Ces dernières années, Ufotable m'a épaté en adaptant les œuvres de Kara no Kyoukai et des Fate. Hormis ces animes, je ne connais que bien peu du tant renommé studio, le reste de ses productions me sont inconnues. Voilà qu'on me propose God Eater.
Qu'en est-il alors? Je suis un peu déçu mais mon avis est à tempérer. Cette raison a deux explications. D'une part, je m'attendais sûrement à un peu trop de la part d'Ufotable qui m'avait tant fait rêver avec la nasuverse. Les précédents pèsent toujours dans la balance. D'autre part, on me l'a tellement conseillé que je me suis mis à imaginer un authentique chef d'œuvre qu'il faut impérativement avoir vu. J'ai essayé d'être objectif dans ma critique en faisant peser le pour et le contre.
Il est utile de savoir que cette série est tirée d'un jeu-vidéo appelé God Eater Burst lui aussi adapté en partie par le studio. Je présume qu'il a été fait pour les fans en raison d'un certain succès. Le concept de base ne m'a pas trop emballé étant donné que les histoires dans un univers apocalyptique sont monnaie courante. Toutefois le déroulement de l'histoire est assez prenant. Plutôt consistante, il n'y a aucun moment de vide ni aucun moment de "trop rempli". Les évènements s'enchaînent sans qu'on ait vraiment le temps de s'ennuyer. Un sentiment mêlé d'impatience et de frustration émergeait dans l'attente de l'épisode suivant (le 10e particulièrement) à cause de la parution irrégulière, problème inexistant dorénavant.
Globalement, je n'ai pas à m'en plaindre vu la réalisation dont sait faire preuve ce studio.
Premièrement, en regardant les premières secondes de l'épisode, je reconnais que la première chose qui m'a sauté aux yeux sont bien entendus ces si belles images. J'adore la pâte graphique dont les détails sont travaillées. Les scènes d'action sont dynamiques.
Deuxièmement, des scènes en noir et blanc faisant office de flashback sont utiles pour la compréhension du contexte et sont parties intégrantes de l'intrigue. Visuellement, cela permet de faire clairement la distinction de ces scènes des autres dans un souci de temporalité des images. Certains jugeront cela trop facile et déjà-vu mais c'est une technique astucieuse alors il n'y a pas de raison de la dénoncer.
Troisièmement, les musiques sont belles et s'adaptent très bien à l'ambiance en fonction des circonstances. Des musiques sont entièrement en anglais ce qui, à mon sens, fait perdre un peu le charme de la japanimation mais elles s'incorporent très bien.
Cependant, ce n'est pas un sans-faute contrairement à ce que j'en ai entendu. Ufotable a déjà fait mieux.
D'abord, la fluidité de certains mouvements laissent à désirer dans les derniers épisodes à un tel point que mon œil ne les suivait plus à l'occasion de certaines scènes d'action, preuve qui laisserait penser que le studio s'était relâché. Dans les premiers épisodes, il y a également une utilisation abusive et inutile de scènes au ralenti (slow motion).
Ensuite, on nous fait du fan-service tape-à-l'œil sans toutefois être prononcé. J'ai jugé seulement ridicule le vêtement du haut porté par Alisa. Les gros plans sur la grosse poitrine d'une Amamiya qui ne m'attire pas du tout sont exaspérants.
Enfin, une incohérence visuelle est frappante sur laquelle un ami et moi étions entièrement d'accord. Entre l'époque flashback et l'époque durant laquelle se déroule l'histoire de nos protagonistes, certains personnages n'ont pas pris une seule ride alors que l'on pourrait estimer qu'au moins 15 à 20 ans se sont passés depuis. Ufotable aurait découvert le secret de la jeunesse éternelle en matière de personnages d'anime.
Compte tenu du fond,
C'est ici que ça chauffe un peu. Je rappelle au préalable que beaucoup de personnes m'ont vendu cet anime en chantant ses louanges avec les "arguments" suivants : "Ouais, les graphismes déchirent!", "Super les OST!", "Trop bien les combats!" ... bla bla bla.
Je m'excuse d'avance pour cette leçon de morale mais je tiens énormément à l'exposer. Je parle rarement autant du studio qui a fait l'anime mais ici j'ai une raison. J'estime qu'elle tombe à pic car il est question d'un anime d'Ufotable, studio idolâtré par du monde JUSTE pour la beauté de sa réalisation. Je la destine donc principalement à ceux qui sont convaincus que la forme est tout ce qui compte dans un anime.
Voici mon message : Si au fond c'est de la bouse, tu t'en fous de la réalisation!
C'est bon? Non? Très bien, je t'explique. Si tu penses ainsi, tu auras perdu du temps à regarder une série à "t'arracher les yeux" et à "te percer les tympans" pour au final te rendre compte qu'elle t'a plutôt "lobotomisé le cerveau"! Ce qui est substantiel, c'est l'histoire et ses acteurs. C'est ça qui fait vibrer ton âme au plus profond de ton être et qui te persuade intérieurement de continuer. Le créateur a une idée en tête et après c'est que de la mise en page (manga/light novel) puis de la mise en scène (anime/jeu-vidéo). Préfères-tu regarder une série aux graphismes moyens (une limite raisonnable tout de même) qui te touche émotionnellement et qui te laisse réfléchir ou regarder une série qui "déchire" graphiquement dont le fond est vidé de sa substance? Sérieusement, mon choix est vite fait.
