Marre de la vie? Tu as oublié ton bento chez toi et tu n'as pas pu acheter ton Kinder Bueno à l'épicerie lors de ta pause car la queue était trop longue? (et après on parle du taux de chômage en France... Ils sont où les fucking caissiers!) L'anime Show est fait pour toi!
Marre que ta gonzesse te trompe?(C'est clair l'inverse n'existe pas.) Tu t'es fait défoncer la tronche à la place d'un autre mais comme tu avais les couilles dans un étau parce que la délation c'est mal et qu'accessoirement tes mydriases faisaient la circonférence de la terre, tu as choisi de la fermer alors que tu n'avais rien demandé? (et oui Sherlock ça marche dans tous les cas, que tu sois collégien ou employé de bureau!) bref, "L'anime Show" est fait pour toi!
allez viens! rejoins-nous! regarde comme on s'amuse! L'anime show C'est comme Netflix, c'est rapide, c'est gratuit et c'est sans engagement alors profite-en!
et comme un exemple vaut mieux qu'un long discours, je te présente notre invité sur le plateau :
L'école des jeux d'argent! Bon d'accord je recommence pour éviter les amalgames avec les jeux télévisés dont raffole ta moman. Donc : Kakegurui!
1) "La niche est le gentil soldat de l'anime show"
Un anime sur les jeux d'argent, donc axiomatiquement les jeux risqués, ça faisait un certain temps que la Japanime n'était pas revenue sur le sujet. Il faut dire que le genre a déjà été poncé, pas forcément en nombre d'ailleurs mais de manière significative et mémorable. Mais est-ce que l'on a eu en version SupraShonen avec visuel mordant à la clef?!
Et Ba voila pas plus compliqué que ça! À la production on appelle ça une niche et quand on voit une niche et ben on fonce dedans parce que c'est le bon plan! Une niche a souvent la vocation de surfer sur une tendance au près d'un public spécifique tout en ressuscitant un genre tombé dans l'oubli, ça limite les risques de concurrence, on dirait que c'est inédit et il y a moyen de bien s'enjailler malgré tout!
2) "L'anime show n'a pas l'ambition de se surpasser ni même de fournir de réels efforts au niveau scénaristique."
L'anime show choisi donc une entrée en matière effective. Ça facilite l'immersion et on présente les acteurs dans le contexte en même temps sans avoir à y passer tout l'épisode.
Ensuite l'anime show choisi des bases simples et déjà existantes, mais qui se sont montré dignes de confiance, pour construire l'intrigue.
En général ça a aussi le mérite d'être relativement explicite quant aux intentions futur de l'anime et donc des enjeux, soit tu accroches soit tu dégages et ce dès le premier épisode, sinon le deuxième.
Un exemple? Une école de bourges avec des règles complètement fucked up (encore qu'au Japon...) ainsi qu'une héroïne Badass qui dans le cas présent, va faire autre chose que chialer derrière machin-kun où lui préparer son bento, et bien sûr elle aura affaire à des vilain pas bo qui se mettront en travers de son chemin!
3) "L'anime show est pragmatique."
- «Oui mais son chemin c'est quoi?»
Tu oses poser la question?! Tu crois que la meuf va se contenter de la place au fond à côté de la fenêtre et attendre bien gentiment comme le type des shojos bas de gamme? Si le ciel est ta limite, celle de Jabami Yumeko n'existe pas!
4) "L'anime show a de la gueule et accorde de l'importance à la forme."
Et pour être sûr d'être remarqué on lèche le visuel s'il vous plaît! Rien à dire sur la DA, c'est clean, détaillé, ciselé dans un style tellement racoleur qu'on ne voit que ça! et oui quand je parlais du visuel léché c'était littéral parce que des coups de langue il va y en avoir! à la manière d'un Food Wars (normal, lui aussi c'est un "anime show"), la série va se lâcher sur le fan service tout en le justifiant néanmoins. Dans l'un la bouffe, dans l'autre le jeu, un point commun, le vice!
Sauf que là contrairement à son pote, Kakegurui laisse tomber l'allégorie... Ce qui donne plutôt lieu à un théâtre de scènes et comportements très suggestifs...
En conséquence de quoi Kakegurui s'essaye à développer une atmosphère étrangement corrosive cherchant à corrompre le charmant chalant charmé (surexcité); un mélange entre la folie, le glauque, la lubricité et la dépravation!(anlalala pas bien...)
- «Comme dans Le Festin Nu ou Eyes Wide Shut?! Ba alors?! Qu'est-ce qu'on attend?! arrête de parler comme un puritain du 16e m siècle et balance le matos!»
