Eh beh, on peut dire qu'on en bouffe du Leiji Matsumoto durant les années 1970. Saraba Uchuu Senkan Yamato Ai no Senshi-tachi fait partie du lot, en tant que suite de la première série Uchuu Senkan Yamato (1974), et de son film récapitulatif (1977).
Je n'avais que très moyennement apprécié le premier opus mais ce nouveau Yamato a le gros avantage, pour moi, d'être un long-métrage, puisqu'au lieu de me lancer dans une entreprise de plusieurs mois à regarder une vingtaine d'épisodes, je peux simplement me réserver une soirée, et apprécier la nostalgie d'une vieille oeuvre, puis passer à autre chose.
Mais bonne nouvelle, j'ai au final bien aimé Saraba Uchuu Senkan Yamato Ai no Senshi-tachi. Une amélioration nette par rapport à son prédécesseur en ce qui me concerne.
La première série n'avait obtenu qu'un maigre succès lors de sa première diffusion, notamment à cause de la concurrence écrasante d'Heidi, ce qui a conduit à la réduction du nombre d'épisodes initialement prévu (39 à 26). Cependant le film récapitulatif connaît quant à lui un succès démentiel. La compagnie Toei, qui reconnaît le potentiel lucratif de la franchise, va alors donner tout son soutien pour assurer le succès de Senkan Yamato Ai no Senshi-tachi, ce qui sera payant vu les bénéfices énormes engendrés par ce véritable hit, diffusé durant l'été 1978.
Cela se traduit par une production aux oignons et des visuels exquis. En plus des thèmes musicaux forts bien orchestrés, qui sont pour la plupart repris du premier volet, la qualité graphique plus élevée du film renforce l'expérience audio-visuelle. Certes, il faut prendre en compte les standards de l'époque, mais c'est beau, ça bouge, et surtout c'est délicieusement futuriste ; un plaisir d'observer les design de vaisseaux classieux, les bases spatiales, leurs intérieurs lumineux, leurs boutons que l'on doit toucher plic-ploc pour activer un truc cool, ... les points forts de Matsumoto sont bien mis en avant et le film exude un charme qui rappelle nos premiers amours pour les univers sci-fi.
En outre, nous retrouvons tous les gadgets du Yamato : ses intercepteurs, ses batteries anti-aériennes, ses gros canons, et bien sûr l'incontournable 'hadou hou' (波動砲). Le film intègre de nouveaux joujous pour l'occasion, surtout un nouvel armement terrestre qui vient en prime avec une nouvelle escouade commandée par l'un des nouveaux personnages, Saito.
En tant que long-métrage d'action sci-fi destiné à un large public, ces engins de destruction et leur utilisation constituent la principale attraction, et la première moitié de l'intrigue consiste largement à montrer tout ce dont le Yamato est capable.
Saraba Uchuu Senkan Yamato Ai no Senshi-tachi possède d'autres mérites. J'ai été surpris de constater une narration plus convaincante. La longue durée de 2h32 permet à l'oeuvre de prendre son temps, de mettre correctement en scène les moments forts du scénario, de nous montrer des personnages plus matures et l'impact qu'a eu la première épopée sur eux (Kodai en particulier). Bon, ce n'est pas parfait loin de là : il reste des moments maladroits présentés abruptement, ainsi que quelques longueurs pénibles.
L'histoire a aussi le défaut de ressembler très fortement à la première aventure. Nous retrouvons un synopsis fait de demoiselle intersidérale en détresse, d'ennemis extraterrestres belliqueux qui souhaitent conquérir la Terre, ainsi qu'un rôle salvateur identique pour le Yamato.
L'Empire de la Comète blanche, le groupe antagoniste, m'a semblé être un copier-coller moins réussi de l'Empire Gamilas. Sans doute est-ce dû à son manichéisme encore plus prononcé, ou bien son thème musical à base d'orgue profondément ennuyeux, ou bien le nom de son souverain Zordar qui me fait penser furieusement à Zangdar de Naheulbeuk...
Saraba Uchuu Senkan Yamato Ai no Senshi-tachi réserve tout de même quelques surprises, suite à la tournure fort sombre, mais réussie je dois dire, des événements lors de la dernière partie. Sans aller dans les détails, disons que ce long-métrage laisse beaucoup de corps derrière lui, ce qui n'avait pas plu à son créateur, Matsumoto.
Bien que j'ai jusqu'ici uniquement parlé de Leiji Matsumoto, Uchuu Senkan Yamato est également le bébé de Yoshinobu Nishizaki , une figure plus que controversée, qui a proposé en premier le pitch pour l'anime, et a monté le projet d'animation en tant que producteur alors que Leiji Matsumoto interviendra plus tard pour lourdement remanier l'histoire, les personnages, leur chara-design, le design mécanique, ... au point d'en faire sa propre oeuvre.
En plus de ce duo, il ne faut pas oublier Ishiguro Noburo (Macross, LOGH), recruté par Nishizaki, car bien qu'en retrait par rapport à ses deux collègues, il joue un rôle instrumental en tant que chef d'animation durant la première saison, avant de gagner la position de réalisateur pour ce film ainsi que pour la deuxième saison... Même si dans les faits il l'était déjà pour la première série, vu l'inexpérience de Leiji Matsumoto, mangaka à la base.
La collaboration entre Nishizaki et Leiji n'empêchera pas des clashs d'idées, entre le premier qui souhaitait faire valoir la dimension militaire de l'oeuvre et le second qui se concentrait davantage sur l'aspect aventure sci-fi. L'opposition de ces visions différentes va tout particulièrement se crystaliser autour de la dernière bataille, qui sera fortement changé dans Uchuu Senkan Yamato 2, au point qu'il rendra le film non-canonique.
En effet, Saraba Uchuu Senkan Yamato Ai no Senshi-tachi pourra être considéré en l'état comme un spinoff à oublier au profit de la deuxième saison. Mais pour ma part, je considère que ce film ne devrait pas être ignoré malgré les controverses l'entourant. Il se présente à mes yeux comme une aventure sci-fi de très bonne facture, agréablement condensée, et offrant des enjeux forts ainsi qu'un au revoir poignant aux péripéties du célèbre vaisseau spatial.