Junjou romantica : Petite perle dans un monde de brutes.
Voilà un animé d’une très grande qualité.
Au premier abord, avant de ne me lancer dans l’aventure de Junjou Romantica, je me suis dit plusieurs fois, passant devant « pwouaah un manga homo… le chara-design est bizarre et je pense que l’histoire ne va pas m’atteindre du tout », et ôôô combien j’avais tort !
Car en effet, pour le coup, j’ai été une juge plutôt honnête : amatrice d’histoire d’amour, je suis plutôt exigeante et regardeuse.
Junjou Romantica était plutôt mal parti, puisque, lorsque du fond de mon canapé je commençais d’un œil vague et suspicieux, le visionnage de ce qui allait être une révélation, j’avais trois aprioris majeurs que sûrement beaucoup ont du avoir avant moi ou ont encore, vis a vis de Junjou.
Tout d’abord, je n’avais jamais vu encore d’histoires d’amour entre « hommes » et si, comme tous le monde, il y a dans mon entourage des gens « d’un autre bord », je n’ai jamais vraiment compris comment le cœur était séduit, compris, comment l’amour naissait.
Bien qu’ouvert d’esprit, on ne peut qu’avoir en sois, une petite voix curieuse qui demande « est-ce que c’est pareil pour eux, que pour moi, l’amour ? ».
Je pense que mon idiotie toute bien pensante avait du omettre, que –c’est joli ce que je vais dire- l’amour est universel et que quelque soient les personnes qui le ressentent il est compris de tous –enfin presque, y’a des idiots partout.
Ce qui induit donc le deuxième de mes handicaps : je pensais sincèrement ne pas être touché par une histoire homo, j’étais même franchement récalcitrante.
En tout cas, j’avais peur de ne pas pouvoir m’identifier aux sentiments des personnages, et surtout, du fait qu’il n’y ait que des hommes, de ne pas pouvoir un peu rêver. –là aussi grave erreur, mes amis, j’ai pleuré-.
Enfin troisième et pas des moindres, je n’avais pas envie, j’avais peur que l’histoire soit trop axée attirance physique, pulsions immaîtrisables, et parties de jambes en l’air entre deux hommes ruisselants de sueur au clair de lune dans une lande sauvage, mais non. Homme, votre dignité ne sera pas atteinte, femmes, vous serez séduite par la maturité des relations, et toutes ces petites choses mignonnes que nous ne sommes définitivement pas seules à réclamer dans une relation amoureuse.
Vous l’aurez compris, je ne suis pas du genre a trouver « trop kawai » l’idée de regarder un Yaoi entre copines, mais Junjou romantica m’a franchement conquise.
L’histoire est découpée en triptyque, dont les 3 pôles sont sensiblement liés.
Junjou Romantica, le titre de l’anime, est aussi le nom donné à l’histoire du premier couple, le couple central, celui de Miyaki et Usami
L’histoire débute avec un personnage très commun : Miyaki, étudiant de 18 ans dont les résultats scolaires douteux l’empêchent de rentrer dans l’université de ses rêves, quand ô surprise! Débarque Usami Akihiko, Meilleur ami et secrètement amoureux du frère aîné de Miyaki. Il deviendra son précepteur, et de ces entrevues régulières, naîtra un amour immense d’Usami pour Miyaki. et caetera. Sauf que ca va au delà de ca, la relation est assez bien traitée, les sentiments qui grandissent et l’acceptation de sois en tant qu’homme qui aime un homme.
Ensuite « junjou egoista » entre Hiroki et nowaki, qui se passe 6 ans avant Junjou romantica. Hiroki, jeune aspirant professeur de littérature est très amoureux d’Usami, mais ce dernier ne l’aimant pas, il sombre dans un chagrin d’amour dévorant, c’est là qu’il rencontre Nowaki, un jeune homme plein d’entrain et d’affection qui tombe subitement amoureux de lui. Cette histoire est la plus complexe du point de vue de l’analyse des sentiments selon moi. Elle est très bien traitée. Quand se rend-on compte que la relation décline ? que l’autre ne nous regarde plus, comment regagner son estime durablement ? elle identifie certain problème de communication que nous connaissons tous et nous met face à eux, en tant que témoin, mais des remises en questions s’imposent également.
Enfin « Junjou terrorist » L’histoire de Miyagi, collègue d’Hiroki, fraîchement divorcé, qui va devenir la proie du harcèlement d’Hiroki, jeune frère de son ex femme, amoureux de lui depuis 3ans déjà, et qui est bien décidé à se faire aimer de lui. Miyagi d’abord rétissent, va puiser dans son passé douloureux sentimentalement, pour comprendre Hiroki, et finalement épouser progressivement ses sentiments envers lui. Ici la problématique est celle de l’amour impossible : tant dans la distance sociale, que professionnelle, tant dans les préférences sexuelles que l’age des amants.
Graphiquement, les rênes sont tenues par Kikuchi Yoko (Rumbling heart, Noir, Requiem for the phantom), et comme prévu ça marche plutôt bien.
Les garçons ne sont pas efféminés, ils sont dessinés de manière très triangulaire : visage anguleux, larges épaules, œil ténébreux et mature, grandes mains protectrices pour les hommes dominants souvent plus agés, et physique adolescent sans être chétif, avec de grands yeux dynamiques pour les vraiment plus jeunes, bref les fantasmes physiques sont marqués, les préférences sont esquissées mais pas exagérés.
Au niveau de l’opening j’ai franchement un gros doute. Je n’ai pas trouvé que ni la musique, ni la foison de fleur et d’image clichées n’était spécialement adaptée. En fait la musique agresse les oreilles, elle est brusque, c’est sûrement un de ces rock-bands qui se déchaîne immodérément sur leurs pauvres instruments innocents.
Je n’ai pas bien entendu le second opening, pas envie et pareil pour les endings, que j’ai sauté dès que j’ai vu qu’ils étaient introduits par de gros nounours.
En résumé, sus aux clichés ! Junjou Romantica peut être vu et apprécié par –presque- tous le monde, a partir du moment ou vous appréciez les histoires romantiques -sans toutefois être niaises-.
Junjou romantica est un très bon divertissement, une de ces séries que l’on regarde épisode après épisode, insatiablement. Junjou a aussi cette qualité rare que peu de série légère ont, celle de nous faire nous rendre compte de certaines failles abordées par les personnages.
C’est une série excellente mais malheureusement elle ne compte que deux saisons, tout espoir d’une raison 3 abandonné, à savourer donc, lentement…