Pour célébrer la quinzième année de diffusion de l’animé Détective Conan à la télévision japonaise, voici une rétrospective des films animés Détective Conan, qui se voudra critique mais aussi pédagogique envers ceux qui ne seraient pas familiers de cet univers (honte à eux). There we go.
Détective Conan le film 6 : Conan Reloaded
« C’est bien joli de voir des enfants de primaire poursuivre des tueurs dangereux, des poseurs de bombes et autres terroristes, mais les parents dans tout ça ?
C’est l’avantage des personnages de dessins animés, ils peuvent faire ce qu’ils veulent sans se soucier de ce que vont dire papa et maman. Pourtant Conan a bien des parents, mais qui jouent un rôle mineur dans l’histoire.
Le papa de Shinichi s’appelle Yûsaku Kudo, et c’est, pour faire simple, l’homme parfait. Écrivain de romans policiers à succès, il vit entre les États-Unis et le Japon, profitant de son immense fortune. C’est aussi un bon ami de l’inspecteur Maigret, et il coopéra à plusieurs reprises avec la police dont il résolvait les enquêtes les plus compliquées. Son talent de détective est d’ailleurs de loin supérieur à celui de Shinichi même s’il préfère laisser son fils trouver la solution par lui-même. Il a appris à son fils à conduire et à tirer, et l’emmenait déjà sur des scènes de crimes alors qu’il n’avait pas onze ans.
La maman de Shinichi s’appelle Yukiko Fujimine (référence à Fujiko Mine dans Lupin III, dont Gosho Aoyama semble être un grand fan). Elle a étudié à l’école Teitan, et devint vite adulée pour sa beauté et son talent d’actrice. Elle était promise à une carrière à Hollywood mais à la surprise générale elle se retira du métier pour épouser Yûsaku. Depuis elle le suit dans ses voyages autour du monde.
A l’inverse de son époux, Yukiko est restée une adolescente dans l’âme. Elle refuse qu’on lui rappelle son âge, et a des réactions parfois immatures… On retient surtout sa rivalité avec Eri Kisaki dont elle est une amie d’enfance. Elle a néanmoins conservé ses talents d’actrice, et s’en servira pour aider son fils contre l’Organisation. »
Les films Conan, par définition, sont des HS de la série animée ; ce sixième film pourrait être considéré comme un HS des HS.
L’histoire débute avec le suicide d’un petit garçon. Tragique, n’est-ce pas ? Il s’agissait d’Hiroki, un petit surdoué de l’informatique travaillant sur un projet mystérieux appelé « Noah’s Ark ». Plusieurs années plus tard, la société Schindler, dirigée par le père de feu Hiroki, présente son nouveau système de jeu vidéo, le Cocoon. Il s’agit d’une sorte de réalité virtuelle dans laquelle les enfants vont pouvoir vivre des aventures comme s’ils y étaient pour de vrai. Pour le tester, cinquante enfants sélectionnés parmi les familles influentes du pays. Par divers moyens, Conan et les Détectives Boys parviennent à obtenir leur invitation. Mais coup de théâtre ! Le développeur du jeu est retrouvé assassiné… il laisse un étrange message : JTR.
Décidé à retrouver le coupable, Conan entre dans la réalité virtuelle. Mais le drame survient : dès le début du jeu, le système informatique est hacké par un mystérieux programme, intitulé « Noah’s Ark »… Une double enquête va alors se mener : Conan va parcourir une reproduction cyber informatique du Londres du XIXe siècle, tandis que son père, Yûsaku Kudo, va devoir rechercher le criminel dans le monde réel.
Dès le départ le film est surprenant à plus d’un titre. Je ne l’avais pas remarqué durant mon premier visionnage mais ce film contient beaucoup de morale et de messages politiques. Étonnant pour une licence que j’ai toujours considérée comme très consensuelle.
Ainsi dès le départ on vous explique, de manière très sérieuse, que le Japon est un pays gangréné par la corruption, qui se complaît dans la reproduction des élites, dans lequel le déterminisme social attise la luttes des classes et forme des jeunes pourris et gâtés. Un message à peine voilé et, si l’on regarde d’un peu plus près, parfaitement incohérent avec la réalité du manga : citez-moi un personnage important de Conan qui ne soit pas déterminé par ses parents… Un peu comme dans Naruto : le message principal du manga est que même s’il l’on n’est pas d’une bonne famille, on peut réussir ; pourtant même Naruto est un fils de, et il tire sa force de cela…
Je n’ai rien contre les messages moralistes à deux francs dans les mangas et animes (on parle d’une industrie du divertissement pour enfants, normal qu’il y ait des lieux communs) mais quand cela entre en contradiction avec ce qui est montré dans le manga lui-même, ça me saoule.
Le second reproche que je ferais à ce film, c’est son univers et son scénario d’une absurdité rare, même pour Conan. Le coup de la réalité virtuelle est un ressort classique, mille fois utilisé. Mais on se demande toujours cette science-fiction au rabais vient faire dans Conan. On y croit pas deux secondes, et cette relecture de Sherlock Holmes avec Jack l’Eventreur, des ninjas et des EXPLOSIFS, ne peut que faire sourire par son incohérence. En ce qui concerne l’affaire dans le monde réel, elle ne réserve aucune surprise puisque, à la manière de Columbo, le coupable est révélé dès le début. Par contre, quand j’ai compris le mobile, j’ai juste éclaté de rire, tant celui-ci se hisse à la plus haute marche des mobiles les plus ridicules et improbables jamais connus.
Je ne vais pas m’étendre plus, ce film est raté sur tous les plans ou presque. Le volet politique et social est inattendu, mais fait plus figure de morale à deux balles pour shônen décérébré. Le coup de la réalité virtuelle sort de nulle part et fait tâche dans l’univers de Détective Conan, d’autant que dans les faits cet élément est utilisé de manière très scolaire et prévisible.
Bref, ce film Conan est un bug à éviter. Garder vos forces pour le film suivant qui vaut déjà un peu plus le coup.
Les plus
- Quelques dialogues étonnants
Les moins
- Qu'est-ce que de la SF vient faire dans Conan ?
- Scénario WTF