Kagari Atsuko à l'école des sorcières

» Critique de l'anime Little Witch Academia (TV) par Pitucho le
28 Juin 2017

Petite surprise de la saison d'hiver, l'année démarre dans la magie avec Little Witch Academia. Je ne cache pas que mon regard a été attiré par la petite mention "Trigger" sur la fiche de l'anime. Comme beaucoup de monde, le nom de ce studio ne m'évoquait qu'une seule série en tête, celle de Kill la Kill. Je suis ravi de pouvoir dire que dorénavant le chiffre est porté à deux. Je n'aurais plus, en entendant le nom de ce studio, l'imagination immédiate d'une paire d'élastiques bien tendus si vous voyez de quoi je parle.

Au lieu de cela, j'invite à l'imagination d'un large sourire sur le visage de Kagari Atsuko. Surnommée Akko, elle est une fervente admiratrice de Shiny Chariot, une sorcière qui faisait par le passé des spectacles de magie. Elle a pour rêve de devenir une sorcière talentueuse à l'image de son idole pour un jour inspirer autour d'elle joie et bonheur. Pour cela, elle se rend à l'académie des sorcières de Luna Nova quelques années plus tard. Ne descendant pas d'une lignée magique, ni possédant de talent naturel pour la matière, Akko entame une dure scolarité au côté de ses compagnons Lotte et Sucy au plus profond d'un monde de plus en plus abandonné par la société moderne. Et c'est le cas de le dire, c'est le début de folles aventures!

Divertissant pour petits et grands, l'anime me paraît au premier abord très enfantin. De ce que j'ai vu, l'anime se démarque du grand nombre de séries produites actuellement par un dessin cartoon et une animation déjantée. Ce style permet d'illustrer avec facilité de nombreuses expressions et, en l'occurrence, d'afficher particulièrement les traits de personnalité de notre personnage principal. Étant hyperactive, fougueuse, trépidante, joyeuse et rêveuse, Akko est une pile électrique sur pattes qui est incapable de résister à sa curiosité. Au lieu de respecter le règlement de l'école et de se plier aux coutumes, elle taille sa propre route à toute allure, relève tous les défis dans ses élans, et explore avec enthousiasme le monde magique, y compris les lieux les plus dangereux malgré les avertissements. Et nous, nous la suivons de ce même pas.

Hormis Akko, les autres personnages, bien souvent embarqués dans ses folies, sont clairement identifiables par leur personnalité très typique. Aucune complexité n'est recherchée. Répond à l'appel la gentille et dévoreuse de novels Lotte, la lugubre et amicale Sucy, la silencieuse et inventive Constanze, la rebelle Amanda, la gourmande Jasminka, et la populaire et brillante fille de bonne famille Diana et ses deux hautaines d'acolytes Hannah et Barbara. Il ne faut pas oublier non plus la professeur Ursula qui soutient les progrès d'Akko en magie et court à sa rescousse quand celle-ci dépasse les bornes.

Le choix de la production a été celui d'une trame épisodique. J'entends par là qu'à chaque épisode, nous est présenté une aventure de rires, de gags, de folies et de temps à autre de passages plus émotionnels. Les deux premiers épisodes laissent pourtant présager un développement scénaristique régulier au cours desquels la gaminerie est déjà présente. Mais il n'en est rien, ce qui m'a déçu. En effet, au lieu de profiter de l'ambiance pour dynamiser la progression du scénario, Trigger a fait l'un sans l'autre. Bien que les situations défilent à toute vitesse, le fil rouge est en standby pendant une grande partie de la série.

Des éléments sont pourtant amenés au cours des épisodes offrant des avancées scénaristiques. Mais une fois dépassées, elles retombent aussi platement qu'elles sont venues. Vite fait, vite oublié, l'ambiance de la série est alors devenue plus une fin en soi qu'un atout de l'ensemble, de quoi se détendre un soir chaque semaine pendant 20 minutes de pitreries. Et il faut se le dire, ça marche! Je compte bien 4 épisodes où j'en avais presque les larmes aux yeux. Malheureusement, c'est un peu déséquilibré à mon goût. Tandis que des épisodes sont prenants par leur hilarité, d'autres tendent à la rigueur à devenir ennuyants.

