Gunmm - la Cité des Anges

Lorsque vous demandez aux vieux otaques quel fut leur premier choc en matière d'anime cyberpunk, vous aurez 99% de chances de tomber sur Akira ou Ghost in The Shell, au choix. Malheureusement pour moi, je fais partie de la génération qui est arrivée juste après et qui a découvert un peu tout dans le désordre. Et Gunnm fait indéniablement partie des animes qui m'ont le plus marqué.
Gunnm et moi c'est une affaire personnelle. J'ai un lien spécial avec cet anime, un truc qui ne s'explique pas avec des mots. Le regarder aujourd'hui avec le recul me fait prendre conscience du chemin parcouru depuis que j'ai mis la première fois la VHS dans le magnétoscope de mon père, il y a dix ans. J'en suis pas ressorti pareil.

Je ne vous apprends rien en vous disant que Gunnm est l'adaptation d'un célèbre manga de Yukito Kishiro. Enfin, je dis célèbre mais ce manga n'a jamais eu qu'une seule adaptation animée, finalement. Le manga original est long, avec un univers riche, et à côté de lui ce moyen-métrage fait franchement pâle figure. Toutefois, j'ai jamais réussi à accrocher au manga. Pas faute d'avoir essayé pourtant. Je pense que l'anime m'a fait un tel choc que la version papier m'a paru un peu insipide.
Le pitch de Gunnm est sans doute un des plus connus de la BD japonaise : dans un lointain futur le monde est divisé en deux : en haut se trouve Salem, la cité flottante et inaccessible, paradis tant convoité. Mais même le paradis produit des déchets, et ceux-ci tombent dans la Décharge, le monde d'en bas, où (sur)vit le reste de la population. Dans cet endroit sale et violent, c'est la loi du plus fort qui s'applique.
Nous allons suivre l'histoire de Gally, une cyborg qui a été trouvée dans les ordures de Salem, et qui va découvrir ce que c'est que d'avoir des sentiments humains dans ce monde sans pitié...

Le manga original ne tarit pas d'explications sur Salem, Gally et Compagnie. Cet OAV particulièrement court (une heure en tout) ne va pas plus loin que le pitch de départ expliqué ci-dessus. La dynamique entre Gally, Ido et Yuugo s’installe très vite et l’histoire ne perd pas son temps. Pourtant, l’anime réussit quand même à installer une ambiance sordide, cruelle et cynique. Les décors travaillés, la musique percutante façon années 90 et le chara-design de Noboteru Yuki n’y sont probablement pas pour rien.
Ce qui fait vraiment l’intérêt de cet anime c’est qu’il va droit au but. En simplifiant les personnages et l’univers, le spectateur ingurgite rapidement ce qui fait l’essentiel de la licence. On obtient donc un divertissement efficace, avec des combats brutaux et une histoire d’amour pas si mielleuse que ça. Laissez tomber la métaphysique de GiTS et de Lain, ici on est dans du cyberpunk trash, avec le sang qui coule et les tripes qui volent. On rigole pas.

Cet anime a une très mauvaise réputation au sein des spécialistes. Même l’auteur du manga original l’a désavoué. Pourtant je vous garantis que vous ne perdrez pas votre temps devant cet anime court mais intense ; a fortiori si vous ne connaissez pas le manga auquel il constitue une mise en bouche valable. Peut-être que la nostalgie parasite mon objectivité (sûrement même), mais dans ce domaine-là mieux vaut être trop laxiste que pas assez.

Les plus
- Ça sent bon les années 90 tout ça
- Un univers résolument adulte et cruel
- Musique d'ambiance bien crade
- Court et concentré en action

Les moins
- Le design et l'animation ont mal vieilli
- l'univers de Gunnm n’est qu'effleuré