Critique de l'anime Flanders no Inu

» par Skidda le
11 Janvier 2022
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Malgré la renommée de Flanders no Inu, j’ai eu la chance de le découvrir complètement à l’aveugle. Une expérience qui rend l’oeuvre d’autant plus mémorable mais me met dans la situation où j’ai à la fois envie d’en parler à profusion et également le désir d’en dire le moins possible.

Cette série raconte l’histoire de Nello, un jeune garçon originaire des Ardennes belges, qui vit dans le petit village de Blacken, près de la ville portuaire d’Anvers, avec son grand-père qu’il aide dans son travail de laitier. Nello souhaite devenir un artiste, tout comme Rubens qu’il admire, mais doit aussi faire face à la pauvreté. Tiraillé par ses aspirations, notre jeune héros va trouver une amitié inattendue auprès de Patrasche, un chien de trait maltraité, qui l’accompagnera dans l’adversité et la réalisation de ses rêves.

Flanders no Inu (1975) fait partie des World Master Piece et sans être réalisé par Isao Takahata (qui ne participe qu’à la réalisation de l’épisode 15, avec Hayao Miyazaki), il suit la même lignée qu’Heidi. On retrouve quelques unes de ses caractéristiques : une part tranches de vie importante, un noyau familial fissuré mais solide, un (des) compagnon animal bien animé et un chara-design rond typique.

Comme pour Heidi, le réalisateur Yoshio Kuroda a également voyagé en Europe, jusque dans le Plat pays, pour y prospecter. Cependant, au lieu de dispenser toutes ses richesses, Anvers se dévoile sans ses toiles de Rubens (inaccessibles dû à des rénovations) et semble ignorante du récit original ‘Dog of Flanders’.

La raison est fort simple puisque le livre n’a pas été écrit par un(e) belge mais par une écrivaine britannique, Ouida (1839-1908). Cette dernière s’est inspirée d’un bref séjour dans le port pour y prendre quelques éléments marquants afin d’entamer son récit (1872) : la cathédrale, le peintre flamand, la pauvreté et l’exploitation des chiens par l’Homme. En effet, cette militante précoce des droits des animaux aurait été particulièrement choquée par leur traitement dans nos régions.


En tant qu’adaptation assez fidèle, mais largement plus élaborée, du roman d’Ouida, Flanders no Inu maintient les mêmes thèmes et nous retrouvons donc en abondance les souffrances de Patrasche infligées par son premier maître. Plus encore, il ne se limite pas à ce seul aspect désolant, puisque derrière la vie bucolique paisible de Nello se tapissent la pauvreté, la vieillesse et la calomnie. Flanders no Inu est une oeuvre parcourue de tristesse, qui prend différentes teintes selon l’arc narratif : du doux-amer (épisodes 24-27 par exemple) au poignant (le sublime épisode 41 notamment). Durant la dernière ligne droite, la série passe même du drame à la tragédie, un choix qui m’a laissé un peu perplexe je dois dire.

En effet, la majorité de ses 52 épisodes forme une histoire équilibrée entre espoir et désespoir. Flanders no Inu est aussi le récit de Nello dans sa persévérance et ses triomphes face à des dures conditions de vie. Voir ses accomplissements (l’épisode 32 par exemple) fait partie intégrante de l’anime, bien plus que l’adaptation en long-métrage de 1997. Son amitié avec Alois, fille de famille aisée, est également très attendrissante à voir fleurir, et elle a une place plus importante que la relation entre Nello et Patrasche.

Flanders no Inu possède aussi pas mal de subtilités pour une série ‘pour enfants’. Même si la présence d’une narratrice assure que le contexte de chaque épisode soit bien compris de tous dans ses grandes lignes, l’anime prend soin d’établir ses scènes avec suffisamment de détails, en particulier au niveau des expressions faciales, pour que le spectateur puisse interpréter par lui-même la partie implicite importante de sa narration. La présence de certains éléments plus enfantins, comme Kuro le canard facétieux du voisinage, pourra rebuter mais globalement la série dispense une histoire appréciable pour les adultes.

Il y a tout de même certaines imperfections notables dans la composition de l’intrigue. En particulier, j’ai trouvé dommage que l’anime néglige certains personnages, comme le premier maître de Patrasche ou dans une moindre mesure la noble de l’épisode 28. Outre certaines figures naturellement antipathiques (comme Hans), j’ai aussi été un peu déçu par l’antagonisme trop constant du père d’Alois, qui reste fort crédible au demeurant.

Dans l’ensemble, la série s’applique pourtant bien à donner de la nuance à ses personnages. J’ai particulièrement apprécié les petits efforts en fin de série pour développer Paul et André (deux acteurs mineurs). Quant à Nello, sa personnalité simple et honnête n’en fait pas un héros complexe mais il reste un protagoniste complet, capable d’émotions variées.

Un petit mot sur la musique. Je n’ai jamais trouvé les compositions de Takeo Watanabe (Attack n°1, Heidi, Gundam) remarquables mais certains thèmes chantés (comme celui de Nello) sont plutôt chouettes. En revanche ! Il y a un morceau outrageusement dramatique utilisé à certains moments, parfois de manière injustifiée (épisode 34), qui m’a donné de l’hypertension juste à l’entendre. C’est rare quand l’aspect musical d’un anime soit pour moi un point négatif à mentionner mais là il fallait que ça sorte.

Enfin, l’accessibilité de cet anime est malheureusement très pauvre. Il n’a jamais été exporté en francophonie, contrairement à son remake ‘Flanders no Inu, Boku no Patrasche’ (Un Chien des Flandres) de 1992-1993, et les sous-titres disponibles sont de piètre qualité.

En conclusion, Flanders no Inu est une oeuvre marquante qui ne laisse pas indifférent. De toutes les animes de ma sélection 1968-1975, il est celui qui s’est le plus rapproché d’un chef d’oeuvre. Je découvrirai probablement encore de meilleurs World Masterpiece Theater dans le futur, mais je n’ai aucun doute que cette série gardera une place spéciale dans mon coeur.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Skidda, inscrit depuis le 15/07/2013.
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