Conan le fils du futur est la première et la seule série TV entièrement réalisée par Hayao Miyazaki. Adaptation de The Incredible Tide d'Alexander Key, on y reconnait sans peines la patte du maitre : un bon divertissement imprégné de messages forts et de multiples plaidoyers. Les thèmes cher à l'auteur y sont presque tous représentés, qu'il soit d'ordre idéologiques - rapports homme/nature, rapports homme technologie, responsabilité envers les générations futures - ou matériels - la mer, le ciel, les avions -, à tel point que l'on pourrait penser que cette histoire a été écrite pour lui.
Le soin (et probablement le budget) apporté à la réalisation et le design presque atemporel, caractéristique de Miyazaki font que malgré ses 30 ans, la série se porte plutôt bien, voire très bien. Les paysages sont souvent superbes et très détaillés. Les personnages ont des traits et des vêtements simples mais sont plutôt bien animé. Il y a des effets visuels sur le vents, la lumière, l'eau, les nuages... Vraiment, malgré une vision de la technologie du futur "made in 70's", un peu désuète aujourd'hui, et quelques imperfection du à l'absence de traitement par ordinateur, l'anime se regarde très bien.
Le rythme de la série est parfait; On a bien quelques scènes qui laissent le temps de souffler, mais globalement, pas le temps de s'ennuyer; Conan passe d'un quête à une autre, sans qu'il n'y est de rupture. Vraiment, les 26 épisodes de Conan sont d'une grande densité. L'histoire est à la fois simple et bien pensée, et arrive à maintenir accroché sans pour autant frustrer le spectateur; après avoir vu tant d'anime qui usent de ce procédé pour vous tenir en haleine, ceci est clairement la marque d'une trame réussie.
Pour ce qui est des personnages : bien que Conan ne soit pas franchement l'intellectuel de service, les idéaux du réalisateur transparaissent de manière évidente à travers lui. Conan agit pour le "bien", mais systématiquement de manière instinctive. Une manière de dire que le bien est inscrit chacun en nous (ou au moins en chaque enfant) ? A l'exception de Conan et Lana, qui sont les seuls véritables "gentils", tous les personnages sont nuancés, et adultes pour la plupart. Chacun poursuit ses propres intérêts et des alliances se font au fur et à mesure des besoins, leur "bonne" nature se révélant au contact des héros. Cela est relativement classique chez Miyazaki. Chose plus rare en revanche, il y a un méchant vraiment méchant. Il me semble qu'avec Laputa ils s'agissent des seules œuvres comportant un personnage aussi manichéen.
J'ajouterais enfin, qu'il s'agit d'un classique dont le générique a bercé mon enfance puisqu'il a été diffusé en 1989 sur FR3 (Je vous rassure cependant, je n'écris pas cette critique à la lumière de souvenirs poussiéreux et magnifiés : j'ai revu cette série il y a peu de temps). Bien que probablement destinée à un public jeune, Conan le fils du futur est une oeuvre qui transcende les générations, que tout fan de Miyazaki se doit d'avoir vu.