Certains films se retrouvent par hasard sur notre chemin alors que rien ne les y avaient destinés. Parmi ceux-ci il y a Hal, produit par le studio Wit, la filiale de Production IG à qui on doit dernièrement Shingeki No Kyojin.
Kurumi vit à Kyoto avec son fiancé Hal. Lorsque ce dernier décède dans un accident d'avion, la jeune femme tombe en dépression et ne sort plus de chez elle. Son grand-père tente alors le tout pour le tout et envoie en androïde déguisé en Hal rendre visite à Kurumi. Le robot un peu naïf a pour mission de redonner à Kurumi le goût de la vie...
Juxtaposer le genre romance à la thématique robotique peut sembler osé mais ce mélange n'a rien d'inédit y compris en japanime. Cependant, Hal n'est pas vraiment un film de science-fiction puisque le robot est un prétexte à l'exploration d'un thème plus particulier encore : la perte de l'être cher. Ce n'est pas le robot en lui-même qui est au centre du récit, mais la dynamique qui va se créer lorsque ce dernier va faire irruption dans la vie d'une autre personne et remuer son passé.
Plutôt lente, la narration a cette mauvaise habitude japonaise de chercher à "créer une ambiance" au lieu de raconter une histoire. Toutefois, le format du film (60 minutes) ne permet pas à la lassitude de s'installer et on suit assez facilement le cheminement de nos deux personnages et des faire-valoir qui les entourent. On note également que le robot n'apparaît pas miraculeusement dans un univers autrement tout à fait réaliste - ce qui aurait été tout à fait acceptable par ailleurs. Des bribes d'un background SF sont distillés par moment mais pas explorées ; cela engendre une légère frustration mais on comprend la volonté du film de ne pas s'éparpiller.
Un point important du récit repose sur un plot twist final (presque) inattendu qui, selon vos standards, mettra en péril l'immersion émotionnelle. Sans trop en dire, le film ne s'engage pas sur la pente savonneuse du "robot amoureux", et lui préfère un autre genre de poncif. On lui reconnaîtra toutefois d'avoir bien intégré le propos du film qui est que les aléas de la vie doivent être surmontés au lieu d'être refoulés.
L'animation du film ne fait pas de merveilles car il n'y a pratiquement pas de scène d'action ; en revanche les décors sont d'une beauté saisissante, en particulier durant les nombreuses scènes en intérieur qui sont très chargées en détails et en couleurs. La musique de Michiru Oshima (FMA, The Tatami Galaxy) renforce bien la mélancolie que le film se donne pour objectif de faire ressentir au spectateur.
Le drame romantique est un genre qui me laisse indifférent à de rares exceptions près, mais Hal a fait preuve de nombre de qualités comme une technique de haut niveau, un format ramassé et une certaine audace dans le récit. Deux ou trois fautes de goût et des dialogues qui versent rapidement dans le pathos viennent ternir le tableau, mais c'est pas comme si les romances japonaises allait d'un seul coup se débarrasser de leurs défauts. A réserver aux demoiselles qui veulent pleurer un coup ; les autres n'auront qu'une heure à perdre.
Les plus
- Techniquement à la pointe
- Une heure et c'est fini
- Un plot-twist en dessert
Les moins
- Attention, pathos en vue
- Des personnages et des side-stories hors sujet