Qu’on soit clair, on ne va pas traiter ici d’une saison particulière mais des animes Date A Live, de ses cinq saisons et ses trois films (respectivement Kurumi Star Festival, Mayuri Judgement et ce furoncle qu’est Date A Bullet). Je ne traiterai ni des jeux ou des light novels ou manga parce que je ne les ai pas lus et honnêtement, parce que je n’en ressens pas le besoin.
Mon expérience de Date A Live, c’est d’abord une réputation : un tas de personnes qui me disent que Date A Live, c’est de la merde et qu’ils ne regardent que pour un personnage, en la personne de Kurumi.
Cela va être important pour plus tard donc je me permets ce détour : si j’aime briller en société ou plutôt sur les bancs de la fac en lisant des classiques devant tout le monde, autant pour le plaisir de lire que parce que c’est une façon de lancer des conversations, il se trouve que je suis le gens d’énergumène à mettre sur un pied d’égalité des œuvres aussi différentes que, au pif, Moby Dick, Lolita et Kana Imôto et que je pense que Oreimo et Soumission (si si, le bouquin de Houellebecq qui se veut être un roman d’anticipation avec une France islamiste) sont fondamentalement tous les deux des reflets d’un zeitgest très particulier et accidentellement, des bouquins de droite. Mais ton œil avisé lecteur aura remarqué que j’ai non seulement cité Oreimo mais aussi Kana, un visual novel quelque-peu plus obscur (et encore, fut un temps ce fut une référence) et que cela devrait t’indiquer une chose : je suis un puant de merde, le genre qui sait identifier une tsundere et une kuudere, le genre qui a des théories très avancées sur pourquoi on retrouve autant de petites sœurs dans l’animation japonaise et dont le cerveau est aussi ravagé par ses cours de français du lycée que par un peu trop d’heures passées sur l’infâme TVTropes. Et quand en plus de cela j’ai un certain intérêt pour la théologie et des connaissances rudimentaires dans la Kabbale.
En est-il de même pour Koshi Tachibana, l’auteur des LN Date A Live ? Et bien je ne le connais pas personnellement mais si ça fait le bruit d’un canard, que ça ressemble à un canard et que ça se mange confit ou en magret, alors c’est un canard et je pense qu’il est « comme moi ». Suffisamment pour que je m’amuse à balancer des prédictions à mesure que je regardais Date A Live et que je me surprenais à deviner bien des éléments d’intrigue.
Je te jure c’est important, parce que je me dois de t’expliquer dans quel état d’esprit j’ai vu cet anime car sans cela, mon 10/10 n’a aucune valeur. C’est pas moche mais y’a plus beau, la musique porte l’ambiance mais c’est pas universelle. L’histoire n’est jamais qu’un prétexte au fond et l’écriture, là-encore, ça va pas mal dépendre de ta sensibilité. Tout cela fait mouche chez moi mais tu n’es pas moi (et même au moment où j’écris ces lignes, tu es une fiction d’un autre).
Ainsi, le premier épisode de Date A Live est… un foutraque. Pas mal de concepts sont introduits et visuellement déjà c’est le bordel : on retrouve des meufs dont le design est clairement influencé par du mecha musume et… une meuf fringuée comme un Original Character de Fate avec son combo armure et robe qui me rappelle Saber de Stay Night et un protagoniste lycéen aux cheveux bleus (le boug doit même avoir des pronoms) et…
le premier épisode se fini sur une parodie de jeu de drague avec des faux sprites, une musique idiote et-STOP QU’EST-CE QUE JE VIENS DE VOIR ?
Date A Live est une franchise « contemporaine » dans le sens où même si le premier tome du LN est sorti y’a plus de dix ans, son socle de référence est finalement d’une « génération d’avant ». Date A Live a dans son ADN des jeux d’aventures, des œuvres de mecha, des histoires d’ados avec des pouvoirs craqués (très chuuni dans l’esprit), des personnages très archétypaux, des organisations avec des logos qui sortent d’Evangelion et des noms à coucher dehors (Deus Ex Machina ? Ratatoskr ?) et un synopsis (sceller des meufs magiques en leur roulant des pelles) qui semble appartenir à une autre époque et en vrai… ouais ! Si ce n’est pas une avalanche de « Hé t’as vu ? Moi aussi je connais… », Date A Live n’est évidemment pas né ex nihilo. Mais vous le savez sans doute : ce qui fait le plat, c’est moins les ingrédients que le chef et Dieu soit loué, ici on est davantage en présence de gastronomie que de snack miteux.
