De quelles couleurs vos rêves sont-ils faits ?

La représentation de la réalité varie beaucoup, paraît-il, en fonction du contexte dans lequel cette dernière est perçue. Les rêves ne sont-ils pas à leur manière une forme de réalité ? Peut-être ne permettent-ils pas la plus grande liberté quant à leur compréhension ou réminiscence ; mais rares sont ceux à se manifester dans notre esprit de manière entièrement indépendante.

Tori no Uta présente avec pudeur mais aussi une très grande justesse la vie d'un garçon dont les réflexions voguent entre rêveries, désillusions et la nécessité de survivre envers et contre tous.
En effet, le temps passant, le souvenir de celle dont il tomba jadis amoureux devient qu'une chimère dont il peine à en comprendre les fondements. Il nourrit pourtant toujours l'espoir de la revoir ; qu'elle soit réelle ou non s'avère finalement anecdotique tant son désir d'une nouvelle supposée rencontre devient grandissant.
L'œuvre s'immisce ainsi dans nos propres pensées avec pour ambition de les distordre sans jamais réellement les altérer. Seulement se jouer d'elles en nous défaussant de notre condition de juge dans l'espoir d'apprécier un peu plus la situation présente, t-elle qu'elle se présente, qu'elle soit réelle ou non.

Je ne suis pas toujours très habile lorsqu'il s'agit d'utiliser des mots ; je suis un bien meilleur illustrateur.

Effectivement, si Amano Yoshitaka n'est sans doute pas le plus à même d'expliciter son propos, il devient néanmoins tout de suite plus habille crayon en main. Car cette OAV n'est pas à probablement parler une œuvre d'animation, mais plutôt une succession de dessins (en l'occurrence magnifiques) étant mis en musique et paroles mais où le silence a également une grande importance.

Aussi singulière que passionnante, Tori no Uta nécessitera peut-être plusieurs visionnages pour une compréhension plus grande (ou tout du moins plus personnelle) et, ne serait-ce que pour l'incroyable talent de Amano Yoshitaka, mérite (très) largement le détour.