Cela fait plus de dix ans que Aniplex et A-1 Pictures nous gratifient régulièrement de leurs « séries originales » qui rivalisent de médiocrité et de vulgarité : avec Guilty Crown (3/10), Aldnoah.Zero (3/10), Re:Creators (4/10) ou Darling in the Franxx (4/10) on a une belle brochette de séries toutes plus nulles les unes que les autres et qui ont laissé leur empreinte dans l’histoire de la japanimation pour les mauvaises raisons.
Cet été 2022, Aniplex et A-1 ont décidé de frapper un grand coup en diffusant non pas une mais deux séries originales, Lycoris Recoil et Engage Kiss. La première d’entre elles a attiré l’œil des commentateurs spécialisés et a même reçu le soutien de quelques personnalités très célèbres dans le milieu. La seconde, qui a immédiatement été repérée comme le navet de la saison, est celle que j’ai choisi de regarder.
Le récit de Engage Kiss se déroule dans la ville de Bayron City, qui est une île artificielle sur laquelle une métropole a été construite. La ville tire sa richesse de l’exploitation de l’Orgonium, un minerai aussi rare que recherché par le monde entier.
Le problème c’est que Bayron City est vite confrontée à une infestation encore plus nuisible que les cafards, les rats et les punaises de lit ; des démons ont commencé à prendre possession de la population et sèment de chaos. Pour éradiquer la menace la municipalité fait appel à des sociétés privées, qu’elle sélectionne via des enchères qui favorisent le mieux-disant. Parmi ces sociétés se trouve celle de Shû Ogata, un mercenaire dont les coûts sont très faibles puisqu’il travaille en solo. Enfin presque ; il a pour partenaire Kisara, qui est elle-même un démon de rang A et donc capable d’éliminer n’importe quelle menace. La question se pose de savoir comment un démon aussi puissant peut ainsi faire équipe avec un humain, et quels sont les objectifs réels de Shû…
S’il fallait résumer ce qui ne va pas dans cette série, le plus simple de serait de dire que rien ne va. Commençons par l’univers en carton mouillé ; le coup de la ville futuriste où des démons se baladent en bouffant les gens et en détruisant des immeubles sans que la population ne se doute de rien, on y croit pas vraiment. Pareil pour cette histoire d’enchères ; est-ce que les gens qui ont écrit ce truc savent comment ça marche la vie ? Que la ville décide de confier sa sécurité à des entreprises privées, pourquoi pas c’est plausible, mais soumettre un appel d’offres à chaque incident ? Imagine tu achètes un portable et le mec te dis tu peux pas répondre au téléphone comme ça tu dois souscrire un nouvel abonnement à chaque fois que t’es appelé par quelqu’un. Tu te dirais « c’est complétement débile », ben cet anime c’est pareil, c’est débile. D’ailleurs dans la deuxième moitié de la série le script admet que c’est bidon et évacue entièrement cette histoire d’enchères, parce que ça n’a jamais eu le moindre sens.
L’intrigue en elle-même peut se résumer à « des waifus aux cheveux colorés qui se battent pour sucer la bite du personnage principal ». En effet on nous explique que le protagoniste Shû était en couple avec Ayano (celle avec les cheveux bleus) mais qu’il l’a quittée pour se mettre avec Kisara (celle avec les cheveux roses) qui est le démon avec qui il a passé un contrat. L’objet du contrat est que Kisara obtient de la puissance en se nourrissant des souvenirs de Shû, qui du coup devient de plus en plus amnésique – et donc de plus en plus con – au fil de l’histoire alors qu’il oublie peu à peu sa relation passée avec Ayano. Après tout pourquoi pas, l’idée d’un personnage qui sacrifie sa propre mémoire et son identité pour atteindre son but peut donner quelque chose d’intéressant. Le problème c’est que la mise en scène choisit le parti de la vulgarité, puisque pour activer le contrat entre Shû et Kisara et ben il doit lui rouler une pelle, d’où le titre de la série. On passera gentiment sur le fait que Shû est adulte tandis que Kisara s’habille avec un uniforme scolaire et est donc caractérisée comme une mineure sauf que non en fait c’est un démon qui a 800 ans, on connaît le truc. Moi ce qui me dérange c’est cette insistance de ces séries à incorporer ce genre de conneries, c’était pareil dans Guilty Crown où le héros devait fourrer sa main entre les seins de la gonzesse pour retirer son épée géante, où alors DarliFra avec les mecs qui pilotent leur robots avec des manettes accrochées aux fesses des filles à quatre pattes. C'est qui le taré chez Aniplex qui valide ces trucs depuis dix ans, je réclame une enquête interne là.
