Geneshaft – Dans l'espace, personne ne vous entendra jouer de la guitare électrique

» Critique de l'anime Geneshaft par Deluxe Fan le
02 Juillet 2017
Geneshaft - Screenshot #1

La période qui va de la fin des années 90 au début des années 2000 est un moment important de l’animation japonaise. Les séries télés jusque-là réservées aux enfants s’ouvrent à un public adulte, et l’apparition au Japon de chaînes câblées dédiées à l’animation permettent aux studios de libérer leur créativité. C’est l’époque de Cowboy Bebop, Serial Experiments Lain, Berserk

C’est aussi l’époque de Geneshaft, la série qui va nous intéresser ici. Et si vous n’en avez pas entendu parler comme les autres séries que j’ai citées, rassurez-vous c’est normal.

Geneshaft est une série de treize épisodes réalisés en 2001 au studio Satelight, dont il s’agissait d’une des premiers animes d’ampleur, et surtout écrit et réalisé par Kazuki Akane (Escaflowne, Noein). Le récit se déroule dans un futur lointain, après que l’humanité ait failli disparaître suite à la guerre pour les ressources naturelles blablabla. Au XXIIIe siècle, les êtres humains sont désormais tous créés artificiellement dans des tubes, leur code génétique est trafiqué pour les rendre plus performants et utiles à la société. Leur espérance de vie est fixée à quarante-cinq ans, et seuls 10% des naissances sont des hommes, 90% de l’humanité étant désormais féminine.

Geneshaft - Screenshot #2Comme si ça ne suffisait pas, des extra-terrestres sont apparus il y a plusieurs décennies, sous la forme d’un anneau de cinq cents kilomètres de large en orbite autour de la Terre. Le Gouvernement décide de réunir les personnes possédant les meilleurs gènes pour conduire une mission ayant pour objectif la rencontre, et l’éventuelle destruction des formes d’intelligence aliens. Mika Seido, une gamine de seize ans au code génétique remarquablement adaptable, est choisie pour intégrer l’équipe et piloter le robot géant Shaft, seul rempart contre les aliens.

Le principal élément à savoir pour comprendre ce qu’est Geneshaft, c’est qu’il s’agit d’un Eva-like, autrement dit un plagiat de Neon Genesis Evangelion. On retrouve le même type de récit, avec des aliens mystérieux et puissants qui menacent l’humanité, un héros adolescent qui doit les vaincre en pilotant un robot géant aux origines ésotériques, le tout arrosé de mélodrame et d’intrigues. Cela paraît simple dit comme ça mais à l’époque les Eva-like pullulaient à la télévision, et chaque studio y allait de son plagiat, que ce soit Sunrise (Argento Soma), Bones (RahXephon), Xebec (Fafner) et en l’occurrence Satelight. Et même à l’intérieur de chaque studio on pouvait avoir plusieurs Eva-like selon les réalisateurs. Il était pratiquement impossible pour un studio ou un réalisateur de percer dans le milieu s’il n’avait pas son propre Eva-like, c’était un genre de rite de passage.

Geneshaft - Screenshot #3Et parfois ça donnait des trucs bien, comme le Infinite Ryvius de Taniguchi ou le Gasaraki de Takahashi. Ça pouvait aussi donner de la bouse comme le Brain Powerd de Tomino. En ce qui concerne Geneshaft, il se situe quelque part au milieu. En penchant quand même plutôt du mauvais côté.

La première chose qui choque avec cet anime, c’est son esthétique. Lors de sa diffusion Evangelion était de loin le plus bel anime jamais diffusé à la télévision, tandis que Geneshaft sorti six ans plus tard est particulièrement moche en plus d’avoir très mal vieilli. On passera gentiment sur le chara-design à base de filles à gros seins qui se baladent dans l’espace le nombril à l’air, on va dire que c’est l’exception culturelle nippone. En revanche difficile d’encaisser l’ignoble animation en CG qui prend la majorité des plans ; le studio Satelight était pionnier dans les CG dans les années 90, et Geneshaft constituait peut-être le nec plus ultra de l’époque, mais à l’heure actuelle une telle atrocité est juste insupportable. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je suis contre les CG, ils vieillissent moins bien que l’animation traditionnelle. Geneshaft est sorti en 2001 soit la même année que des séries comme Noir ou X qui sont encore très regardables, là où Geneshaft a complètement disparu dans les abîmes de la laideur. Et je suis convaincu que la qualité visuelle est une des choses qui distingue les animes marquants et leur permet de traverser l’Histoire, laissant que le côté de la route ceux trop disgracieux pour faire le voyage vers la postérité.

Geneshaft - Screenshot #4Concernant le scénario, celui de Geneshaft n’est franchement pas si mauvais dans l’absolu. Son principal défaut est qu’il trop occupé à copier Evangelion et autres pour être original ou intéressant. La série balance plein de thématiques potentiellement intéressantes (la manipulation génétique, le clonage, les extraterrestres, les origines de l’Homme, sa place dans l’Univers) mais elle n’en fait presque rien. Hormis peut-être l’épisode 6, la série ne traite jamais réellement son sujet et avance en pilotage automatique vers une résolution des plus convenues. Au sein même de chaque segment le script est particulièrement naze, 70% des dialogues sont constitués de technobabillage incompréhensible et de launch sequences interminables et qui se répètent à tous les épisodes. Les personnages semblent incapables de se parler sans se crier dessus à la manière d’une série de Tomino, ce qui empêche d’éprouver de l’empathie et de se sentir concerné par leurs histoires. Mention spéciale à la gamine avec sa poupée qui parle, c’est le genre de truc qui donne envie de s’étrangler de douleur devant l’écran.

Mais le truc le plus marrant avec Geneshaft, qui justifie à lui tout seul le visionnage de l’anime, c’est la bande-son composée par Akira Takasaki. Ce mec n’est pas un compositeur de musique d’anime mais un guitariste de heavy metal, fondateur du groupe Loudness qui est très connu au Japon et dans le monde du rock en général (ce fut le premier groupe de metal japonais à signer avec un label aux États-Unis). On a donc droit à une OST entièrement composée de riffs de guitares géniaux mais complétement hors-sujet dans l’anime, ce qui en plus des graphismes hideux et des dialogues rébarbatifs vous fait sortir de chaque épisode avec une putain de migraine.

Geneshaft est une série qui aurait pu donner quelque chose avec ces concepts SF, mais qui a fait tous les mauvais choix de réalisation possibles ce qui la rend juste impossible à regarder. Les idées peuvent être bonnes mais si l’animation, la mise en scène, les dialogues et l’écriture ne suivent pas ça devient compliqué de laisser une impression sur le spectateur. Cela explique pourquoi la série a été complètement ignorée dès sa diffusion, et pourquoi tant d’animes actuels le sont encore aujourd’hui.

Verdict :4/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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