Avant de m'attaquer à la dernière réussite en date (Mawaru Penguin Drum) de mon petit studio d'animation chouchou, à savoir Brain Base, je me suis lançé dans un petit tour d'horizon des oeuvres qu'ils ont pu réaliser. Toujours d'un genre différent, mais souvent régulières en terme de qualité, ce studio à su trouver à travers Baccano, ou Durarara (n'en déplaise à certains habitants de ce forum), sa place dans ce grand bordel qu'est l'animation japonaise. Se démarquant par une originalité certaine et des graphismes de toute beauté (je pense surtout à Kamichu et à Kamisama no Dolls), les studios Brain Base ont donc su assurer leur pérennité. Mais, en ce qui concerne certaines perles (parmi lesquelles on peut compter celui dont on va parler aujourd'hui), il est parfois resté obscur.
Denpa Teki na Kanojo (DTK), est une de ces productions qui a su attirer mon attention malgré quelques défauts évidents. Et s'il ne s'agit clairement pas d'un chef d'œuvre de l'animation japonaise, il reste à mon sens une référence méconnue. Dans un soucis d'originalité, je ne vais pas structurer cette critique en diverses parties, mais bel et bien étaler, dans le désordre, tout ce que ma tête contient à ce propos (il serait temps que le lecteur fasse un peu d'effort)!
Quand on s'intéresse un peu au staff qui a réalisé cette belle série (oui oui, le studio d'animation ne fait pas tout) on retrouve du beau monde. A la réalisation il y a un certain Kanbe Mamoru, qui a, entre autre, réalisé Elfen Lied, ce qui n'est pas sans lien avec l'incroyable atmosphère sanguinolente dont est pourvu DTK, ce même Monsieur a également fait partie du staff de réalisation de Baccano, dont l'atmosphère quoique moins gore, est toujours aussi franche durant les scènes morbides. Pour citer un autre nom afin de justifier l'emploi du pluriel plus tôt, il y a également Mister Yoshino Hiroyuki en charge du scénario tout comme il l'a été pour la fameuse série Code Geass (je sais que vous, foules de lecteurs, êtes ébahis par la simple prononciation de ce nom, il en va de même pour moi). Cette équipe composée d'autres gens talentueux a porté haut une œuvre qui aurait pu tomber bien bas. Car il s'agit bien d'une adaptation d'un Ligth Novel, et nous savons tous combien les tentatives de transposition d'un support a un autre foirent souvent. Mais je réalise qu'il serait grand temps que j'entre dans les détails...
DTK est au niveau de son format, deux OAVs, dont on suppose qu'un troisième finira par sortir... Comme cela commence à dater, et que la fin du deuxième épisode n'appelle pas forcément à une suite, je suis parti du principe que l'on pouvait considérer la courte série, terminée. Les deux épisodes font en moyenne 40min chacun, ce qui est suffisant pour apprécier la qualité d'un scénario plutôt simple mais drôlement efficace (concision et synthèse). Parlons donc de l'histoire : aussi incongrue puisse-t-elle paraitre, les deux épisodes sont montés comme des thrillers normaux mais un peu déjantés, avec pour personnages principaux des lycéens. On entre, au tout début, dans le cliché (appelez moi le chevalier de la défense de l'originalité) avec la mise en place de personnages plutôt basiques : la déléguée studieuse, la racaille, l'otaku, l'énergique tsundere... Mais il devient vite intéressant de voir que l'on se sépare de ces stéréotype pour aborder des sujets graves en relation souvent avec la folie, la solitude, et la souffrance. Des thèmes très adultes donc, tournant autour de la difficile étape de l'adolescence. Ainsi on retrouve deux personnages centraux, qui vont former le couple d'enquêteurs lycéens, tentant de résoudre une série de meurtre ou des harcèlements malsains. Attention cependant, il ne s'agit clairement pas d'un Gosick. C'est bien plus mur, par rapport au regard porté sur les thématiques. Parce qu'en effet la solitude, la souffrance, le meurtre et le viol, c'est pas neuf dans la japanimation, mais l'angle depuis lequel ces derniers sont vus, est définitivement dur, et particulièrement brut de décoffrage (et là, Elfen Lied se fait sentir!). Cet animé ne devra en effet pas tomber dans de mauvaises mains, trop jeunes ou trop sensibles, car le sang coule à flot, les cadavres ont ce réalisme qui dérange et les couleurs aussi vives soient-elles pendant la journée, deviennent très sombres durant la nuit.
