Une petite fille s'envole dans le ciel
Gigi, oh Gigi !
Elle est magique et presque irréelle
Quand elle vole la haut
Comme une étoile qui brille dans la nuit
Gigi, oh, Gigi !
Entouré de ses meilleurs amis
Qui jouent et qui rient...
C'est le monde magique, Gigi !
Un monde d'amour et de joie
C'est le monde magique, Gigi !
Au besoin elle sera toujours là
C'est le monde magique, Gigi !
Un monde inconnu et lointain
C'est le monde magique, Gigi !
Que nous découvrirons demain
30 ans après, ce premier générique reste encore ancré dans ma mémoire car rare sont les animés qui marquent autant une petite fille.
A l'époque où tout devait être rebaptisé en français, Minky Momo devient Gigi, la princesse du pays des rêves qui a la capacité de se transformer en jeune fille ultra-sexy d'un coup de baguette magique.
Un rêve pour une petite spectatrice qui, sous ses yeux ébahis, suivait les aventures d'une mannequin, infirmière, hôtesse de l'air, jockey, pilote de course , footballeuse, espionne, etc. Fini l'école, vive les voyages avec le Gourmet Poppo, la voiture-hélicoptère, des parents délirants et 3 mascottes qui n'arrêtaient pas de se chamailler.
La nostalgie pourrait me faire dire que « c'était mieux avant », moi je préfère prononcer «c'était une autre époque ». Une période où des gens passionnés savaient équilibrer art et business, chacun/e selon son domaine.
Esthétiquement, le graphisme a terriblement vieilli. Certains plans font même sursauter. Pourtant, le passage de la transformation de la petite fille à la jeune fille reste magnifique. Rempli de poésie, c'est un enchantement pour les yeux et étrangement ce moment garde sa magie et reste intemporel. Le chara-design de Minky Momo se base sur des couleurs plutôt pastel et tout un attirail bien féminin (cerf de tête avec petite étoile, collier en forme de bonbon, petite jupe et botte). Sans aucun doute, l'association cheveux rose / yeux vert émeraude n'effraiera pas les fans habitués aux animés provenant du pays du soleil levant.
Les autres personnages ne sont pas en reste. Déjà le contraste entre le roi et la reine de Fenarinarsa ou Finalinarsa (version espagnole) permet de sourire facilement. Celui de la reine est plus sobre que celui du roi mais lui donne un air plus majestueux. Le choix des couleurs du roi va à merveille pour ce personnage jovial et malicieux.
La palette de couleur est plus restreinte concernant les mascottes mais elle est compensée par leurs formes rondes. Les parents terriens de l'héroïne bénéficient d'une autre aura que ceux des pays des rêves, leurs traits sont plus débonnaires. A l'image d'une princesse qui a la bougeotte, on assiste à un festival de couleurs pour chaque épisode, ce qui est un pur régal.
Longue série de 46 épisodes, le tout début fait croire que cet animé ne vise qu'un public enfantin. Que nenni ! La subtilité se trouve dans les dialogues à double sens. Plus on avance dans l'animé, plus on comprend que les conversations « innocentes » seront interprétés différemment selon l'âge. Les adultes et les enfants y trouvent ainsi leur compte.
Il n'y a pas vraiment de scénario à proprement parler, cependant un fil rouge relie les épisodes. Lorsque l'heroïne accomplit une très bonne action en apportant la félicité à quelqu'un, la couronne de Finalinarsa se met à briller et une pierre précieuse s'incruste. Finalinarsa et la Terre se rapprochent alors un petit peu plus et l'union deviendra parfaite lorsque les 12 pierres qui ornent la couronne seront réunies. La reine donne même un cours sur les vertus de ces pierres magiques.
Cette astuce permet de varier le plaisir en suivant les nombreuses aventures de la petite princesse. Elle nous emmènera pas seulement qu'au Japon, un petit tour en Afrique, au centre de la Terre, au Groenland, en Espagne et en France !
J'ai beaucoup ri en constatant qu'un air de flamenco avec les robes sévillanes et les castagnettes faisaient office de carte postale pour représenter le pays ibérique. Quand à notre chère capitale Paris, je ne sais pas pourquoi un des protagonistes la surnomme « la ville de l'amour ». Dommage qu'une ballade romantique un soir d'été sur les quais de la Seine avec vue sur Notre Dame fut supplanté par un lieu moins adéquat mais tant que Paris restera synonyme d'une ville d'amour...
