Nostalgie j'écris ton nom. C'est ainsi qu'une critique paresseuse commencerait. Pour autant, cet adjectif n'est pas vraiment celui qui sied le mieux à Mai Mai Miracle. Certes le film est empreint d'une grande tendresse et d'une certaine mélancolie mais on y chercherait vainement une nouvelle itération sur la thématique «c'était mieux avant». L'auteure s'est inscrit dans un cadre ancien (les années 50) pour pouvoir décrire avec un vrai accent de vérité les décors d'une ville de campagne en ce temps là ainsi que ses habitants – et notamment ses enfants – en se basant sur sa propre expérience. Les paysages sont magnifiques et nous dépaysent immédiatement. En même temps que l'on voyage, on laisse notre cynisme au vestiaire pour apprécier cette ballade. Cette sincérité transpire à l'écran et permet de s'attacher immédiatement aux personnages en le décrivant parfois seulement par le non-dit.
Ce n'est donc pas tant le regret d'une époque que celui d'un épisode de notre vie – l'enfance et le début du passage à l'adolescence – qui est exprimé. Et même alors, regret n'est pas le terme le mieux choisi. Il faut voir celui comme un instantané que comme un livre d'images. Un instantané sur l'amitié entre deux jeunes filles très opposées mais qui sauront partager leurs joies simples de blagues stupide, se réconforter quand elles doivent assumer des conséquences qu'elles n'avaient pas prévues et se soutenir quand elles essayent de comprendre les jeux trop compliqués des adultes.
Le divertissement de Shinko puis Kiiko d'imaginer le passé d'une princesse impériale, si elle intrigue, pourrait presque sembler parasiter ce récit mais il l'éclaire en montrant, en miroir, la solitude, la recherche de l'autre et surtout une certaine intemporalité de l'importance de l'amitié. Cela semble niais écrit ainsi mais c'est justement le tour de force de Mai Mai Miracle de nous sortir de notre quotidien pendant une heure trente pour nous rappeler cette vérité simple qu'on ne peut galvauder. Des sentiments fleur bleue qui nous gagnent petit à petit sans qu'on se rende compte d'être gagné par eux. Si les thèmes abordés sont différents, j'y retrouve la même ambiance, la même méthode qu'a utilisée Okiura dans Lettre à Momo.