MAIS je reconnais que dès que l'on passe à un support audiovisuel tel que l'anime, on s'attend à du spectaculaire. Tout spectateur appréciera donc forcément ces efforts faits par le studio pour nous fournir ce qui se fait de mieux et c'est tout à fait normal. Quel auteur ne désire pas que les spectateurs ressentent cette aura émanant de l'anime à travers la coordination de ces images sublimes, de cette ambiance musicale, de ce rythme palpitant? Ufotable l'a déjà fait, Fate/Zero est un bon exemple. C'est la touche pour l'auteur qui permet de matérialiser l'âme de son œuvre.
DONC c'est à partir d'une bonne base que là tu peux dire que la réalisation est bonne car elle apporte LE "petit plus" non négligeable qui rend la création, déjà bien pour ce qu'elle est, encore plus GRANDIOSE. Elle a permis notamment de contribuer à la grandeur de certaines œuvres (Ghost in the shell en 1995, c'est "vieux" et ça claque toujours autant) ou alors elle a essayé de rendre mieux ce qui en réalité est NUL (Aldnoah Zero, je m'excuses auprès des fans mais ça a fini par me saouler).
Merci de l'attention.
Ma crise étant passé, j'y viens.
Selon moi, une articulation maladroite de l'histoire et des personnages se fait ressentir. Certains comportements m'ont l'air incompréhensibles tout comme des évènements demeurent inexpliqués. Plus subsidiairement, des éléments de l'univers sont sous-développés mais c'est plutôt dû au court format de treize épisodes.
Au fil des épisodes, je sentais qu'il me manquait la petite étincelle, le petit truc qui crie au fond de moi : "La suite, vite, la suite!". Pourtant, il y a deux points positifs qui méritent que l'on s'attache à cet anime mais chacun a tout de même ses défauts.
Le premier point positif concerne le thème de la survie. Les moyens utilisés pour survivre dans un univers apocalyptique méritent une certaine réflexion. Il y a la balance efficacité-humanité (oui c'est moi qui l'ait inventé). La première option consiste en une survie efficace : la société des plus forts. La seconde option repose sur un idéal plus éthique : faire preuve d'humanité en accueillant tout survivant. Rien d'original certes, mais la façon dont ceci est amené est intéressante. On est intrigué par les prétentions douteuses de certains personnages énigmatiques peu présents à l'écran.
De plus, les God Eaters sont censés être les sauveurs de l'humanité mais paradoxalement nos "mangeurs de dieux"(en mode google translation) sont bien plus faibles qu'on ne pourrait le croire. Leurs ennemis Aragami ne leur laissent pas une seconde de répit. J'ai jugé par moment les tentatives de survie assez fatalistes. À plusieurs occasions, jour après jour, les personnages sont confrontés à des morts contre lesquelles ils sont impuissants. Certains épisodes haletants montrent clairement que God Eater ou pas, dehors c'est l'enfer. Franchement, j'apprécie.
Le second point positif concerne le développement suffisant des personnages (suffisant ne veut pas dire beaucoup) tant sur leur passé (pas tous) que sur leur personnalité. Cela se fait au détriment du développement de l'univers et c'est dommage. Un meilleur équilibre aurait été mieux mais c'est un bon point quand même.
En effet, leurs comportements sont humains et représentent ce qui peut faire à la fois la force et la faiblesse de l'homme. Je crois avoir le plus aimé le personnage de Sakuya qui incarne la confiance et le soutien dans une équipe qui semble assez désunie. Quant au leader Lindow, je lui reproche une attitude incompréhensible assez souvent. Pour vous l'exposez caricaturalement, Lindow est "le gars qui fait classe parce qu'il est décontracté sur le champs de bataille pendant qu'il fume une cigarette". Même quand le danger de mort est imminent le type pense à allumer sa clope! Le tabac est un vice en toutes circonstances. Je m'abstiens de parler des autres.
Concernant le personnage principal, je suis indécis. Dans un sens, il est à la hauteur de ce quoi on peut "légitimement" s'attendre. Dans un autre, il est à la hauteur de ce quoi on peut "habituellement" s'attendre. Vous comprenez la nuance? Mais seule une suite le permettrait vraiment de le confirmer car la fin, bien que prévisible, pique ma curiosité pour le développement à venir. De plus, le mystère qui tourne autour de lui est stimulant et son histoire est émouvante. Il a une certaine progression en ce petit nombre d'épisodes sans que ça m'a paru précipité et c'est appréciable. Or un gros défaut que je relève tient du fait que ce personnage est increvable (Boris dans le film Snatch? ou Tony?) sauf que là que ce n'est pas pour rire. Tout du long, il est en mode "Die Hard" à un tel point qu'au 5e épisode je ressors la réplique culte de Snatch : "Mais pourquoi tu crèves pas?!" On est dans une fiction certes mais c'est au-delà de la tolérance sur l'échelle de la crédibilité.
Conclusion :
Le bilan étant fait : 6/10. Ufotable a su jouer ses cartes pour les intéressés en prenant pour base une histoire au synopsis classique dont l'univers reste à développer. Sinon, j'aurais arrêté. Si une suite est adaptée, je pense qu'elle apportera ce qu'il manque. Inscrire God Eater dans un format de 24 épisodes en moyenne aurait permis de garder ce tracé pour les 13 premiers (étant donné que ça se suit plutôt bien) tout en résolvant le problème autour du sous-développement de l'univers dans sa continuité. Le bilan aurait été meilleur.