La mort, la souffrance, des enquêtes, un couple mec/femme, une atmosphère étrange et gore, on est à peu de choses de rencontrer Garden of Sinners (j'en fais hurler plus d'un, je le sais...). Mais la différence est pourtant flagrante : il n'y a pas autant de fantasy, voire pas du tout, ce qui renforce l'impression de dureté des sentiments véhiculés. Les personnages principaux n'ont pas le même rôle à jouer, car quand il s'agit d'une racaille aux airs de justicier, abordé par une otaku prétendant être sa servante et lui un roi, leur présence n'est finalement ici que pour renforcer l'état de folie dans lequel on réside. En effet la folie est bien le moteur dissimulé de tout ces protagonistes. Pour autant, on est bien loin d'une série comme Soul Eater, de par son format, mais surtout, au risque d'insister, de par l'extrême réalité depuis laquelle cette folie est abordée. Cependant pour en revenir aux allusions du début de ce paragraphe, il est clair que depuis mon point de vue, il y a une similarité, non sur la forme, mais sur le fond et sur l'ambiance entre DTK et Garden of Sinners. Ce n'est pas une mauvaise chose, car il est seulement question ici de coller à un registre.
L'animation en soi pèche quelque peu, même si elle est fluide, elle ne se distingue clairement pas par une beauté extraordinaire, ou une originalité notable. Encore une fois, il s'agira toujours plus d'une animation violente, à l'image des thèmes abordés. Le sang coule et les visages de cadavre resteront gravées dans votre mémoire. Ce n'est pas pour autant du gore pour le gore, mais un support, un véhicule terrible, de la violence intrinsèque de l'histoire. Il est clair que cet animé aurait été desservit par une animation candide. Ainsi, inscrite dans la logique, dans une continuité, elle n'a cependant pas eu le loisir de m'émerveiller. Là où dans Durarara certains paysages urbains m'ont marqué, ici, elle reste correcte. Les graphismes sont donc esthétiques en ce sens qu'ils sont lisses et accompagnés par une belle animation, mais il n'y a rien d'authentique. C'est au final très convenu. Cependant je n'irais pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'une mauvaise chose en soi. C'est dommage mais ce n'est clairement pas une raison pour ne pas regarder l'animé.
La bande son et les doublages passent bien. Les musiques ne sont pas marquantes, même si elles contribuent à l'ambiance. Notez qu'il aurait été étrange d'entendre "Le petit bonhomme en mousse" au moment où l'on voit une femme se faire tuer. Alors, au risque, pour la énième fois, de me répéter, il s'agit d'un tout très convenu mais non moins agréable.
Pour conclure, je dirais que si cet animé m'a plu c'est pour la maturité avec laquelle il a abordé des sujets parfois extrêmement dur à faire ressentir. Plutôt que d'en faire trop, et d'en dire trop, les auteurs ont parfois préférés se taire, démontrant plus les conséquences de ce que la solitude et la folie peuvent avoir (par des regards, et par une histoire bien ficelée), plutôt que de chercher à les expliquer. Il s'agit là d'une démarche pertinente à mes yeux qui évite des écueils tel que Naruto (je sais que c'est pas pareil mais bon...) a pu nous en faire connaitre. De façon générale il ne s'agira pas d'élever cet animé au rang des classiques, mais de le rendre incontournable pour qui veut explorer quelques petites perles. Bien sur il est pourvu des défauts évoqués plus haut, mais s'il est une chose qui soit irréprochable, c'est le scénario et la construction impeccable des épisodes, fluide et efficace. Ainsi dans mon esprit, un 7 parait approprié en ce sens qu'il correspond à la qualité de l'animé sans le consacrer (comme le ferait un 8/9/10) en tant qu'œuvre géniale.