Les premières aventures semblent vraiment destinés aux gamins. On a droit à des petites leçons de morale qui font penser à la petite maison dans la prairie sans le violon de Charles Ingalls et les sermons à l'Eglise, du genre une binoclarde peut tout à faire plaire avec ses lunettes ou qu'un gars roulant vite à moto n'est pas forcément un voyou.
On pourra tiquer aussi sur le fait que lorsque Minky Momo devient jeune fille, elle demande sans cesse : alors comment me trouvez-vous? Suis-je jolie? (pour cela, évitez de vous coltiner pleins d'épisodes d'un coup). Il faudra aussi se montrer indulgent lorsque les problèmes rencontrés se résoudront facilement, comme par magie...
Mais ce qui permet de pallier ces défauts, c'est le fait que les aventures de Minky Momo soient remplis d'humour et de fantaisie. Tout est possible avec des pouvoirs magiques.
Le trio des mascottes joue à fond la carte des disputes. Pilpil, la canari se met souvent en porte-à-faux avec son discours de charme féminin foudroyant qui a le don d'énerver Mocha, le singe et Shindobrook, le gros chien.
Il est à noter que les parents ici sont très présents, d'habitude, ils sont inexistant. Par chance, nous avons d'un côté les parents du pays des rêves et de l'autre les parents terrestres. Ce qui est fantastique c'est que chaque couple contribue à l'essence de l'animé.
Bien qu'ils soient issus du monde magique, le roi et la reine connaissent les difficultés d'un couple ordinaire aux travers de leurs dialogues très savoureux. Concernant le couple de vétérinaire, ce sont des amoureux transi à peine exagéré. Le trait est tellement gros que cela en devient comique.
Si certains épisodes sont assez simplistes, d'autres versent complètement dans le délire (surtout en dernière partie). La parodie est de mise et un épisode se targue même de se tromper de genre au lieu d'une histoire de magic-girl toute mignonne. Certains personnages sont récurrents et participent au délire collectif, sur le coup on ne s'en rend pas trop bien compte. Ce n'est qu'une fois la série finie et avec pas mal de recul qu'on s'aperçoit que le public visé par Minky Momo ne se limitait pas seulement à des petites filles.
Car derrière cette atmosphère rose bonbon, des épisodes marquent par leur maturité. Des thèmes adultes comme le temps qui passe, la peur d'être soi, les regrets, l'abandon des rêves y sont traités. Minky pouvant se transformer en adulte découvrira qu'il n'est pas toujours drôle de l'être. Au fil des épisodes, on la verra évoluer. La transformation n'est pas seulement magique, elle sera aussi intérieure. La cause : les premiers émois amoureux. Heureusement pour nous, la frontière est absolument bien tracé entre des jeunes hommes attirés par une jeune fille et non par une petite fille, très distinct d'un fantasme lolicon. La ligne de démarcation est pourtant troublante mais elle n'est en aucun cas malsaine.
Puis au bout des 46 épisodes qui permettait de s'attacher à bon nombres de personnage arrive une chute, imprévisible. Il faut une certaine maturité pour comprendre cette fin très belle. Malheureusement par différence culturelle (peut-être), les censeurs du PAF ont empêché au public français de capter la beauté philosophique et spirituelle de cette série.
Le doublage original est tout bonnement excellent, il serait dommage de ne pas en profiter. Les 2 ou 3 thèmes musicaux reviennent facilement en mémoire pour ceux/celles qui avaient oublié, preuve d'une certaine qualité. L'OP et l'ED sont forcément plus toniques que les génériques chantés en français.
En 1991, 17 épisodes viendront se rattacher comme un suite à Minky Momo. Seulement, ce qui fait office de suite est encore plus délirante que la série d'origine. Les japonais revisitent avec bonheur le conte de Blanche-neige et les 7 nains, notamment avec le personnage de la reine malveillante (crise de rire assurée) Toutefois, elle demeure moins féerique. Le coffret espagnol propose ainsi 63 épisodes à déguster.
Minky Momo est la série fondatrice des magicals-girls. Sans elle pas d'Emi Magique, Vanessa ou la magie des rêves, Creamy merveilleuse Creamy, l'horrible Sailor Moon et l'intéressant Puella magica Madoka.
Cette série se révèle un trésor de l'animation, un monument. Les productions actuelles reprennent avec moins de réussite ce qui se faisait de mieux dans les années 80. Minky Momo en est un pur exemple.