La trame prend une tournure différente à la mi-saison. Le fil rouge ressurgit venant nous rappeler qu'Akko a littéralement dans les mains un instrument capable de changer le monde. Il s'agit d'un sceptre magique trouvé par Akko le premier épisode et qui a appartenu à Chariot. Il lui revient la mission de retrouver les 7 formules qui permettent d'activer son pouvoir.

Cette seconde partie à l'avantage de fournir du contenu scénaristique mais présente inéluctablement l'inconvénient de nous mettre les pieds dans la soupe. J'ai l'impression dérangeante que ce léger revirement tue un peu l'esprit de la série tel qu'il a été établi précédemment. Little Witch Academia a trop fait attendre. À mes yeux, elle était devenue une série sans but qui raconte le quotidien farfelu de trois jeunes sorcières menant leur vie nonchalante et faisant l'école buissonnière.

Le pari prend tout de même. Premièrement parce que je l'attendais tout simplement. Deuxièmement, parce que j'ai vu l'intrigue ainsi développée comme un nouveau moteur prometteur de la série. Nouveau personnage, révélations et scènes d'actions avec une petite touche de spectaculaire sont les meilleurs moyens de captiver l'audimat et de relancer la machine.
Je constate malgré tout que globalement la série ne sort pas trop de ses tranchées. Elle suit simplement la même voie, en reprenant ce qu'elle avait laissée mijoter sur le feu au départ, alternant entre avancées et freinées rapides. Le choix d'une trame épisodique est maintenu avant les derniers épisodes qui apportent le dénouement final.

La narration est assez chaotique. Chaque épisode laisse planer la question de savoir si quelque chose sera oui ou non sérieusement développé. Il est senti d'ailleurs que l'histoire peine à trouver une opposition. Je n'identifiais comme obstacle à Akko que sa difficulté à apprendre la magie. Au lieu de cela, il n'y avait rien, ce qui correspondait très bien d'ailleurs à l'orientation prise durant la première partie de la série, tel qu'expliqué plus haut.

Le vrai obstacle n'apparaît que tardivement en la personne d'un antagoniste qui ne porte pas trop son rôle. Trop mystérieux, ses réelles prétentions sont inconnues, son apport en lien à l'objectif d'Akko est incertain, et ses actes m'ont été diffus et incompréhensibles. Parlant enfance, il me fait penser au Docteur Gang d'Inspecteur Gadget qui fait ses expériences avec un pantin inconscient de ce qui lui arrive afin d'arriver à un but aussi vague que la conquête du monde. Blague à part, tout ne prend sens qu'à la fin devant une explication de ses motivations qui me donne une opinion négative de la psychologie du personnage. Il semble représenter ironiquement le déséquilibre de la série entre ses deux moitiés car il ne sait pas lui même où il va. Mais bon, l'important est d'y croire.

Justement! En somme, la série porte un beau message, dilué tout au long de la série, qui permet de clore en beauté : la véritable magie est notre force à croire en nos rêves. Il n'y a rien d'extraordinaire mais la douceur à laquelle nous invite la série est bienvenue, sans oublier que Little Witch Academia n'a pas prétendu à chercher bien loin. Peut être que je me trompe sur la lecture qu'il serait possible de faire entre les lignes mais n'étant pas d'une très grande sagacité pour ce genre de choses, je n'ai rien à dire. Pour cela, sans trop miser sur ce cheval, je conseille la chevauchée. Elle sera dépaysante et agréable.

Fin du devoir sur table. Je lui accorde la mention assez bien.
Tu peux souffler, tu as eu ton année.

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Pitucho, inscrit depuis le 20/02/2016.
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