Ganba no Bouken, une adaptation du livre d’Atsuo Saito ‘Ganba to 15-hiki no nakao’, raconte les aventures d’une bande de sept souris, qui partent à la rescousse de camarades rongeurs tyrannisés sur une île lointaine par un terrible furet blanc, Noroi, et ses sbires. La petite troupe héroïque va devoir face à bien des péripéties pour atteindre leur destination, et survivre à bien des dangers s’ils veulent triompher.
En vertu de son jeune public, la série souhaite faire simple et il ne faut pas attendre plus de quelques minutes pour s’en rendre compte. Que ce soit dans son scénario ou les interactions entre les personnages, l’anime exulte d’un entrain énergique optimiste et innocent. Cela dit, l’anime a une part de noirceur notable qui s’exhibe sans plus de retenue : combats violents, sang et morts font partie de l’épopée.
Dès le premier épisode, on présente rapidement l’équipée ainsi que les enjeux, et ça se laisse bien regarder... très bien regarder même. Il faut comprendre que j’ai entamé l’anime après avoir enchaîné plusieurs séries tout aussi vieillottes. Quelle bonne surprise alors de voir tout d’un coup une animation abondante ainsi qu’une mise en scène d’anime moderne ! Il y a plusieurs raisons pour cela, et l’une d’entre-elles a un nom : Dezaki Osamu (1943-2011). Ce dernier n’est plus à présenter mais comme je n’en ai jamais eu l’occasion jusqu’à présent... quelques mots d’introductions pour cette icône. Dezaki a fait ses premières armes déjà avec Astro Boy (1963-66) et ensuite Dororo (1969) en tant qu’animateur et réalisateur d’épisodes, avant de se lancer dans la création d’animes légendaires tel qu’Ashita no Joe, Ace wo Nerae, ou encore plus tard Cobra ainsi que la seconde moitié de La Rose de Versailles. Pendant plus d’une quarantaine d’années, le bonhomme a constituée avec soins une galerie impressionnante d’oeuvres, et a déployé une créativité constante en plus d’un style très reconnaissable qui a influencé un grand nombre d’animateurs japonais. Bref, Dezaki est l’un des noms les plus importants de la japanimation, et l’une des figures qui a contribué à rendre ce medium véritablement unique. J’apprécié depuis longtemps le vieux briscard, depuis ma découverte de Cobra en fait, et si sa patte était déjà fort plaisante dans les années 80, elle a un air de quasi divin dans les années 70 tant il arrive à rendre l’anime vivant malgré l’animation limitée des séries animées et les éternelles pressions de planning.
Dezaki n’est pas la seule personne à féliciter pour ce succès. Il peut compter sur de nombreux talents du jeune studio Madhouse. Je pourrais citer Kobayashi Shichiro (Utena, Nodame Cantabile,...) pour sa contribution aux arrières-plans, ou encore Tomonori Kogawa (Evangelion, Tekkaman,...) et Yoshiaki Kawajiri (Vampire Hunter D, Ninja Scroll) qui ont participé à l’animation. En outre, Ganba no Bouken a pu bénéficier de la collaboration d’animateurs du studio A Production, comme le très grand Kondo Yoshifumi (Si tu tends l’oreille). Le résultat est plus que probant et l’énergie qui ressort de la série est particulièrement importante pour une aventure comme celle-ci, qui même encore aujourd’hui tient la route visuellement.
Un autre point important pour ce genre, sont les personnages et ici encore, Ganba no Bouken se laisse facilement appréhender grâce à des personnalités distinctes qui se complémentent agréablement. La troupe est d’autant plus attachante que l’on retrouve dans les doublages beaucoup de célébrités comme l’infatigable Nozawa Masako (Goku/Gohan), l’incontournable Tomiyama Kei (Yang Wenli) ou encore le regretté Utsumi Kenji (Coach d’Ippo). Cela dit, même la moins connue du groupe, Hori Junko (Bart Simpsons) tient son rôle de filou du groupe à merveille (Ikasama). En outre, le principal antagoniste de la série, Noroi, doublé par Chikao Otsuka (Boss de MGS), tient efficacement son rôle de figure menaçante et cruelle.
Ganba no Bouken n’est pas un conte initiatique (le message engagé du livre aurait été effacé dans cette adaptation), et n’a pas non plus de développements complexes pour ressourcer périodiquement son intrigue, mais il s’en sort étonnamment bien malgré sa simplicité. L’anime souffre tout de même d’un coup de mou en milieu de course, entre les épisodes 10 et 20, et je dois avouer m’être un peu ennuyé devant quelques-uns des épisodes de cet arc intermédiaire. Heureusement, l’anime termine sur une note bien plus positive grâce à une finale aussi remplie que mouvementée. La relative courte durée, pour l’époque, de ses 26 épisodes (il devait au départ en durer 52) n’empêche pas une histoire complète malgré une fin un peu brusque.
En conclusion, il faut sans doute avoir une idée claire des intentions de Ganba no Bouken et de son audience pour l’apprécier mais dans ce qu’elle souhaite accomplir, on peut dire que cette série excelle. Après l’avoir terminée, je dois dire que je ne suis pas complètement tombé sous son charme mais je comprends totalement pourquoi cet anime est considéré comme la deuxième oeuvre majeure de Madhouse, après Ace wo Nerae.