Ai no senshi, Cutey Honey !
Honey kisaragi est une étudiante - apparemment - sans histoire à l'école privée pour filles Saint Chapel, où elle passe son temps à faire tourner en bourrique ses professeurs. Evidemment ça ne dure pas, et la série débute avec la mort du père de Honey par les assassins de l'organisation criminelle Panther Claw. Dans un dernier souffle de vie, papounet apprends à sa fille qu'elle est en fait une cyborg, et que son corps renferme ce qui est sa plus grande invention : le Kûchū genso kotei sôchi, un mécanisme fabuleux permettant de matérialiser tout et n'importe quoi à partir de l'air. Et evidemment, les dirigeantes de Panther Claw, Panther Zora et son acolyte Sister Jill feront tout pour mettre la main dessus, tandis que Honey décide de mettre à contribution ce pouvoir fantastique pour se venger de Panther Claw en devenant Cutey Honey, la guerrière de l'amour et de la justice capable d'assumer n'importe quelle forme !
Ce qui frappe au visionnage de cette série Toei de 1973 c'est de constater que globalement, ça a quand même bien vieilli - merci entre autre au chara-design de Shingo Araki qui est resté attrayant au fil des années ou les décors de qualité, parfaitement psychédéliques et qui finissent d'ancrer la série dans les seventies.
Mais là où la série réserve une vraie surprise au spectateur contemporain, c'est dans ces contenus qui pourraient sembler quasi-inimaginables dans une série de cette age : entre les bouts d'anatomie de Honey qui trainent lors des transformations, la violence des combats et le saphisme assumé de sa professeur Alphonse qui poursuit Honey de ses assiduités, avouez qu'il y a de quoi se faire s'étouffer la ligue des associations de parent d'élèves japonais au grand complet. Pourtant, loin d'être une série fanserv' où chaque situation est prétexte à montrer un morceau de l'héroine dans le plus simple appareil, Cutey Honey est l'une des premières vraies héroines "fortes" de la japanimation : loin d'être la cruche type qui passe son temps à se faire sauver par le journaliste Seiji et la famille de ce dernier, c'est elle qui doit venir les sauver à chaque épisode ou presque !
La première série de mahô shôjo pour garçons était déjà une réussite à son époque, elle est restée toujours aussi agréable à voir maintenant et se paie même le luxe de rester inégalée par ses nombreuses suites - d'une Shin Cutey Honey plus cyberpunk à un Cutey Honey Flash résolument shôjo (la totale, avec beau garçon mystérieux et imagerie fleurie), en passant par le live déjanté de Anno de 2004. Seul le premier épisode de Re: Cutie Honey réalisé la même année par Hiroyuki Imaishi réussira à retrouver l'esprit résolument décomplexé, gaulois et flower-power de cette première itération de Cutey Honey.