Kingsglaive Final Fantasy XV – This Is A Fantasy Based On Mediocrity

» Critique de l'anime Kingsglaive : Final Fantasy XV par Deluxe Fan le
01 Septembre 2016
Kingsglaive : Final Fantasy XV - Screenshot #1

Si vous traînez dans les mêmes coins de l’Internet que moi, il y a de fortes chances que vous ayez entendu parler de Final Fantasy XV, un petit jeu sans grande ambition prévu pour sortir le 29 novembre prochain – sauf nouveau retard de dernière minute. Le dernier né de la célèbre saga de RPG est attendu avec pas mal d’attentes de la part des joueurs et des médias, et encore plus par les actionnaires de Square-Enix qui espèrent récupérer au moins une partie des fonds colossaux qui ont été engloutis dans un projet dont les racines remontent à presque dix ans, et qui a eu le temps de voir le genre tout entier du JRPG passer de phénomène générationnel à usine à navets pour otakus.

Dans une tentative désespérée du créer de la hype autour d’un jeu qui se profile de plus en plus comme un Titanic vidéoludique, Square-Enix a mis ses studios de cinéma(tiques) au travail pour pondre un long métrage intitulé Kingsglaive, qui servira de hors-d’œuvre pour introduire le public à l’univers si vaste, si complexe et si intriguant de FFXV. Du moins, c’est ce qu’ils aimeraient que l’on croie après avoir vu le film.

Kingsglaive : Final Fantasy XV - Screenshot #2L’histoire se déroule dans le monde d’Eos, où deux nations concurrentes se font la guerre depuis des générations. L’empire de Nilfheim dispose d’une grande puissance militaire grâce à une armée de robots Magitek, tandis que le royaume de Lucis possède un cristal magique unique au monde qui lui sert à protéger son territoire. En effet, la capitale de Lucis est entourée d’un champ protecteur qui empêche les armées de Nilfheim de pénétrer au cœur du palais royal ; mais les territoires autour sont d’ores et déjà perdus et dévastés. Les derniers combattants de Lucis sont une escouade d’élite appelées Kingsglaive, qui reçoit ses ordres directement du roi Régis et qui partagent avec lui ses pouvoirs magiques. Des pouvoirs qui leurs seront bien utiles pour protéger la ville lors d’ultimes négociations de paix, qui se tiennent en présence de l’empereur Idola et de la princesse Lunafreya

Kingsglaive : Final Fantasy XV - Screenshot #3L’idée de faire un film directement un lien avec l’histoire d’un jeu vidéo n’est pas nouvelle, y compris pour Square-Enix ; on se souvient de Advent Children, le long-métrage assez pourri qui faisait suite à Final Fantasy VII. C’est d’ailleurs le même réalisateur Takeshi Nozue aux manettes, à la différence que cette fois il ne s’agit pas de raconter une histoire dans le monde d’un jeu connu de tous, mais au contraire d’installer un univers nouveau pour un jeu à paraître. Il y a donc non seulement l’objectif de faire un bon film, mais en plus de faire une publicité efficace pour le jeu. Autant dire que sur les deux tableaux, je n’ai pas été spécialement convaincu.

Commençons par la partie technique. Comme Advent Children en son temps, Kingsglaive est entièrement réalisé en CG, un domaine dans lequel Square-Enix est connu pour son expertise depuis les premières consoles 64 bit. Que les choses soient claires, je suis contre les CG qui servent aux studios à remplacer à moindre coût le talent des animateurs traditionnels – c’est pour ça que je n’aime pas les productions de Polygon Pictures par exemple. En revanche je suis client des films qui sont pensés en CG et qui s’en servent pour apporter quelque chose en termes de mise en scène. C’est le cas de Kingsglaive, qui est souvent très impressionnant que ce soit dans les décors, ou dans les scènes d’action qui voient les personnages se téléporter façon Naruto ou alors invoquer des kaijus et autres géants pour des combats à échelle monumentale. A vrai dire, si vous êtes simplement en quête de divertissement à grand spectacle, vous pouvez vous arrêter là et regarder Kingsglaive sans trop de problèmes. Ou alors, vous allez faire comme moi et faire pause toutes les deux minutes pour encaisser la médiocrité du scénario proposé.

Kingsglaive : Final Fantasy XV - Screenshot #4Parce que oui, ce scénario est d’une profonde stupidité. Peut-être pas pour un jeu vidéo, mais certainement pour un film. Il est absolument certain que les évènements racontés dans le film devaient être inclus de base dans la narration du jeu (certaines scènes du film sont identiques à celles du fameux trailer de l'E3 2013) mais ont été retirés pour une raison ou pour une autre, car l’histoire du film n’a aucun intérêt en elle-même. Les personnages principaux de l’escouade Kingsgaive sont nazes, leurs actions et leurs dilemmes n’ont pas la moindre influence sur le reste de l’histoire et servent juste à étirer sur deux heures un film dont l’intrigue tient sur un post-it. Même en termes de world-building, le travail est très mauvais car les points les plus cruciaux de l’univers sont exposés en trois minutes chrono en début de film, tandis que le reste n’est que très vaguement abordé voire survolé, sans doute là aussi pour garder la surprise pour ceux qui joueront à FFXV dans trois mois.

Mais ce que m’a le plus choqué dans Kingsglaive, ce sont les dialogues. Je ne pensais pas qu’en 2016 il soit possible de sortir un film avec des dialogues aussi catastrophiquement mauvais, du genre "Le pouvoir n'appartient pas à ceux qui le cherchent, mais à ceux qui le méritent" ou "Je n'ai pas peur de la mort, j'ai peur de ne rien faire et de tout perdre !". C'est d'autant plus dommage que le casting n’a pas fait le boulot à moitié en engageant des stars hollywoodiennes au doublage telles que Aaron Paul (Jesse de Breaking Bad), Lena Headey (Cersei de Game of Thrones), et même Sean Bean dans le rôle du roi, ce qui est en soi un spoil. Mais même les meilleurs acteurs ne peuvent faire des miracles avec une écriture aussi lamentable, dans laquelle le personnage principal est surnommé « héros » par ses camarades sans aucune raison à part pour rappeler au spectateur que c’est bien lui le héros, au cas où on aurait pas compris. Les dialogues ont toujours été selon moi la faiblesse principale des animes japonais, mais dans un film en CG photoréaliste tourné en langue anglaise, ce qui fait le charme des animes 2D devient le fossoyeur du cinéma de qualité.

On ne peut pas dire que Kingsglaive est un échec, car c’est pas comme si on avait de grandes attentes artistiques de la part d’un spot publicitaire - je plaisante à peine tant le film est blindé de placements produits. Mais si l’écriture et la dramaturgie de ce film sont à l’aune de ce que l’on trouvera dans FFXV, je ne suis pas certain qu’on tienne là le soi-disant renouveau du JRPG. Et puis de toute façon, tout le monde sait que Persona 5 sera meilleur.

En guise de note je souhaitais mettre un 15/10 (parce que c'est Final Fantasy XV après tout) mais comme ce n'est pas possible je devrais me contenter de 5/10. J'espère que les fans ne m'en voudront pas.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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