"Je suis imbattable, ma technique ne connait pas d'égal"

» Critique de l'anime Shadow Skill - L’art ultime du combat ! par Red Slaughterer le
04 Janvier 2014

Il est difficile de rappeler à nouveau à combien 1998 c'était génial sans avoir à citer des dizaines de séries qui n'ont malheureusement absolument rien à voir avec le sujet. Le succès d'Evangelion permet à la fin des années 90 d'aborder le format de la série télévisée avec des ambitions revues à la hausse ce qui va aboutir sur tout un tas de séries animées qui feront la joie des amateurs, des puristes hautains élitistes et/ou grobotophiles sur l'internet tout entier. Heureusement pour nous, Shadow Skill est un cas un peu plus étrange, on va donc mettre de côté la date de diffusion de cette série, histoire d'éviter les erreurs de lecture monumentale et de juger la série pour ce qu'elle n'a certainement jamais vraiment essayer d'être.

La première chose qu'on remarque quand on s'intéresse à Shadow Skill, c'est le nombre assez intimidant d'adaptations différentes : une série de trois OAV (dont l'épilogue est sorti en premier), une série animée et une OAV en CG. Encore pire : absolument aucun de ses supports n'a de rapport les uns avec les autres puisqu'ils adaptent le manga d'origine qui a dû être vachement populaire à une époque pour être adapté autant de fois en si peu de temps. C'est donc pas moins de quatre versions de la même histoire qui se baladent dans la nature. Un capharnaüm de cette ampleur me permet aussi d'éviter subtilement la question de l'adaptation pour essayer d'expliquer les tenants et les aboutissants de la série. On notera juste que la fin de la l'histoire, comme on peut s'y attendre, n'est pas si finie que ça.

Mais assez de ce prologue qui n'en finit pas de commencer, et venons-en au fait. Si vous lisez cette critique, c'est certainement que vous voulez savoir si Shadow Skill, c'est bien ou c'est nul. Et honnêtement, même après avoir vu la série entière, j'aurais du mal à répondre exactement à cette question. Malgré tout, j'ai bien envie de dire de Shadow Kill que ce n'est certainement pas une série banale, malgré ce que les premiers épisodes peuvent suggérer. Et la premier responsable de ça, c'est l'univers graphique particulier de la série. Pas très soutenu par sa constance, le chara-design va changer d'un épisode à l'autre, donnant parfois aux personnages cette allure très typée qu'on trouve dans vraiment beaucoup de séries de cette époque (pommettes saillantes, yeux immenses et anguleux, notamment). Mais de manière générale, le design de la série est aussi étrange que travaillé, les épisodes utilisant pleinement ce style sont reconnaissables à plusieurs kilomètres sans plisser les yeux. Et si les mauvaises langues iront dire que les personnages se retrouvent avec des têtes d'alien, ça n'en reste pas moins un point fort de la série. Ne serait-ce parce qu'il s'accorde assez bien avec son ambiance générale, même si parler de l'ambiance de la série au singulier serait une erreur.

Certainement déjà trahi par sa liste beaucoup trop longue de tags, on peut se douter que Shadow Skill ne tient pas en place plus d'un seul épisode. Fantaisie plus ou moins rigolarde à la Slayer, univers med-fan 300% serious buisness avec complot politique et guerre imminente à clé, monde guerrier dirigé par la force d'un pays et de ses quelques combattants ou encore univers mystique étrange à l'histoire trouble. Inutile de dire que la première moitié de la série saute parfois un peu du coq à l'âne avec des segments assez discutables (et surtout très oubliables) mais l'intrigue prend bien entendu de l'ampleur dans la seconde partie, comme souvent dans ce format. Il ne faut pourtant pas s'attendre à des révélations et retournements de situations en folie, Shadow Skill est vraiment très sobre dans ses segments les plus sérieux, au point d'en être parfois un peu délicat à saisir. Il se passe définitivement des choses, mais en tant que spectateur, on a toujours l'impression qu'il manque un bout. Ce n'est pourtant pas un manque vu que l'essentiel, se basant sur la fratrie Ele Rag et Gau Ban, est bien là. Le reste donne un certain cachet aux différentes facettes de l'univers dans lequel ils évoluent. Point qui pourrait faire grincer quelques dents, on ressort quand même avec l'impression que c'est une histoire à continuer, même si la fin est satisfaisante à sa manière.

Un autre point intéressant à soulever est celui du propos de la série. On pourrait vraiment avoir des doutes lorsque le postulat de l'histoire est celui d'un état guerrier qui qui dicte sa loi par ce qui est finalement son armée. Dans tout autres circonstances, on aurait pris les arts martiaux comme moyen de d'aborder ni vu ni connu un thématique plus militariste, mais on se rend compte ici que c'est en réalité tout l'inverse. Si Shadow Skill arrive à être honnête malgré certains faits étranges (Kulda tente de maintenir la paix par la force de dissuasion que représente les Sevarl, c'est un peu moyen quand on sait qu'ils sont supposés être les héros de l'histoire) c'est bien parce que sa véritable thématique est celle des arts martiaux et de tout ce qui va avec. Bien que la série soit au surnom de sœur, c'est bien du parcours initiatique de Gau Ban dont il est question.
Et au final, c'est plutôt bien traité, la conclusion est assez intéressante, d'autant plus que ce n'est pas exactement ce à quoi on pourrait s'attendre lorsque l'on parle d'art martiaux. ce n'est pas non plus parfait à cause d'un point assez paradoxal : les combats ne sont pas spécialement bien animés, ni vraiment intéressants. Les arts martiaux sont plus là en tant que thématique qu'autre chose, et les combats ne sont pas du tout un moteur de la série. C'est un point un peu frustrant, d'autant plus que l'opening contient quelques extraits d'affrontement plutôt alléchants. C'est bien ça qui sauve tout ce joli monde d'un suicide narratif pur et simple : le guerrier de Kulda sont plus des athlètes que des militaires, le Sevarl étant élu par un tournoi et non par une épreuve ou selon leurs accomplissements au sein "l'armée". Même Gau supposé être un guerrier de Kulda n'est réellement supervisé par aucune autorité et n'est sous la tutelle que de sa sœur.

Au final, Shadow Skill est une série très particulière, et surtout assez inconstante. On oscille sans cesse entre la sobriété et l'excès, le mauvais goût et le style, le sérieux le plus total et l'humour bas de plafond, mais arrive tout de même rester plutôt en accord avec ses thématiques jusqu'au bout. Une série à voir si vous aimez quand ça parle de combats plus que quand ça cogne sans vraiment réfléchir. Ceux qui veulent de tenter pour l'univers pas totalement inintéressant peuvent s'y essayer mais risquent de s'en sortir avec un sensation d'inachevé d'autant plus que le manga dont la série est adapté est en cours depuis des années et assez difficile à trouver.

De manière plus générale, c'est une série avec autant de qualités et de défauts que de points vraiment très difficile à juger correctement. Ca vaut définitivement le coup d'essayer, mais beaucoup risquent d'en ressortir avec une l'impression d'avoir vu quelque chose que ne leur était absolument pas destiné.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Red Slaughterer, inscrit depuis le 30/12/2009.
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