Le scénario se suit avec un mélange bizarre entre combats de monstres et enquête policière, sans qu’aucun aspect ne soit réellement satisfaisant. A un moment donné il y a une troisième fille habillée en nonne qui apparaît et qui affronte Kisara à l’aide d’une armure en peau de démon, j’avoue que la mecha-nonne démoniaque j’ai bien rigolé. Juste après le combat on apprend qu’en fait elle aussi a couché avec Shû dans le passé et que du coup elle cherche également à sucer la bite du personnage principal. Après cet épisode il se passe encore d’autres trucs mais c’est à partir de là que j’ai commencé à décrocher sérieusement. La fin de la série conclut l’intrigue sans vraiment la conclure, le héros rentre chez lui profiter de son harem tandis que l’on prépare le terrain pour la suite qui prendra la forme d’un jeu mobile, parce que oui ils vont faire un jeu mobile de ce truc en collaboration avec Square-Enix histoire de soutirer encore un petit peu de fric aux waifufags, tu pensais quand même pas qu’ils allaient s’arrêter en si bon chemin.
Niveau réalisation il n’y a pas grand-chose à dire, les combats sont bien animés mais c’est à peu près tout. La direction artistique est d’une banalité flagrante, le décor de ville futuriste posée sur une île artificielle c’est tellement vu et revu, je serais pas étonné que le studio A-1 Pictures soit allé ressortir des archives les décors de Asterisk War (2015) pour pas s’emmerder à redessiner des plans. Le character-design fait penser à des illustrations de light-novel ou de jeu mobile d’il y a dix ans, ce qui tombe bien puisque l’illustrateur Tsunako est principalement connu pour Date a Live dont la première saison date d’il y a presque dix ans. Même les génériques sont mauvais, que ce soit l’opening à base de plans réutilisés de la série (avec du coup les personnages qui parlent à l’écran mais dont on entend rien de ce qu’ils disent, les mecs ont même pas cherché à prendre des plans sans dialogues) ou l’ending avec sa chanson insupportable.
Le problème de cette série, et de toutes ces séries Aniplex, c’est que ça se voit que c’est fait avec de mauvaises intentions. On est pas là pour te raconter une histoire, te faire vivre des émotions ou te proposer un univers qui fait rêver. On est juste là pour aligner des waifus qui vont faire saliver le public dans l’espoir de lui refourguer tel ou tel produit dérivé à la con. Kisara de Engage Kiss c’est la même chose que Inori de Guilty Crown ou que Zero-Two de Darling in the Franxx. Ce ne sont pas des personnages, ce sont des poupées gonflables avec une perruque de cheveux roses autour desquelles on a vaguement tenté de gribouiller une histoire dont la seule ambition est de caresser le public dans le sens du chibre. Dans le cas de Engage Kiss le scénariste est Fumiaki Maruto, auteur de light-novels spécialisé dans la rom-com et dont l’œuvre la plus connue est Saenai Heroine no Sodate-kata, autrement dit pas le premier choix si on me demande d’aller chercher quelqu’un pour écrire un scénario de chasse aux démons surnaturels. Mais c’est pas grave pour les producteurs de chez Aniplex, on prend le premier péquenaud qui passe, c’est pas comme si les spectateurs avaient le moindre standard, tant que y’a des combats et du s€xe ça suffira à faire parler sur MAL et sur Twitter.
Sans surprise, Engage Kiss est un des plus mauvais animes que j’ai vu ces derniers temps. Cette production aligne tout ce qui peut se faire de pire dans cette industrie ; une production menée par des objectifs commerciaux et qui prend clairement le spectateur pour un crétin, une création soi-disant originale au service d’un "projet multimédia" dont la finalité est un jeu gacha sur smartphone soit le dernier degré de la compromission. Un concentré de bêtise qui respire le mépris habituel des producteurs bouffis de pognon d’Aniplex pour leur public.