EUPHONIUM S3 — Un anime en or

» Critique de l'anime Sound! Euphonium (TV 3) par Deluxe Fan le
12 Août 2024
Sound! Euphonium (TV 3) - Screenshot #1

Neuf années après son introduction, la franchise Hibike Euphonium atteint son climax avec la diffusion d’une troisième série télévisée qui conclut le parcours de son héroïne Kumiko et ses camarades de la fanfare du lycée Kitauji. Une conclusion aussi attendue que redoutée par les fans de KyoAni qui ont eux aussi grandi et souffert avec le studio au cours de cette période émaillée de triomphes et de malheurs.

Pour rappel la chronologie principale de la franchise est composée de la première saison, de la deuxième saison ainsi que du film Chikai no Finale auquel cette troisième saison fait directement suite. Il y a également le film Liz et l’Oiseau Bleu ainsi que l'OAV Ensemble Contest qui s’inscrivent dans le canon mais ne sont pas essentiels au scénario.

Sound! Euphonium (TV 3) - Screenshot #2Kumiko Ômae est en terminale et occupe désormais la fonction de présidente du club de fanfare du lycée Kitauji à Kyoto. C’est sa dernière chance de participer au concours national et de décrocher l’or pour son école, et les membres anciens comme nouveaux vont devoir se dépasser comme jamais auparavant pour repousser leurs limites. De plus, l’équilibre du club va être remis en question par l’arrivée de Mayu Kuroe, une nouvelle élève dont le talent à l’euphonium vient directement concurrencer Kumiko.

Entre l’angoisse de la compétition, des conflits internes, et l’appréhension de l’avenir au-delà du lycée, cette ultime année pour Kumiko sera riche en émotions, en joies et en peines.

Dans ma critique du film Chikai no Finale qui relatait la deuxième année de Kumiko, j’avais esquissé les principaux axes de lectures de la série: le groupe en tant que personnage, l’angoisse du temps compté, et le sens du détail aussi bien dans le fond que dans la forme. Cette troisième saison reprend ces points et les approfondit pour les amener à leur résolution. Le groupe n’a jamais été aussi uni autour d’un objectif commun, mais la pression créé des tensions que Kumiko devra apaiser au risque de détruire tout le travail accompli. Cette pression est principalement amenée par le fait que Kumiko, Reina et les autres sont dans leur dernière année et doivent non seulement travailler pour accomplir leur objectif immédiat, mais également préparer le futur, que ce soit leur propre avenir mais aussi celui du club auquel elles auront consacré l’essentiel de leur années de lycée. Le sens du détail est évidemment toujours présent, et en ce qui concerne KyoAni on peut même dire qu’ils se sont surpassés mais on y reviendra plus tard.

Sound! Euphonium (TV 3) - Screenshot #3Un autre point sur lequel cette saison met l’accent c’est cette idée de mérite face aux normes sociales. C’est un élément qui était déjà présent dès la première saison notamment par le personnage de Reina, et cette saison 3 revient sur ce sujet avec le nouveau personnage de Mayu. Il faut savoir que ce personnage a fait débat puisque les scénaristes de KyoAni ont modifié le rôle de ce perso par rapport aux romans de Ayano Takeda, en la plaçant en concurrence directe de Kumiko ce qui n’a pas plu à certains fans. Pour ma part si j’ai trouvé que le drama autour de ces persos était peut-être un peu trop appuyé, la manière avec laquelle il se résout est tout à fait logique et montre que KyoAni avait une vision très claire de ce qu’ils voulaient raconter avec le personnage de Kumiko qui (attention léger spoil) contrairement à Reina ou Mizore n’a jamais eu l’ambition ni la capacité de devenir une musicienne de compétition professionnelle; toute la franchise a construit le personnage pour qu’elle devienne l’animatrice du groupe, pas son champion.

