Poser la manette Playstation et regarder une CG d'une heure et demie, voilà le programme que nous propose Galerians : Rion. Le scénario sent le jeu vidéo à plein nez, chaque "niveau" a son boss, et le graphisme est la pour nous dire que nous sommes bel et bien en train de jouer à un soft de la PS One...
Ce qui faisait la force du jeu se retrouve dans cette OAV, la jouabilité pourrie en moins, et ce n'est finalement pas un mal : à mi-chemin entre Resident Evil et Akira, Glaerians tire son épingle du jeu avec une habileté étonnante pour une tel rafiot... Soyons honnêtes : le jeu vidéo tenait à peu près la route mais roulait dans le fossé dès qu'on prenait un virage. La force de cette OAV est d'avoir su tirer le meilleur du jeu vidéo (l'ambiance) sans risquer le pari suicidaire de passer à l'animation traditionnelle. Si tel avait été le cas cette OAV aurait été un redoutable nanar, une purge indéfinissable. Le scénario est une pure blague, un prétexte à peine masqué pour favoriser des affrontements étranges dans des espaces tous plus glauques les uns que les autres.
C'est à ce point précis qu'on arrive : absolument dénué de toute qualité technique et scénaristique, ce Galerians reste malgré tout un chef-d'oeuvre à mes yeux parce qu'il revendique sa laideur et l'instrumentalise. Peu importe l'histoire pourrie, le doublage de Muppet Show et l'animation en 3D fil de fer rouillé, cette oav marche uniquement parce qu'elle est pour ainsi dire corrompue jusque dans sa conception graphique, elle puise sa force de la laideur du polygone, elle parvient à rendre ces textures glaireuses inquiétantes, ces yeux inexpressifs intrigants, et c'est ainsi tout un univers envoûtant qui naît sous nos yeux, un univers qui porte inscrit en lui-même sa fragilité et sa magie : très peu de films et d'oav en images de synthèse existent, qui remontent à cette époque où la CG balbutiait. Ce Galerians est un témoignage émouvant de ce que l'on pouvait faire alors, et c'est aussi une remarquable OAV qui parvient à créer une ambiance vraiment malsaine grâce à l'indigence de son décor et de son animation.
Envoûtant et inquiétant, ce film l'est d'autant plus qu'il a su conserver l'aspect déplaisant du héros, qui n'est rien d'autre en fin de compte qu'une espèce de junkie ultra violent et mutique, capable d'immoler par le feu toute personne susceptible de l'énerver. L'ambiance psychotique rejoint ainsi cette esthétique forcée de la poupée 3D aux terribles yeux de faïence...
Cette horreur visuelle n'est en fin de compte pas du tout horrible, et cette pièce de musée ne pourra que prendre du cachet en vieillissant, opposant à jamais son improbable laideur aux productions toujours plus réalistes et vaines.
A cela, Galerians répond définitivement que l'on ne pourra jamais humaniser ce monde fait de 3D. Et c'est cela qui fait de ce navet un moment important et précieux dans l'évolution de l'animation japonaise. A voir tard le soir après s'être passé le superbe Malice@Doll....