5) "Le décorum compte pour l'anime show."
Sur le coup j'étais plutôt sceptique au début; pourtant sur le long terme, force est d'admettre que la synergie fonctionne bien avec le reste et surtout comme Food Wars, Kakegurui évite l'abus en ne se donnant en spectacle que quand cela est nécessaire (et le Ending on en parle?). Cela étant j'ai l'air de vendre un anime hardcore mais j'ai parlé de Suprashonen donc je ne voudrais pas vendre du rêve aux amateurs de Sade et de Pasolini.
Histoire d'achever le vernis en beauté, l'anime offre un opening qui cultive une dimension fortement présente dans la culture Nippone et à laquelle je suis particulièrement sensible : la mode et le champ des disciplines qui lui sont implicitement liées.
À l'instar de l'opening - d'Arakawa Under The Bridge, de Lupin Une femme nommée Fujiko Mine, ou Michiko to Hatchin - l'opening de Kakegurui est une sacrée claque visuelle mais il fait aussi la part belle au symbolisme, comme un genre de spoiler maskey posé là par la prod comme autant d'indices.
6) "L'anime show n'est pas un très bon joueur de poker... il sait bluffer mais pas sans lunettes de soleil."
- « Bon et sinon est ce que tu vas parler de l'essentiel?! de ce qui compte vraiment?! de ce que nombre a sur les lèvres et s'empresseront peut-être eux-même de faire une critique afin d'en parler!
Les fucking jeux!!! Est-ce que Kakegurui est sélectionné pour les oscars ou pas?»
Sur ce coup j'aurais plutôt envie de me poser en défenseur de l'anime mais comme je ne peux décemment pas refourguer un appartement sans faire l'état des lieux je me dois de pointer du doigt le fait que certains personnages font l'été et l'hiver quand ça leur chante dans le rapgame. Ce qui a comme conséquence lors de la plupart des jeux de nous faire s'exclamer : «WHAAAATTTT??!!! Mais comm... que... je veux dire... attendez... WHAAATTTTT??!!!»
Ajoutez à cela des règles souvent tirées par les couettes, des twists qui font l'effet poudre aux yeux bien qu'agréable ainsi qu'une dimension qui tire l'irrationnel jusqu'à l'extrême et il y a de fortes chances pour que le regardeur se sente plus que sur le bord du périph.
Donc si on n'est pas fantaisiste pour un sou on peut avoir l'impression que Kakegurui crée de la tension autour du vide...
(j'ai arrêté de faire la conversion yens/euros quand on a dépassé la taille de mes économies, donc à la 1er minute du premier épisode en fin de compte).
7) "l'anime show a toujours un parti pris ce qui le rend souvent un peu caricatural sur les bords, de plus il apprécie particulièrement la dualité."
Pourtant on a rapidement l'impression qu'en fait l'anime s'en fout un peu au final, du genre :
«Bon OK, Kaiji t'es trop fort! On ne fera pas mieux donc laissons tomber les jeux et choisissons d'autres armes pour se battre dans l'arène!».
Un peu triste mais judicieux en fin de compte car plus on avance plus on se rend compte que les armes de Kakegurui c'est sa fucking ambiance mais surtout des enjeux peu orthodoxe pour notre curiosité dévoyée!(Ah bon il n'y a que moi qui suis concerné? nan tu me fais marcher!)
La série cultive le voyeurisme à fond en arrière-plan et alors que Kaiji démontrait principalement le voyeurisme manichéen des personnages au sein de l'anime; Kakegurui s'emploie à démontrer celui moins ostentatoire du spectateur en titillant son envie perverse et secrète, celle de voir la réaction du perdant face à son échec, de le voir subir l'enjeu du pari, car ne vous y trompez pas il y aura forcément un perdant! Est-ce qu'il ira jusqu'au bout?
À cette fin l'anime met en exergue des enjeux à la mesure de la folie de ces personnages. À la manière d'un Bakemonogatari, ces derniers incarnent parfaitement leurs scripts mais ont une faible marge de manoeuvre ce qui rend difficile l'esquive de l'archétype sans compter qu'ils évoluent très peu; mais au final tout ce qu'on leur demande c'est juste d'être convaincants dans leurs rôles respectifs.
Car dans "l'anime show" c'est le rythme qui importe et surtout une dynamique à la hauteur du divertissement proposé comme par exemple une forte connexion entre deux personnages affichée sur la jaquette de l'anime.
