne la remet jamais en cause non plus. Ce n'est pas le récit d'un jeune fille qui attends son prince charmant ni celui de celle qui finira par se rend compte que son rêve est puérile.
Ce que raconte Go ! Princess Precure est avant tout le récit d'une jeune fille qui cherche à s'accomplir tel qu'elle l'entend. L'objectif absurde d'Haruka à l'avantage de ne rien représenter de concret, à l'opposé de tous les autres personnages de la série qui poursuivent leur rêve propre. On peut y voir un moyen d'impliquer n'importe quel spectatrice ou n'importe quelle spectateur, mais l'important est surtout que l'accent est mis sur la démarche du personnage plus que son objectif. En orientant son sujet sur quelque chose qui parle finalement plus d'éducation d'autre chose, on évite à la fois l’écueil du personnage qui subit son récit et celui du personnage qui ne doit son statut d'héroïne qu'à sa qualité de parvenue.
Les plus tatillons trouveront peut-être à redire que le récit est finalement biaisée par le fait de nous montrer qu'une vision d'un milieu dans lequel la réussite sociale est la norme. Les plus désabusés pourront même dire que tout ce qu'il raconte est finalement naïf. Mais il est impossible de nier les qualités esthétique et narratives de Go ! Princess Precure. J'apprécie sincèrement le discours positif que construit la série sans jamais réellement être déplacée ou tendancieuse. Et au final, réussir à répondre de manière simple et juste à des sujets compliqués est aussi une des qualités, voire un des devoirs, d'une histoire destinée au jeune publique.