Qu’on se le dise, Rurôni Kenshin Tsuioku Hen est une œuvre à part entière. Et une œuvre qui mérite largement le détour
Voici là une production qui n’a rien d’exceptionnel dans son contexte. En effet combien de fois avons-nous, pauvres amateurs passionnés de telle ou telle série, voulu approfondir nos connaissances, voulu creuser les méandres des productions nous ayant intrigués ? Combien de fois ne nous sommes pas trouvé haletant devant le dernier OAV de DBZ qui allait enfin nous fournir cette *ù¤}* de fin que nous attendions tous. Combien de fois avons-nous espéré, avant de nous trouver nez à nez avec les pires productions inimaginable qui arrivent à faire s’unir des prix exorbitants avec la nullité absolue ?
Toujours est-il que nombre de fois ce cas s’est présenté à moi, et malheureusement ce vieil adage commercial de l’OAV- non non non monsieur assure le vendeur du Jap-shop- daubesque c’est toujours avéré exact. Donc je ne veux pas vous dire à quel point je suis parti à reculons dans l’univers de Rurôni Kenshin Tsuioku Hen, sachant que malgré le fait qu’il s’agisse de l’introduction de Kenshin le Vagabond (et non pas la fin, c’est vrai qu’ils nous massacrent souvent des introductions de ce type également, ces créateurs fous d’OAV), je n’était pas emballé outre mesure par mes échecs précédent.
Il est amusant de constater par ailleurs que c’est souvent lorsque l’on attend le moins d’une série que celle-ci s’avère vous toucher plus que l’on aurait attendu. Bref j’ai été charmé par l’histoire de notre grand samouraï à la cicatrice.
L’histoire (je tiens par ailleurs à préciser que je n’ai que lu les manga mais non pas vu la série) originale fixée sur papier par Watsuki Nobuhiro -qui est loin d’être une référence me concernant – reprend les « débuts » d’assassins de notre amis Kenshin. Les débuts ou notre héros appartenait au coté obscure de la force qui tue (même dans un but pacifique). On est loin du Kenshin tel que l’on peut le connaître dans la version papier, bonhomme pacificateur, que même après avoir entendu un discours de lui, le plus féroce dragon se mettrait à ronronner en découvrant un nouveau monde plein de fleur, de gens barbus à la guitare, aux lunettes rondes….oups je m’égare. Toujours est-il que ces OAV vont reprendre le passé de Kenshin de son entraînement jusqu’à l’instauration de la nouvelle ère japonaise,
Redevenons sérieux. Après tout cette série le mérite réellement. Ce Kenshin est tout bonnement admirablement bien rendu en version animée. Tout d’abord saluons l’audace du studio graphique qui à pris sur soi de ne pas utiliser le charadesign original avec les nez si caractéristiques de « Kenshin », et d’avoir décidé d’épurer le dessin un maximum. Le kenshin qui nous est présenté, jeune adolescent, à tout du tueur implacable, que ce soit dans ses regards, ou bien encore dans la chorégraphie de ses mouvements.
Une chorégraphie au demeurant d’un esthétisme frôlant la perfection lors des scènes de combats. C’est bien simple, nous assistons là à un spectacle chorégraphique, où le sabre guide chaque danseur. Les mouvements paraissent d’un réalisme et d’une violence qui nous rendrait presque mal à l’aise. Cependant il ne s’agit pas que de mouvements de guerres, mais aussi des scènes grandioses, comme nous l’offre le 4eme OAV avec la marche de Kenshin dans la montagne, trait de génie des dessinateurs qui font dégager de ces scènes une puissance poétique remarquable. Enfin bien entendu, le personnage de Tomoe dispose également d’une palette d’actions, de postures , d’attitudes scéniques qui nous montre bien qu’il s’agit là délibérément de nous offrir un spectacle à part entière.
L’histoire donc, va essentiellement se centraliser sur deux axes, l’un traitant de l’assassin Kenshin, et l’autre de la relation Kenshin Tomoe. Que ce soit dans l’un ou l’autre, le challenge est réussi, on reste scotché. Scotché aussi bien par la froideur du jeune adolescent, scotché par le personnage énigmatique , tout en retenue de Tomoe, touché enfin par l’évolution des sentiments que l’un et l’autre éprouvent. Toutefois Battosai l’assassin habite Kenshin, et celui là même ne peut s’en débarrasser. Sous le poids d’une idéologie qu’il ne peut abandonner en plein vol, il sème autour de lui la mort. Et c’est cette mort qu’il provoque qui va sans cesse lui être renvoyée en retour de ses actes.
Nous avons ici un thème assez simple avec l’évolution personnelle d’un assassin au contact de la gent féminine, mais non traité de manière infantile. Ce qui est un soulagement car ainsi, l’on peut tout à fait regarder l’ensemble des OAV Kenshin Tsuioku Hen comme ce qu’il est vraiment : un film féodale épique traitant de noblesse d’esprit, de beaux sentiments, d’héroïsme… sans risquer le ridicule.
Plusieurs points sont à relever. Premièrement ces OAV sont (très) violents, les scènes de sabres usant force hémoglobines, mais n’omettant pas les scènes de tranchage, de perforage. Ce procédé pourrait paraître extrême mais dans un sens il contribue à rendre la série terriblement dure et oppressante. En clair il ne s’agit là aucunement d‘une violence qui serait infligée gratuitement.
D’autres points méritent aussi d’être soulignés. Tout d’abord, la musique transporte l’animé. Elle lui confère ce surplus de beauté dans certaines scènes, tout en étant au final d’une assez grande pudeur, elle s’est totalement dévouée aux images qu’elle « raconte ». Toutefois je crains qu’elle ne perde beaucoup de son charme enivrant hors contexte. A noter également un doublage tout à fait correct, nous épargnant les voix caricaturale, en respectant la ligne de conduite du départ : pas de démesure.
La qualité graphique de ce quasi-film mérite aussi que l’on s’en occupe un instant. La production est vielle de 8 ans et il serait mentir que de dire que cela ne se voit pas. Cependant quelle finesse dans le trait. Quelle finesse des mains, quel travail réalisé sur les décors, sur les personnages, sur l’animation…Bref quel travail de qualité finalement pour une série qui laissait en supposer bien moins compte tenu du style du Tomoe créateur du personnage de Kenshin et de la série qui l’entour.
Je terminerais d’ailleurs par là. Malheureusement Kenshin Tsuioku Hen n’est pas à mettre à toutes les mains. Car, bien que bénéficiant d’un scénario de qualité, il n’en reste pas moins que celui-ci est fortement ancré dans l’histoire féodale Japonaise mais également, dans l’histoire même de « Kenshin le Vagabond ». Le risque est grand de ne pas saisir bon nombre d’élément concernant ces OAV, ce qui serait dommage. Pour ma part, lire le manga m’aura au moins permis de ne pas être largué niveau histoire. Je ne saurais que trop donc conseiller à vous autre de faire de même.
Pour finir, que dire de plus finalement. Cette heure et ces quarante minutes, auront pour moi été un plaisir pupillaire intensif, un plaisir des sens que rarement j’ai eu l’occasion de ressentir à la vision d’équivalent japonais.
Venez donc vous imprégner de cette ambiance sanguino-epiquo-dramatique, vous ne le regretterez pas !