8) "Quand l'anime show a un concept il ne le lâche pas!"
Finalement l'intérêt de Kakegurui ne réside donc pas tant dans les mécanismes que de l'ambiance qui en résulte. Kakegurui n'a pas autant de temps qu'un Kaiji pour développer le pourquoi du comment ce à quoi l'anime répond par un traitement de choc.
C'est donc là qu'entre en jeu le chara design; d'ailleurs fidèle à celui de Naomura l'auteur du manga,
il est volontairement caricatural et écoeurant lors des scènes excessives; et n'a pour seul objectif que de nous livrer frontalement le message de sensations exacerbées par des personnages qui sont particulièrement gouvernés par leurs émotions et leurs pulsions.
(Ah j'oubliais le bonus des yeux de vampire bien rouge à la Erased et les jeux de regards de la mort qui tue plus explicite que dans un film de Sergio Leone.)
9) "On peut dire ce que l'on veut de l'anime show mais il est clean et ne salope pas le travail!"
Quant à la mise en scène ingénieuse d'Hayachirou, secondé par Sayo Yamamoto que l'on avait déjà eu le plaisir de croiser dans Yuri On Ice, elle vient parfaitement souligner l'agitation naissante tandis que le découpage accentue la fluidité de l'action. Ajoutez à cela une animation de qualité puis une direction photographique qui ne laisse rien au hasard au niveau des éléments de sa composition et le résultat devient plus que satisfaisant.
- «moi je m'en fous de la technique parce que c'est l'histoire qui m'intéresse!" Ba tu vas être quelque peu désappointé mon grand.»
Plus sérieusement est-ce qu'une technique irréprochable est suffisante?
J'ai envie de répondre un oui en demi-teinte finalement... Certes le contexte de fond est banal bien qu'immersif (on ne voit pratiquement jamais la lumière du jour dans Kakegurui). Certes la série pêche par manque de tension mais lorsqu'elle arrive à créer des enjeux probants, la série nous accroche!
Même si ce n'est pas forcément dans la direction à laquelle on aurait pensé de prime à bord.
10) "L'anime Show n'échappe pas à l'immanence de son être et d'ailleurs le voudrait-il même?"
À cela il faut prendre en compte le fait que Kakegurui est un "anime show", il a conscience de ses limites dès le départ, son format court entre autres et surtout il conçoit le produit de base dont il est dérivé ce qui a pour effet de pousser "l'anime show" à délaisser le superflue et mener son immersion de front. (un peu à la manière d'un Witchcraft Works où... un taureau qui charge les végétariens.) La conséquence est que malheureusement ça se fait souvent en dépit des subtilités scénaristiques.
On a donc un divertissement simple et fonctionnel qui donne la part belle à l'action (je ne parle pas forcément de castagne) tout en suivant la cohérence de sa trame. Ce qui fait que les tenants et les aboutissants importent peu à l'arrivée et qu'il suffit d'une mise de départ certes sommaire mais efficace, et qui pourra pleinement s'exprimer dans un cadre taillé sur mesure pour démarrer son moteur V8.
11) "L'anime show est fier de ses références et ils les utilise!"
Enfin j'ai parlé de Kaiji mais les connaissseurs de Nobuyuki Fukumoto feront un parallèle évident avec Akagi d'avec qui il n'est pas si fondamentalement différent, simple, Kakegurui est un pastiche. De fait ces mêmes connaisseurs n'auront sûrement pas besoin de mon avis d'expert pour constater la nuance, pourquoi Akagi et pourquoi Kakegurui.
Cependant traiter Kakegurui de prétentieux à l'arrivée se serait comme de dire que Madoka voulait faire la révolution. En effet le traitement souvent caricatural et absurde qui plane tout au long du contexte jusqu'aux personnages laisse penser que l'anime n'avait pas spécialement envie de marquer le coup mais juste de suivre gentiment le planning de Mappa.
12) "Mappa n'est pas le seul à faire des anime show mais il connaît la reçette!"
D'ailleurs de nombreux regards pointent depuis quelque temps vers le jeune studio; avec espoir ou scepticisme. Aussi en dehors du fait que Mappa sait s'entourer, celui-ci tout comme Madhouse prouve qu'il a de nombreuses cordes à son banjo magique.
De plus il est plaisant de constater que le studio met du coeur à l'ouvrage dans tous ses projets. Kakegurui ne fait pas exception, le leitmotiv reste d'être fortement appliqué dans un but; et sans but qualitatif, un "anime show" au final Ba c'est une daube.