Lupin Sansei, voleur au grand cœur et malfrat de ma mélancolie, revient à nouveau hanter notre soif, notre quête du beau, de la beauté simple et magique. Lupin se remet aux affaires pour un vibrant hommage à la grande Botte, où son succès n'a d'égal que sa sobre beauté et sa poésie colorée.
Si l'Italie est la terre de l'Amour, alors tout l'amour est dans mes mains
Lupin III
Le plus atypique des voleurs, le plus élégant des dégingandés, l'antihéros à l'allure "spikienne", le cow-boy à la veste et clope, le plus charmant des brigands revient enfin sur le devant de la scène, et avec brio. Après des pérégrinations autrement plus noires dans "The Woman Called Fujiko Mine", succès artistique de par sa sensualité sombre, ses défis et partie-pris esthétiques (notamment son opening), et l'ennoblissement du seul personnage féminin récurrent de l'univers Lupin en personnage principal, la "Collection Lupin" débarque chez les romains, dans de nouvelles aventures, se voulant bien plus légères, mais non moins brillantes.
Les scénarios et l'humour "lupinesques" sont de retour pour notre plus grand plaisir. L'ambiance et l'univers caractéristiques de la franchise sont au rendez-vous, et nous pouvons, à nouveau, nous enivrer de cette mélancolique beauté qui habitent tous les pas du gentleman cambrioleur, et viennent abreuver nos plus douces rêveries, qui prennent, cette fois, racines dans le zénith, les tendres brises et les crépuscules de la péninsule.
Cependant, des métaphores, seules, ne constituent pas une critique, bien que Lupin ne m'inspire que poésie et féerie. Abordons donc d'abord la sublime, exceptionnelle, gargantuesque bande originale de cette nouvelle série. Yuji Ono, compositeur japonais fidèle à la franchise depuis "Le Château de Cagliostro", nous gratifie encore (et les mots me contraignent à l'euphémisme) d'une bande son qualitativement géniale. Des morceaux plus calmes et posés à ceux accompagnant courses-poursuites ou affrontement "lupinesques", tous les morceaux sont maîtrisés à la perfection et ennoblissent l'image, bien qu'ils ne soient pas inconnus des amoureux du brigand à la veste aux teintes multiples, car déjà classifiés comme classiques et cultes. D'ailleurs, toutes les bandes sons et l’environnent sonore des séries, spéciaux ou films Lupin possèdent cette identité musicale sublime, qui ancre la musique et les thèmes de la franchise parmi les meilleurs de toute la Japanimation. Il suffit d'ailleurs d'évoquer l'opening de la série qui reprend le thème principal de la franchise, incontestablement l'un des plus cultes, si ce n'est le plus culte, des motifs musicaux de l'animation. Ainsi, je n'hésite pas à dire que cet opening, dont le soin graphique et le choix des images sont, de plus, parfaitement subtils, est le meilleur opening que j'ai pu visionner, et ce sans paroles, sans chant ! La musique, à elle seule, suffit, et les petits changement de notes qui font comprendre que l'action se déroule en Italie, sont absolument bienvenus. Mais , puisque l'on évoque l'opening, accordons aussi du crédit à l'ending, qui est tout simplement fabuleux. Une chanson sympathique, une trame aux antipodes des classiques contemporains et des graphismes superbes : cet ending est sobre, mais d'une puissante beauté artistique, d'un esthétisme complet et original.
En évoquant les graphismes, je peux également dire qu'ils sont plutôt soignés avec un travail de très bonne qualité réalisé sur les effets de lumières et las panels de couleurs utilisés. Même, si certains épisodes sont un peu en dedans de ce point de vue, l'anime est vraiment très plaisant à regarder, chatoyant et coloré. Des graphismes et couleurs qui donnent du baume au cœur !
Quant au scénario(s), l'animé reste du Lupin. Des scénarios où l'humour a souvent le premier rôle dans des épisodes très bien dosés et véritablement sympathiques, d'autres épisodes font intervenir une trame plus sérieuse, notamment trois d'entre eux où les personnages secondaires (Jigen, Goemon, Fujiko) ont les premiers rôles (ces épisodes sont vraiment très réussis), certains font intervenir une intrigue plus mélancolique et révèlent toute la finesses poétique de la série, un épisode met même en lumière la relation Zenigata-Lupin (alors que le personnage de l'inspecteur est quelque peu délaissé dans cette série) et constitue un excellent épisode qui permet de revenir sur l'essence et les codes de la franchise. Enfin, il y a bien sûr une trame de fond, que je qualifierais, non pas de délirante, mais de "lupinesque", qui est très bien amené et permet de distiller des épisodes plus sombres, mais tout aussi réussis et intéressants. Peu importe les épisodes, et leur degré d'importance, ils apportent tous une certaine fraîcheur, alors que la franchise est pourtant âgée de plus de quarante ans, et redonnent vraiment la pêche : ils sont drôles, délirants, intelligents, mélancoliques, poétiques, beaux tout simplement. Regarder Lupin, et tout particulièrement cette série, c'est la promesse de passer un moment agréable et de se sentir bien.
On peut enfin évoquer deux, voire trois autres personnages qui, dans la série, sont récurrents et qui sont directement concernés par la trame principale. Ces trois personnages sont tous très intéressant, particulièrement deux d'entre eux, qui possèdent des personnalité fortes et originales. Et, mention spéciale à la Lupin Girl de la série, qui pourrait paraître peu intéressante dans les premiers épisodes, mais qui se dévoile et se révèle comme un superbe personnage, qui fait bien plus que donner la réplique à Lupin et ses acolytes. Son personnage constitue même une grande partie du cachet de l'animé, au même titre que nos cambrioleurs habituels, qui sont par ailleurs toujours aussi classieux et charmeurs.
En résumé, de l'univers Lupin, et de cette série, se dégage une douce sensation de bien être, une mélancolie poétique, une féerie pétillante et colorée, un agréable bonheur des plus simples. Voilà ce qu'est Lupin, toujours en 2015 et dans les années qui vont suivre. Regarder Lupin, c'est se sentir bien, heureux et contempler un bel animé dans la plus douce des sobriétés. Lupin, c'est un cocktail sublime, dont on ne pourrait disséquer tous les délices, tant ils sont abondants.
L'art et le brigand ont un point commun, ils savent tous deux ravir le cœur des gens
Lupin III
Reviens nous vite Lupin ! Tu ne peux t'imaginer combien ta dernière apparition, cet épilogue souriant m'a emplit de mélancolie, d'une mélancolie rêveuse et poétique. Et, en effet, il semble que tu puisse ravir le cœur des gens.
Adieu Italie, et à bientôt Lupin, pour nous faire sourire encore !