Il y a également eu débat sur le fait que cette dernière saison ne propose que treize épisodes pour raconter la dernière année. Cela a obligé KyoAni a faire des choix, notamment de couper la plupart des séquences de performance musicale. Cette orientation ne m’a pas particulièrement dérangé même si on aurait évidemment voulu en voir plus, et ce qui est montré dans la saison est suffisamment excellent pour ne pas faire la fine bouche. En revanche, le nombre d’épisodes réduit oblige le script à se concentrer sur Kumiko et son parcours, et met de côté les personnages secondaires qui n’auront pas vraiment de résolution satisfaisante. On peut imaginer que KyoAni reviendra la-dessus avec les inévitables films récapitulatifs, OAV, épisodes spéciaux et autres produits satellites qui n’ont pas manqué jusque là, mais il n’en reste pas moins que cette dernière saison, même si elle apporte une conclusion adéquate à l’histoire, laisse sur un sentiment d’inachevé qui l’empêche de prétendre a la perfection des deux premières saisons.

Sound! Euphonium (TV 3) - Screenshot #4S’agissant de la réalisation on retrouve le réalisateur vétéran Tatsuya Ishihara et ses équipes d’animateurs qui une nouvelle fois mettent à l’amende la totalité de l’industrie en terme de production et de qualité ; cette saison réussit l’exploit d’être encore plus aboutie que les précédentes itérations de la franchise, notamment avec des chara-designs un peu plus réalistes, un dessin plus fin et beaucoup de travail sur les jeux d'ombre et de lumière. Il faut savoir qu’après l’incendie criminel de 2018 dans lequel de nombreux animateurs du studio ont péri, Kyoto Animation a décidé, à contre-courant du reste de l'industrie, de ralentir la cadence de production de ses animes pour préserver sa culture d’entreprise et la qualité de ses sorties. En effet, KyoAni est un des seuls studios où les artistes sont salariés à plein temps, et où les animateurs sont formés et entraînés en interne pour devenir des futurs réalisateurs, créant un cercle vertueux où le savoir-faire se transmet et s’affine au fil des années et des animes. Ce n’est donc pas un hasard si la franchise Euphonium a aussi bien fonctionné avec KyoAni, les valeurs mises en avant par la série (effort, abnégation, transmission) sont incarnées et déployées par le studio d’animation en charge de l’adaptation. Et quand le fond rejoint la forme, quand l’histoire de l’anime fait écho à l’histoire en dehors de l’anime, c’est là que vous atteignez cette singularité qualitative qui s’appelle l’excellence.

L’épisode 12 de cette saison 3 par exemple est probablement un des meilleurs épisodes d’animation que j’ai pu voir dans ma vie. Cet épisode situé juste avant la fin apporte la résolution du drama autour de Mayu et Kumiko, et apporte un dénouement qui fait écho à celui de la première saison de la série. C’est le moment où culminent toutes les thématiques de la série sur le passé, le présent et le futur et comment chacun de nous tient le fil de notre vie mais aussi celui des autres. La mise en scène de l’épisode est exceptionnelle dans sa manière de prendre à témoin le spectateur comme s’il faisait lui aussi partie de l’orchestre, forcé de prendre position et d’assumer ses responsabilités. Et l’épisode se conclut par une séquence sakuga incroyable de l’animatrice Tomomi Sato, qui est justement une de ces jeunes artistes que le studio a formé et fait monter pour participer à l’effort collectif.

Ainsi se termine Hibike Euphonium, et lorsque l’on tourne la tête pour contempler le travail abattu on ne peut qu’admettre que KyoAni a livré là une franchise majeure de leur catalogue et un des meilleurs animes sur le thème scolaire et musical qui n’ait jamais été produits. La richesse thématique de cette histoire n’est égalée que par la profondeur de ses personnages et la qualité de sa mise en scène et de son animation qui font passer le reste de l’industrie pour des amateurs. Si vous n’avez encore vu Euphonium, sachez que vous passez à côté d’une œuvre superbe qui peut véritablement impacter votre vision de la vie, de l’art et du temps, d’une façon que peu d’autres animes ont réussi à le faire. 8,5/10

And the next piece begins...

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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