Dosanko Gal wa Namara Menkoi est un manga publié sur le Jump+ depuis 2019 avec plus d’une douzaine de volumes à ce jour, et qui vient de recevoir une adaptation anime. On y raconte l’histoire de Tsubasa Shiki, que l’on va désormais appeler Protag-kun, un garçon de Tokyo qui déménage dans la ville de Kitami sur l’île d’Hokkaido, au nord du Japon. Le climat d’Hokkaido est bien plus rude que celui de Tokyo, et notre Protag-kun va avoir du mal à s’habituer; heureusement pour lui, quelques minutes après avoir posé le pied dans sa nouvelle ville la gonzesse la plus chaude de la région va lui sauter dessus…
Cette série se place dans une niche particulière de la comédie romantique à savoir les séries de «gyaru». Normalement vous savez ce que ce sont les gyarus mais pour les quelques normies qui seraient tombés par accident sur ce texte, les gyarus ce sont des jeunes filles qui adoptent une apparence extravagante, avec beaucoup de maquillage et autres éléments vestimentaires qui détonnent avec la norme de la jeune fille japonaise propre sur elle. Ainsi Protag-kun va tomber sur Minami Fuyuki, qui vient en classe avec des faux ongles de la taille des griffes de Wolverine et qui arbore un décolleté vertigineux et une micro-jupe au ras de la joie de vivre même quand il fait -10°C dehors. Les premiers épisodes ne se privent d’ailleurs pas pour montrer la marchandise sous ses meilleurs aspects, entrecoupés par des plans sur Protag-kun choqué de poser les yeux sur ce que sa condition d’herbivore lui interdit de convoiter. En avançant l’anime délaisse l’aspect voyeur pour aller vers la romance, et c’est là où moi j’ai décroché complètement.
Je pense que pour faire une bonne romance, et pour faire une bonne histoire de manière générale, il faut d’abord de bons personnages. Et pour faire de bons personnages, il faut savoir écrire un minimum. Une série telle que Dosanko Gal, avec son écriture dégoulinante de complaisance, ne peut pas intéresser qui que ce soit passé l’âge de 14-15 ans. Tu as ce Protag-kun au charisme d’huître qui pique une crise d’angoisse dès que quelqu’un lui adresse la parole, et tu as ces filles qui lui tournent autour comme des chiennes prêtes à se jeter sur os à ronger. Parce que oui à un moment tu as d’autres filles qui entrent dans l’orbite de Protag-kun, dont une qui est censée être une «gamer girl» et qui joue à sa Nintendo Switch en portant ses faux ongles de 5cm, et l’autre qui est genre la fille la plus belle et intelligente du lycée que tout le monde admire mais elle va évidemment se précipiter (littéralement) sur Protag-kun dès le premier regard. Ça se voit que l’auteur ne voulait pas se prendre la tête à écrire des personnages, des situations, des histoires, lui ce qu’il voulait c’était mettre en place son harem le plus vite possible avant que le public de ne se rende compte de l’indigence de son récit.
Plus l’anime avance plus ça devient insupportable à regarder. Les dialogues consistent à écouter les personnages parler de tout et de rien (surtout de rien) et à se complimenter les uns les autres dans un interminable concert de mièvrerie. De temps en temps tu as Protag-kun qui ouvre la bouche pour sortir une banalité et là les filles entrent en transe comme si elles venaient d’entendre la Parole de notre Seigneur Jésus-Christ en personne. Puis on passe à la scène suivante et rebelote. L’anime récent le plus proche que je pourrais comparer c’est Nagatoro, mais au moins dans cette série l’auteur avait l’intelligence de démarrer avec les personnages en conflit avant de les rapprocher, là dans Dosanko Gal le Protag-kun il arrive direct en terrain conquis, avant le début du premier épisode toutes les filles les plus bonasses de la région lui sont servies sur un plateau, c’est juste pas intéressant.
L’anime aurait pu être sauvé par sa réalisation à l’instar d’un My Dress-up Darling qui était tout aussi complaisant mais très joli à ̶m̶a̶t̶e̶r̶ regarder. Dosanko Gal n’aura même pas ce luxe, c’est médiocre au possible avec une animation pauvre et un design banal. Même l’opening avec la musique de Masayoshi Ôishi ne sauve pas l’affaire, c’est dire le niveau. Le seul point un peu sympa c’est quand la mère de Fuyuki apparaît, là par contre s’ils avaient fait toute la série en mode MILF c’aurait été autrement plus… palpitant.
On a eu pas mal de comédies romantiques de haut niveau ces dernières années, et il ne fait pas de doute que le succès de My Dress-up Darling a invité les producteurs à lancer d’autres séries sur le thème des gyarus. Sauf qu’avec une concurrence si rude, se contenter du minimum n’est pas suffisant. Dosanko Gal n’est pas assez offensif pour être catégorisé comme un foutage de gueule, mais c’est juste beaucoup trop faiblard pour être autre chose qu’une série naze et complaisante parmi tant d’autres.