Qui a vieilli et continue encore de regarder des dessins animés ?
Nombre d'entre-nous.
Du moins dans cette bulle hors du temps qu'est AK.
Parce que dans la vraie vie, presque tous les gens que je connais ont lâché l'affaire pour tout un tas de raisons - y'en a qui se sont réveillés pour SnK, Arcane ou qui prennent leur dose journalière de pirate au chapeau de paille pis c'est tout.
L'un des arguments le plus commun est celui de la lassitude et à juste titre... car l'une des affres de la Japanime pour les "grandes personnes dignes de ce nom", est que sa force de proposition est cloisonnée par une industrie dont la cible principale se situe plus en dessous des 20 qu'au-dessus des 30.
On appréciera l'ironie quand on sait qu'en termes de pouvoir d'achat c'est plutôt l'inverse qui se vérifie avec le temps...
C'est donc toujours avec optimisme que j'accueille les œuvres plus à même de satisfaire mes goûts actuels tels que :
The Fable.
Tel est le sobriquet donné à un assassin qui tel un Keyser Söze, est si redouté ans le milieu de la pègre qu'il en est devenu une légende vivante... Ou pas.
Car aucun témoin n'a jamais survécu pour certifier son existence.
Cependant The Fable est bien réel et se verra exigé par son boss d'aller "se mettre vert" quelque temps avec pour consigne de se fondre dans la masse du commun des mortels, ce qui implique de laisser sa pétoire au tiroir.
Un défi pour quelqu'un dont le quotidien, jusque-là, se résumait à refroidir des gens sur commande.
The Fable est une œuvre qui appartient au registre de la comédie et qui, à l'instar de La Voix du Tablier, nous propose de suivre le quotidien ordinaire de "grandes personnes dignes de ce nom" qui elles, n'ont absolument rien d'ordinaire.
Comique de situation garantie.
Rien de moins que la base des animes "légers" genre le récent Spy X Family, Sakamoto Days, voire un Mission Yozakura, pour rester dans le thème tueur à gages/espion qui semble retrouver un nouveau souffle depuis quelque temps.
The Fable quant à lui, nous offre un héros aussi taciturne que le cadre est sobre, l'animation est aussi minimaliste que les couleurs sont ternes, le ton froidement détaché de l'œuvre est raccord avec son sujet.
Pourtant on se marre ; non pas parce que Akira Satô, de son nouvel alias, est inadapté à son nouveau train de vie, mais plutôt parce qu'on découvre que notre hitman en congé est en fait un parfait ingénu lorsqu'il essaye de remplir sa nouvelle mission avec toute la méticulosité du professionnel de sombre métier.
Un professionnel qu'a besoin qu'on souffle sur sa bouffe trop chaude avant de l'avaler.
Car The Fable, c'est avant tout le récit de la découverte de l'homme derrière l'assassin que tout le monde fantasme.
Un récit qui s'installe sur la durée et qui avec 25 épisodes d'entrée de jeu, semble avoir les moyens de ces ambitions.
Un format peu commun pour de la comédie de nos jours, mais pas si surprenant quand on sait qu'il y a déjà 3 mangas publiés du même auteur dont un cours, ainsi que deux films lives, il y a toute évidence une fan base suffisamment solide pour accorder un tel crédit à cette adaptation de Tezuka Production.
L'anime prend de ce fait le temps de construire le décor, d'introduire ses personnages et tisser les nœuds de leurs relations.
Ce procédé aide naturellement le spectateur à prendre la température du nouveau microcosme dans lequel gravite notre meurtrier en vacance.
C'est donc dans ce contexte que la drôlerie désopilante prend son essor ; dans ses petites trivialités nées de rencontre insolites et d'interactions entre des acteurs qui nous deviennent familiers comme le voisinage des trous paumés.
Un cadre qui permet à cette facette de l'humour japonais, subtil équilibre entre l'absurde, le cringe et la dérision de briller pour peu qu'on y soit sensible, achevant d'installer une tonalité qui prend sa saveur routinière dans le temps.
Perso' voir Yoko piéger les mecs trop sûrs d'eux qui viennent la draguer, était juste une barre de rire garantie.
Et je me suis surpris à "attendre" les tribulations de Jackal Tomioka, héros pathétique du feuilleton TV préféré de notre "légende vivante".
Enfin pour revenir à l'écriture, aucun élément scénaristique où presque ne sort d'un chapeau magique sans avoir été préalablement présentés au spectateur.
Ce qui permet à l'oeuvre de prendre de la distance avec la comédie pure jus pour ainsi offrir son lot de suspens en montant des intrigues plus sérieuses et avec toujours au centre, l'enjeu de ne pas cramer la couverture de notre stoïque assassin, ce qui sera bien sûr, plus ardu qu'il n'y paraît.
The Fable est un anime carré dans sa construction, car il respecte ses propres règles et a le mérite de posseder une identité qui lui appartient.
Et si on n'ira pas crier au génie de l'écriture non plus, The Fable nous rappelle simplement que maîtriser les bases permet de faire la différence, particulièrement dans une industrie prompte à adapter tout et n'importe quoi du premier jeux vidéo à la con qui fait vendre aux élucubrations de Baptiste, fâché avec le monde depuis que sa copine l'a largué.
The Fable est typiquement l'anime qu'on choisi de tester au feeling et dont en conséquences, on n'attend pas grand-chose.
Pour ma part, j'espérais quelques rires au mieux, j'ai finalement trouvé le parfait compagnon pour le goûter.
Parfois tout ce que l'on veut, c'est un peu de stabilité dans ce monde de brute.
Le swing des 20 premières secondes de l'opening Jazzy m'a fait sentir que j'étais au bon endroit :
Une oasis pour "Les grandes personnes dignes de CE nom".