Kuroshitsuji ~ Book of Circus ~ est l'adaptation d'un des arcs les plus célèbres du manga éponyme de Yana Toboso. Alors que les deux précédentes séries tirées du manga étaient en majorité des fillers (c'est-à-dire presque rien à voir avec la version papier), cette adaptation se veut beaucoup plus fidèle au support papier. Il n'est pas vraiment nécessaire d'avoir vu la première, ni la seconde série pour comprendre l'histoire, car le premier épisode de Book of Circus est une sorte de remake de l'intro du manga, afin de plonger le spectateur non habitué dans cet univers sombre de l'époque victorienne.
Ce que je reprochais à la première adaptation, en dehors du fait de partir en filler avec un scénario mal ficelé, inutilement malsain et limite manichéen, c'était son manque de dynamisme et de conviction. Par contre, j'avais beaucoup aimé la seconde série, notamment grâce au personnage d'Alois et ses relations tordues avec les autres, mais on restait encore dans un univers glauque, en huis clos car tout tournait autour des quelques protagonistes en présence et le monde extérieur semblait n'avoir aucune influence sur eux. Finalement, en adaptant seulement une partie du manga pour donner Book of Circus, A-1 Pictures s'en est merveilleusement bien tiré et a réussi à refléter le charisme des personnages, la sensualité, l'humour et la délicate cruauté des récits de Yana Toboso. J'ai retrouvé la même ambiance jusque dans les génériques (gros coups de cœur pour ces derniers d'ailleurs).
Au niveau du casting, on retrouve les mêmes doubleurs pour les personnages déjà connus et ils font toujours un excellent travail. Quant aux petits nouveaux, je me réjouissais d'entendre Takuma Terashima en Snake, mais on ne peut pas vraiment dire qu'il a eu un rôle très bavard, du coup mon coup de cœur se reporte sur Mamoru Miyano en Joker. Ce n'est pas un seiyuu qui m'a beaucoup marqué en règle générale, ni que j'apprécie vraiment à la base, mais il a su donner vie et corps au personnage de façon très sensible et j'ai aimé son interprétation. C'était parfait.
Assez parlé de l'aspect adaptation, venons-en à l'histoire en elle-même... C'est beau, c'est cruel, c'est dramatique et cruellement ironique. Les membres du cirque sont une belle famille de cœur, simplement à plaindre. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'attacher à eux et tout le dilemme de leur condition est très bien mis en scène. Un passage, ajout par rapport au manga, m'a beaucoup marqué dans cet anime : l'enlèvement de la petite fille. Ce passage était à la fois superbe et déstabilisant : superbe par sa réalisation, sa musique et ses images ; déstabilisant à cause de l'implication directe de Doll, alors qu'elle est comme une petite sœur que les autres membres du cirque protègent un maximum. Personne n'est tout noir, ni tout blanc. Avoir déjà lu le manga et savoir à l'avance ce qu'il va se passer n'a pas aidé à épargner mon petit cœur.
Finalement, dix épisodes ne sont pas de trop pour présenter cet arc de Kuroshitsuji, tant il est riche en indices importants (sur le passé de Ciel, notamment) et, surtout, en émotions, aussi fortes que contradictoires. Le côté génial de cette adaptation, c'est que même si l'histoire s'insère dans une intrigue plus large, ce n'est pas incompréhensible pour quelqu'un qui n'a jamais mis les pieds dans cet univers et on peut très bien s'arrêter après ces dix épisodes, l'arc du cirque étant terminé.