Date A Live fait le choix d’avoir un GROS cast de personnages (portés par des doubleurs franchement cools en VO, y’a Marina Inoue qui double Tôka bordel comment vous voulez que je reste calme), ce qui est peu étonnant pour un harem mais… bah globalement, aucun personnage n’est vraiment laissé à l’abandon. Tous ont leur arc, parfois même plusieurs et si on peut pester que les antagonistes sont quelque-peu simplistes, je ne pense pas que c’est fondamentalement si grave que ça, parce que Date A Live n’est pas un anime de bagarre. Y’en a hein mais le cœur du truc c’est…
Bah c’est Shido qui essaye de draguer des meufs avec des caractères plus ou moins chelous. Qui aurait cru que dans Date A Live, le plus important c’est les dates ?
Finalement, on se rapproche d’un The World God Only Knows, avec cette idée de draguer pour sauver le monde ou sauver les meufs d’elle-même et si parfois ça lorgne du côté « comédique » (l’arc centré autour du personnage de Miku est un concentré de situations rocambolesque), c’est parfois l’occasion de parler de thèmes un poil plus sérieux (j’pense à Natsume ou à Mukuro) quand on nage pas en plein DRAMA (mais ça, je préfère pas spoiler).
Alors oui, ce sont des archétypes de personnages que vous avez vu un paquet de fois et certaines volent pas forcément très haut. Pour autant, est-ce que ça occulte le fait qu’on a des moments vraiment touchants, des scènes qui fonctionnent ?
Date A Live croit en lui. Il assume complétement son côté absurde et n’en a pas peur : à aucun moment l’anime ne doute de lui-même, tout est traité avec le même sérieux. Cela ne veut pas dire que tout est toujours très sombre hein mais il y autant d’efforts pour de la drague que pour de la bagarre car si l’amour c’est la guerre, la réciproque est en l’espèce vrai. Oui, la commandante est une collégienne, leur arme secrète est un lycéen casanova à en devenir et le vice-commandant est un pédophile qui est uniquement ici parce qu’il est aussi diablement compétent. Oui, Reine est une trentenaire avec des cernes qui ne partent pas et une peluche d’ours dans sa poche, Origami est une kuudere enfant soldat avec des fantasmes un peu chelou, Tôka a aucun bon sens et mange pour cinq et je veux que Kurumi me marche des- je veux dire c’est quelqu’un qui mange des gens et qui s’habille en gothlolita. Et pourtant Date A Live y croit et moi aussi et c’est cool de voir un truc qui s’assume et qui n’a pas peur de son reflet.
Alors oui, tout ne se vaut pas. J’aime pas le personnage de Miku et Date A Bullet est… vraiment un film pure fanservice pour les gens qui aiment VRAIMENT Kurumi car ce sont en réalité deux épisodes qui viennent étoffés le passé de Kurumi mais… bah c’est un Battle Royale où les gens se battent quasiment pas et où la majorité des persos sont vaguement introduis et puis on passe à autre chose. C’est sans intérêt, surtout en comparaison de Mayuri Judgement qui fonctionne mieux dans son côté « épisode bonus » ou Kurumi Star Festival qui, au-delà du fanservice pour Kurumiste (c’est pas la seule que j’aime hein mais bordel, Kurumi…) fonctionne particulièrement bien parce qu’étant à mes yeux une parfaite synthèse de ce qu’est Date A Live.
Date A Live est une expérience, parce que c’est le genre d’œuvre dont l’ensemble est plus grand que la somme de ses composants. Je vous conseille de « bingewatch » ça ou en tout cas de prendre les 5 saisons comme une seule grande œuvre que comme 5 animes séparés. Vous n’avez pas besoin d’avoir vu, je sais pas moi, Gundam, Evangelion et lu des VNs, vous n’avez pas besoin de savoir ce que c’est qu’une imouto ou de connaître l’Arbre de la Vie mais je pense que ça aide à comprendre la démarche, la vision et que c’est je pense ce qui me permet de mettre une « note parfaite » à une franchise qui autrement s’est pris pas mal de cartons.
Sur ceux, je vous laisse, je dois récupérer ma carte de membre du Parti Kurumiste.