GRANBELM — Puella Magi Mecha Magica

» Critique de l'anime Granbelm par Deluxe Fan le
20 Mai 2022
Granbelm - Screenshot #1

Lorsque l’on parle d’animes de mechas on en parle généralement au passé, ou alors c’est pour parler des productions de chez Bandai qui monopolisent le genre au point que la multinationale du jouet en est à racheter des studios d’animation concurrents pour s’assurer que les quelques animateurs restants au Japon capables de réaliser des animes de robots géants soient tous forcés de travailler sur Gundam pour l’éternité.

Dans cette époque de rapide croissance de l’industrie où le nombre de productions augmente aussi vite que leur diversité décline, on rencontre parfois des producteurs cherchant à faire entendre un autre son de cloche. C’est le cas de Takayuki Nagatani, qui avait un peu de budget à jeter par la fenêtre pour boucler son exercice fiscal et qui s’est dit que le meilleur moyen de blanchir son argent c’est encore de produire des dessins animés de robots.

Nagatani se rapproche du studio Nexus, jusque là plutôt habitué à faire de la sous-traitance sur des séries publicitaires de gachas à la con, et qui comme beaucoup de jeunes studios cherche l’opportunité de se faire remarquer avec une production plus ambitieuse. Nagatani et Nexus se mettent rapidement d’accord sur l’idée d’un anime de mechas et embauchent pour mener le projet le réalisateur Seiji Watanabe, qui avait déjà bossé pour Nexus sur la série courte Wakaba Girl mais qui s’est surtout fait connaître avec l’adaptation en anime de Re:Zero Kara Hajimeru Isekai Seikatsu. Ils en profitent d’ailleurs pour ramener du staff de cette série le character-design Shinichiro Ôtsuka et le compositeur de l'OST Kenichiro Suehiro, avant de s'attacher les services du scénariste expérimenté Jukki Hanada qui avait bossé sur Wakaba Girl chez Nexus.

Granbelm - Screenshot #2Maintenant que l’équipe est réunie il est temps de se mettre au travail. Faire du mecha c’est bien, mais par où commencer ? C’est un des genres les plus anciens, variés et emblématiques de l’animation japonaise, on peut partir dans toutes les directions. Cela dit il est souvent judicieux de s’orienter vers ce dont on a l’habitude, et vu les productions habituelles de Nexus comme de Watanabe ou Hanada, on les voyait mal raconter une histoire de real robot politique bien hardcore. Par contre, une histoire de collégiennes moe en costumes ? Ah ben voilà, enfin tu parles le langage de notre époque.

Mangetsu Kohinata est une jeune fille ordinaire qui vit ordinairement avec sa famille ordinaire dans sa banlieue résidentielle ordinaire. Son ordinaire quotidien est bouleversé lorsqu’elle entre par hasard dans une sorte d’espace magique dans lequel des robots géants s’affrontent à coups de lasers. Elle doit sa survie à Shingetsu Ernesta, une autre fille qui lui explique la situation : la ville est devenue le champ de bataille d’un tournoi où s’affrontent des filles du monde entier dans le but de devenir la Reine des Magiciennes. Pour se battre elles utilisent des sortes de poupées magiques géantes appelées Armanox qui leur permettent d’utiliser des sorts surpuissants dans le but d’éliminer l’adversaire jusqu’à ce qu’une seule fille ne reste pour prendre le titre.

Granbelm - Screenshot #3Mangetsu découvre à cet effet qu’elle dispose du pouvoir d’invoquer son propre Armanox, ce qui la qualifie pour le tournoi. Aux côtés de Shinetsu, elles vont se faire amies et ennemies pour voir le bout de ce combat épique, le GRANBELM…

Le producteur Nagatani a expliqué en interview que selon lui le point le plus important de la série sont les mechas, parce que c'est cet élément qui est à l’origine du projet et qui a mobilisé toute l’attention du studio. Commençons donc par là. En effet, Granbelm affiche dès le départ ses spécificités techniques, en particulier le fait que les mechas sont animés entièrement à la main, ce qui tout à fait exceptionnel dans le paysage animé actuel où ce genre de prouesse est de plus en plus rare et ne peut provenir que de quelques studios bien précis qui se spécialisent dans le genre - Sunrise et Trigger par exemple. Les robots en question (enfin, les Armanox comme appelés dans la série) ont une forme inhabituelle puisque ce sont des « chibis » avec des proportions exagérées et des pouvoirs magiques – on est au-delà de la classification real robot ou super robot, c’est juste du grand délire. Les combats se veulent grandioses avec des concours de lasers colorés et de spectacles pyrotechniques, ça arrache les yeux et c’est plutôt sympa même si je suis pas le plus grand fan, je préfère mes mechas un peu plus terre-à-terre. En revanche je note les vues cockpit où on voit les filles qui manipulent leur Armanox avec des fils à la manière de marionnettes, ça rend bien et c’est cohérent avec les thèmes de la série. Il parait que le réalisateur Watanabe est un fan du style de Yoshiyuki Tomino et notamment des ses animes les plus "controversés" ; on peut effectivement constater une certaine ressemblance en particulier dans la mise en scène des combats fortement inspirée de Gundam, mais un anime tel que Granbelm reste quand même plus digestible que du Tomino. De toute façon un effort évident a été livré par le studio Nexus et le travail de design et d’animation transparait à l’écran.

Granbelm - Screenshot #4Niveau histoire ça démarre plutôt bien avec un univers qui se dévoile petit à petit et du drama autour des personnages qui vient alimenter le récit. On se rend compte assez vite que l’anime emprunte énormément de ses effets à certaines séries de magical-girls récentes, lorsqu’il ne s’agit pas de repomper entièrement certains archétypes de personnages jusque dans la couleur des cheveux. Malheureusement n’est pas Urobuchi qui veut et la série ne parvient pas vraiment à se hisser au niveau de son modèle, la faute je dirais à une narration trop concentrée sur les relations entre les différentes filles, comme si cette histoire de magiciennes qui se battent pour l’avenir du monde ne concernait finalement qu’un groupe d’une demi-douzaine de gamines dans un coin paumé du Japon. Dans une série telle que Madoka Magica on te faisait clairement comprendre les enjeux de l’histoire et les implications mondiales voire intergalactiques des évènements racontés, tandis que dans Granbelm ça manque de souffle, les personnages passent leur temps à crier et pleurer mais on n’arrive pas à prendre le truc au sérieux parce que c’est pas mis en scène.

Selon les mots du producteur, Granbelm doit être évalué comme une démonstration technique de la part du studio Nexus, une manière de faire le point sur les capacités de l’industrie actuelle à produire ce genre d’anime en dehors des grosses usines de la japanime pilotées par les corporations. En cela son pari est réussi, mais le choix du genre narratif condamne la série à la confidentialité ; non seulement la présence de mechas élimine d’office la plupart du public mais en plus ce type d’histoire au croisement du magical-girl et de l’horreur psychologique à la Madoka Magica ne peut intéresser qu’un nombre extrêmement limité de spectateurs. Cela dit, mieux vaut s’adresser à une niche et le faire bien que vouloir plaire au plus grand nombre et servir la même soupe que tous les autres.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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