Detective Conan, le film 14 : Die Hard
Étant donné que je ne connaîtrais probablement jamais le dénouement de l'histoire de Conan de mon vivant, le manga de Gosho Aoyama étant conçu pour durer jusqu'à la fin des temps, je profite de la sortie de ce film pour parler un peu avec vous de cette licence que j'apprécie depuis... depuis bien longtemps, en fait.
Je ne vais pas vous faire l'insulte de vous rappeler en quoi consiste l'univers de Conan, que vous connaissez évidemment aussi bien que moi. De toute façon, il n'est pas utile de maîtriser les 70 tomes de la série pour comprendre ce film. Je le précise car ce n'est pas toujours vrai, certains films mettant en scène l'Organisation des Hommes en Noir (le 5 et le 13). Ici ce n'est pas le cas : si comme moi vous avez assidûment suivi la série télé lorsqu'elle passait en France, et que vous lisez occasionnellement le manga, il n'y a aucun problème.
Paradoxalement les films de Conan se ressemblent tous mais sont de qualité inégale. Certains d'entre eux sont de qualité égale voire supérieure au manga, d'autres sont des bouses infâmes. Ce quatorzième film se place dans la moyenne.
Ce qui lie les films Conan, et les diffère nettement du manga et de son adaptation en série télé, c'est que l'aspect "énigmes et enquêtes" est délaissé au profit de l'action pure. les films de Conan sont de vrais petits films d'aventure en dessins animés, se rapprochant beaucoup de ce que Lupin III faisait en son temps.
L'histoire est d'un classicisme affligeant. Des terroristes volent une arme bio-chimique dans un centre de recherche secret (pourtant chez les Japonais la guerre est inconstitutionnelle...). Parallèlement, L'oncle de Sonoko défie une énième fois le Kid en lui proposant de venir voler un joyau qu'il a entreposé dans son dirigeable personnel. Bien sûr, Conan et sa clique viennent assister au spectacle. Or, vous vous en doutez, un dirigeable est un lieu idéal pour répandre des trucs bio-chimiques malsains, et les terroristes ne tardent pas à montrer le bout de leur nez...
Le scénario est clairement prétexte à fourrer des scènes d'action à tout va. Certains films le faisaient avec une certaine finesse, là c'est limite si je ne compare pas ce film à un Bruce Willis ou un Vin Diesel. Conan, parfois aidé du Kid, va se faire à lui tout seul les terroristes qui, curieusement, n'hésiteront pas à lui tirer dessus à la Kalachnikov...
Mais il en a connu d'autres le Conan ! Pour rappel le détective en culotte courte :
- a poursuivi un fou furieux poseur de bombes dans tout Tokyo;
- a démasqué un tueur en série maniaque de l'explosif ;
- a été pris dans l'explosion d'un gratte-ciel ;
- a été coincé sur un paquebot miné en train de couler ;
- a été menotté par un bracelet contenant une bombe prête à sauter ;
- a affronté et vaincu, tout seul, un hélicoptère de combat qui le poursuivait en lui tirant dessus à coups de mitrailleuses lourdes en haut de la Tour de Tokyo (je me souviens c'était particulièrement abusé cette fois là...)
Et tout cela rien que dans les films...
Du coup, mettre hors d'état de nuire une bande de preneurs d'otages munis d'explosifs en plein ciel, c'est une formalité pour notre petit Holmes. Il ne tremblera même pas lorsque, vers le milieu du film, il est projeté par-dessus bord sans parachute, dans un scène frôlant la chute libre de Roger Moore dans Moonraker.
Les graphismes sont nets et clairs. On appréciera que, comme pour tous les films, l'ending soit composé par un artiste japonais connu et réalisé en prise de vues réelles. Les musiques dans le film sont assez mal utilisées. Je me souviens par exemple qu'à chaque plan où l'on voit le dirigeable de loin, un horripilante musique d'ascenseur se déclenche.
Les personnages sont fidèles à eux-mêmes, mais on remarquera une mise en avant de Conan et de Kid, au détriment des Détective Boys (tant mieux ?), ce qui n'a pas toujours été le cas. Enfin, la toute dernière scène du film est assez cocasse (pour du Conan hein) : le Kid se fait passer pour Shinichi et essaie de faire des "trucs" à Ran... Du fan-service minable mais dont la rareté permet d'en apprécier encore mieux la valeur.
En tout cas, le film respecte les codes de la série et c'est tout ce qu'on lui demande. Tel le Gunbarrel de James Bond, il y a toujours cette fameuse énigme à la con que le public non japonisant aura vite fait d'oublier. Et puis, comme chez notre espion britannique, notre Derrick japonais voit son générique de fin se terminer par, je cite : "Détective Conan revient dans Détective Conan le film 15 !". J'attends de voir...
Bref un film sympathique, sans grande ambition évidemment, mais qui rattrape le coup après les deux derniers films d'une nullité spectaculaire...
Je vous conseille quand même les premiers films. C'était autre chose, cette époque-là.
Les plus
- De l'action, et de la bonne
- Du fan-service avec le Kid
Les moins
- Histoire qui sent le déjà vu
- Un film anecdotique