L’Académie Hyakkaô est en pleine tourmente ; l’arrivée de Yumeko Jabami et ses exploits contre les membres du Conseil des élèves ont bouleversé l’ordre établi. La présidente Kirari Momobami, soucieuse de réaffirmer son autorité, décide de dissoudre le Conseil et d’organiser des élections anticipées. Cependant la démocratie n’existe pas à Hyakkaô ; c’est la loi du plus fort qui prime. Chaque étudiant se voit attribuer un droit de vote, qu’il peut mettre en jeu pour en gagner plus. Au bout de trente jours, celui ou celle qui aura amassé le plus de votes sera élu.
Les choses se compliquent davantage lorsque plusieurs membres du Clan Momobami se font transférer à Hyakkaô juste au moment de l’élection. En effet, si un des membres du Clan parvient à prendre la place de Kirari, il ou elle aura le contrôle total du Clan et par extension dominera la classe dirigeante du Japon. Et parmi ces membres lointains du Clan se trouve une certaine Yumeko Jabami…
La première saison de l’adaptation de Kakegurui fut diffusée en 2017 et remporta un certain succès, même si le fait que son dernier épisode fut une création originale de l’anime semble prouver que le studio n’était pas sûr de pouvoir continuer. Heureusement la suite eut bien lieu, car cette deuxième saison est probablement meilleure que la première.
En effet, cette saison résout les principaux défauts de l'anime, même si un de ces défauts n’est pas tant lié à la série qu’à son public. Pour la plupart d’entre nous la référence des séries de gambling est Gyakkyo Burai Kaiji, dans laquelle un paria tente de s’extraire de sa condition sociale en jouant sa vie dans des jeux qu’il perd systématiquement. Kakegurui a également pour thème le gambling mais il s’en sert pour raconter quelque chose de différent, ce que bon nombre de spectateurs n’ont pas saisi sur le moment moi y compris. Dans Kakegurui, les personnages jouent aussi pour maintenir leur condition sociale, mais ils se servent de leur influence pour truquer les jeux et assurer leur victoire. Le personnage de Yumeko Jabami, qui est addict au jeu, cherche pour sa part à remettre les joueurs sur un pied d’égalité car cela rend le jeu plus excitant pour elle. Dans Kaiji le personnage perd tout le temps car le jeu est une métaphore de sa condition sociale ; dans Kakegurui le personnage gagne tout le temps car c’est la seule qui joue pour de vrai.
Une fois que l’on comprend cela (et il a fallu que je lise l’analyse d’un expert avant de le comprendre moi-même) l’anime devient bien plus intéressant à regarder – un intérêt qui culmine dans les épisodes 07-08 qui sont parmi les plus intelligents qu’un anime ait proposé en 2019. L’autre apport de cette deuxième saison est l’arrivée d’un arc narratif avec des enjeux forts ; cette élection qui englobe toute l’intrigue et met en opposition pratiquement tous les personnages de la série, y compris la dizaine de nouveaux venus. Il s’agit ni plus ni moins que d’un arc "tournoi" tel qu’on pourrait le trouver dans un shônen de combat, sauf qu’il s’agirait plutôt ici d’un battle royale où tous les coups sont permis ce qui est d’autant plus stimulant.
La série conserve ses qualités techniques et visuelles, l'outrance de la mise en scène à base de gros plans sur des rictus difformes ayant été conservée bien que nettement atténuée. Au mieux on retiendra ce plan sur Yumeko qui vérifie avec bonheur la présence de son passe Navigo dans la poche de sa veste, c’est toujours chiant quand on l’oublie après faut acheter un ticket et tout. On s’étonne en revanche de voir que chaque insert sur la main d’un personnage (pour distribuer ou mélanger des cartes, poser des jetons etc.) est réalisé en CG. C’est incroyable qu’en 2019 un studio tel que MAPPA qui est probablement le meilleur studio d’animation actuel soit incapable d’animer ce genre de détail, ça en dit long sur l’état de l’industrie.
Kakegurui est un excellent divertissement et cette deuxième saison ne fait que le confirmer. Le seul véritable problème de cet anime ce n’est pas sa qualité mais sa quantité ; douze pauvres épisodes c’est pas suffisant, lorsque l’on a affaire à un truc aussi bon on en veut plus. Tout comme les jeux d’argent, les bons animes peuvent rapidement rendre accro.